En animation ou en stop motion, bourrés de post prod ou en plan-séquence, drôles ou extrêmement sérieux, les clips sont devenus le support privilégié de la musique à l’heure d’internet. On fait le bilan de la créativité dans le secteur ces derniers mois, avec quelques tendances à la une.
25. Danny Brown Ain’t It Funny
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Surprise : c’est Jonah Hill qu’on retrouve à la réalisation de ce clip de Danny Brown. L’idée est de parodier les sitcoms early 90’s avec un peu d’humour noir, voire trash – bref, de nous faire sourire en faisant gicler du sang sur les murs.
24. Grimes Venus Fly feat. Janelle Monáe
Grimes est une passeuse de plats. Elle invente dans la pop ce qui jusque-là évoluait surtout dans les marges, dans les communautés, dans les sous-cultures. Et comme elle réalise elle-même ses clips, elle traduit en direct sa musique futuriste. Nouvel exemple ici, où Grimes s’aventure dans l’esthétique cosplay qu’elle mêle à celle de la PC music.
23. James Blake My Willing Heart
Petit événement au moment de la sortie de ce clip pour James Blake : la réalisatrice Anna Rose Holmer a mis en scène Natalie Portman enceinte à quelques jours de son accouchement. (Elle a donné naissance à une fille le 22 février dernier.) Le tout se déroule dans un noir et blanc qui va bien au morceau de James Blake, toujours aussi chic. De quoi se faire une opinion facilement sur les bêtises qu’on a pu lire sur internet suite à la publication du clip.
https://www.youtube.com/watch?v=otYHF8jaLjw
22. Shy Luv Shock Horror feat. Jones
Jolie performance visuelle signée Bif.
21. Jain Dynabeat
Si vous n’avez pas encore retenu ce double nom, Greg & Lio, c’est le moment ou jamais pour briller en société pendant les fêtes. Les mecs font maintenant partie des stars montantes du clip en France, notamment grâce à des clips comme celui de Dynabeat, le tube de Jain, dans lequel ils mettent en scène la jeune musicienne dans une quantité folle de situations et de bidouillages de post prod. Pour Jain, ils avaient déjà signé Come et Makeba. C’est donc une belle collaboration qui se poursuit.
20. Futuro Pelo Bluff feat. Agnès Aokky
La nouvelle signature Pain Surprises a démarré fort avec ce clip en stop motion signé Le Silo, duo formé par Alexis Facca et Tom Joye. Ils livrent une petite prouesse technique et esthétique autour d’un personnage en papier, Mr Bouche, qui se retrouve au centre d’un clip aussi beau qu’original.
19. Travis Scott Butterfly Effect
Les délires post-internet à base de collages et de glitch ont atteint un pic l’année dernière, notamment avec le Yamborghini High d’A$AP Mob. Cette année, ça se calme un peu mais certains poussent le vice à un autre niveau d’aberration géniale : avec Butterfly Effect, Travis Scott et le duo de réals BRTHR se lancent dans des visions cauchemardesques ultra saturées, flottantes, saccadées. Le résultat est une certaine définition esthétique de l’époque.
18. Lana Del Rey Love
Il y aura toujours des trolls hargneux pour se moquer de Lana Del Rey, ne pas comprendre son ironie et considérer, par un mauvais esprit dépassé, que les chansons d’amour c’est trop nul, bouh. A ces trolls hargneux, Lana a répondu avec le clip de Love, dont le grain à effet rétrofuturiste et les plans surréalistes (notamment ceux dans l’espace) sont une des plus jolies choses qu’on a pu voir sur les internets cette année. C’est signé Rich Lee.
17. Father John Misty Things It Would Have Been Helpful To Know Before The Revolution
Dans cette protest song postmoderne, Father John Misty exprime les déambulations mentales d’un mec perdu dans un monde en train de péricliter. C’est donc logiquement que dans le clip, on suit un personnage tristounet ramassant des iPhone sur des cadavres, lesquels jonchent le sol d’un monde post-apocalyptique où les cafards font la teuf. Le tout est réalisé en stop motion par Chris Hopewell (déjà responsable du Burn The Witch de Radiohead), et comme toujours avec Father John Misty, ça relève autant de la farce que du moment de grâce. A noter que Father John Misty est de moins en moins ironique et qu’il a mis une poignée de figurines du clip aux enchères sur eBay. Les fonds récoltés ont été reversés à l’ONG Environmental Defense Fund.
