Dans le répertoire foisonnant de Christophe, choisir est un jeu de poker menteur. Voici une sélection forcément subjective de 15 chansons inoubliables par le dernier des Bevilacqua.
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01. Aline (1965)
Second 45 tours et premier hit national, composé et écrit par Christophe, jeune chanteur blond d’à peine 20 ans. Même écouté des centaines de fois et épuisé jusqu’au dernier sillon, Aline garde ce charme instantané avec sa tournerie imparable et son texte imagé : “J’avais dessiné / Sur le sable / Son doux visage / Qui me souriait. » Un tube intergénérationnel entré dans la mémoire collective française depuis un demi-siècle, auquel Alain Bashung rendra un hommage appuyé avec… Alcaline en 1989.
02. Les Marionnettes (1965)
Après avoir donné le tempo de l’été 1965, Christophe double la mise avec un deuxième tube consécutif, dont il signe paroles et musique. Une mélodie irrésistible, un texte circassien et des arrangements yéyé font des Marionnettes un standard instantané.
03. The Girl from Salina (1970)
Un titre extrait de la bande originale cultissime du film de Georges Lautner, La Route de Salina. Christophe compose cette chanson à la fois baroque et solaire, sublime et psychédélique comme si The Beach Boys et Pink Floyd avaient hanté les Studios Ferber.
04. Les Paradis perdus (1973)
Chef-d’œuvre absolu d’un Christophe à peine trentenaire trouvant chez un parolier encore inconnu, Jean-Michel Jarre, son alter ego lexical le portraiturant en “dandy un peu maudit”. Sept minutes réparties en deux temps, entre une ballade pop brinquebalante et un finale rock réverbéré. Du très grand art.
05. Les Mots bleus (1974)
Autre classique intemporel de la paire royale Jarre/Christophe, Les Mots bleus compose la plus belle chanson triste des années 1970 en France, au même titre que Le Bal des Laze de Polnareff pour les sixties. Au passage, le chanteur moustachu livre une clef pour les prochaines énigmes : “Parler me semble ridicule.”
06. Daisy (1976)
Entre deux albums, Samouraï (1976) et Le Beau bizarre (1978), Christophe retrouve la plume de Jean-Michel Jarre sur cette ballade sirupeuse en forme de “mélodrame” avec “de vieux acteurs italiens”, le tout