16. Dua Lipa New Rules
Une choré, des couleurs pastel, un gros tube pop : au premier abord, rien de très original dans le New Rules de Dua Lipa. Mais la qualité de la réalisation, du stylisme et de la mise en scène, ainsi que le casting 100% féminin mêlé au message d’empowerment qui va avec, font de ce clip d’Henry Scholfield un des moments incontournables de l’année. Une année où les femmes ont instauré de « nouvelles règles », effectivement.
15. Francis and the Lights May I Have This Dance (remix) feat. Chance the Rapper
Dans la lignée de son clip avec Kanye West et Bon Iver l’année dernière, Francis And The Lights revient avec le même réal, Jake Schreier, pour un plan-séquence minimaliste et plutôt inspiré. On y voit Chance The Rapper danser (un peu) comme Christine And The Queens, puis Francis le rejoindre pour une petite choré synchro. C’est simple. C’est beau.
14. Bonobo No Reason feat. Nick Murphy
C’est une des dernières performances d’Oscar Hudson, « meilleur nouveau réal » aux UK Music Video Awards 2016. Le clip illustre le No Reason de Bonobo et Nick Murphy dans une sorte de plongée dans l’intime, dans l’habitude, dans l’angoisse aussi. Le tout avec une mini-caméra et sans effets spéciaux, pour une totale sensation de vortex.
13. Clairo Pretty Girl
Le clip devant sa web cam, qu’il soit très bien foutu (comme chez Yaeji) ou complètement DIY, qu’il reprenne les codes des youtubeurs (comme chez Aamourocean) ou qu’il se contente d’enchainer les banalités, est devenu un genre en soi. Clairo fait partie de l’axe DIY/banalités et son clip de Pretty Girl, en dépassant les 5 millions de vues par simple viralité, fera désormais office de manifeste. Elle dit avoir réalisé le clip en 30 min, et on la croit volontiers. La réussite tient à ce petit quelque chose d’imperceptible, à cette grâce pas prévue, et bien sûr à la magie naïve de cette égérie de la bedroom pop qu’est en train de devenir Clairo.
12. Kendrick Lamar ELEMENT.
DAMN est l’album de l’année, et les clips qui l’ont accompagné y sont peut-être pour quelque chose. Celui de Jonas Lindstroem pour ELEMENT. est un pur moment de dinguerie visuelle, et ce n’est même pas le meilleur de Kendrick cette année. Attention spoiler : il y en a un autre dans la suite de ce classement.
11. SOPHIE It’s Okay To Cry
Pour qui a suivi l’aventure PC Music, SOPHIE n’est pas vraiment une découverte. On ne retrouve toutefois rien de sa musique conceptuelle ici : pour la première fois, iel se met en scène dans un clip et chante sans se cacher derrière les expérimentations. C’est toujours très sophistiqué mais It’s Okay To Cry est une « vraie chanson », avec un « vrai clip ». Ce dernier est un simple face cam avec un simple fond vert. C’est, aussi, un énorme statement esthétique : démerdez-vous avec ça, semble nous dire SOPHIE.
10. La Femme S.S.D
Ça commence comme un clip crado et potache typique de La Femme et ça termine en truc extrêmement malin, genre parodie de polar 70’s sur fond de disco hystérique. Le tout avec un montage en montée de drogue, un Sacha plus drôle que jamais et une apparition de Jacques quand on entend le mot « vortex ». Sans oublier ce morceau, S.S.D, beaucoup plus fou qu’il n’en a l’air à la première écoute.
9. Taylor Swift Look What You Made Me Do
Difficile de résumer toutes les histoires (de clash, notamment) autour du clip de Look What You Made Me Do, mais pas la peine d’être la ou le biographe de Taylor Swift pour comprendre le niveau de folie que Joseph Kahn traduit en images ici. Les mises en scène sont dignes d’un blockbuster et celle, plus précisément, des différentes Taylor autour de la Taylor actuelle, c’est carrément digne de Kanye West. C’est dire.
8. Orelsan Basique
Greg & Lio, encore eux, mais cette fois au service d’Orelsan pour Basique, morceau avec lequel il a lancé son nouvel album (qui a cartonné depuis). L’idée est simple, Orelsan le dit d’ailleurs lui-même, voilà : un plan séquence, un travelling arrière, un drone et hop, ça fait un gros clip. A noter que Greg & Lio, toujours pour Orelsan, ont également signé le clip de Tout va bien récemment. Un gros machin dans le même genre.
7. Fergie Love Is Blind
Gros lol avec ce clip en stop motion de Chris Ullens pour Fergie. On suit l’avatar de la star en train de se baigner, de trainer chez elle et… de tuer sauvagement des hommes. C’est plein d’idées assez trash et, du coup, assez jouissives.
6. Myth Syzer Le Code feat. Bonnie Banane, Ichon et Muddy Monk
Chef-d’œuvre de love song postmoderne, Le Code trouve son exact équivalent visuel avec le duo Julia & Vincent. On y retrouve Myth Syzer, Bonnie Banane, Ichon et Muddy Monk dans des postures délicieuses, à la fois romantiques et absurdes au plus haut point. Si vous vous demandiez comment esthétiser un lave-auto ou la confection d’un sandwich, c’est ici que ça se passe. Merci pour ce moment.
5. Kendrick Lamar Humble
Gros level de zinzinerie dans ce clip de Dave Meyers pour le Humble de Kendrick Lamar : grosses phases de mises en scène, grosses idées visuelles, gros plans fixes surréalistes, gros plans-séquences chelou, grosse 360 et grosse pression de Kendrick sur la concurrence cette année.
4. Charli XCX Boys
Comme pouvait le suggérer le titre du morceau, Charli XCX a invité un paquet de mecs à se mettre en scène dans son clip. Sauf que surprise, le casting de guests grimpe de seconde en seconde. Vous pouvez vous amuser à reconnaitre vos it boys préférés, ou bien tricher en checkant la liste ci-dessous. (Elle n’est pas exhaustive, il y en a trop.) On retrouve notamment Wiz Khalifa, Mac DeMarco, Will.I.Am, Kaytranada, Ezra Koenig (de Vampire Weekend), D.R.A.M., Aminé, Rostam, Ty Dolla $ign, Stormzy, Riz Ahmed, Joe Jonas, Chromeo, Flume, Joey Bada$$, Josh Ostrovsky (aka The Fat Jewish) Diplo, Carl Barat (des Libertines), Charlie Puth, Denzel Curry, Brendon Urie (de Panic! at the Disco), Mark Ronson, Jack Antonoff, Tommy Cash… Le tout dans un clip déjà culte, que Charli XCX réalise elle-même.
3. Jay-Z The Story of O.J.
Double claque avec le morceau The Story of O.J. et son clip, que Jay-Z a supervisé avec Mark Romanek. L’ensemble fait dans le statement sur la condition des Noirs américains et, au passage, se paye une animation incroyable, bourrée de références aux vieux cartoons racistes et à l’histoire des Etats-Unis sur la question. Du clip engagé, intelligent et superbement mis en images. C’est la méga classe.
2. The Blaze Territory
Après celui de Virile l’année dernière, déjà un peu dans ce genre d’émotions et de subtilités, The Blaze a donné des news avec le clip de Territory, que le groupe (Jonathan et Guillaume Alric pour l’état civil) a supervisé lui-même. Pour beaucoup de gens, ça restera une des grosses sensations de l’année.
1. Young Thug Wyclef Jean
Ce génie de Young Thug ne se pointe pas le jour du tournage mais l’équipe du réal Ryan Staake, un autre génie, continue sans lui avant de tout raconter à l’image : voilà le pitch du clip le plus intelligent et drôle de l’année – et de loin. Au-delà de la blague, ce clip prouve aussi que l’originalité est infinie dans le monde du clip (clin d’oeil aux fans de fumigènes et de road trips dans le désert) et qu’il suffit de se creuser un peu les méninges pour sortir des merveilles comme Wyclef Jean.
Maxime de Abreu
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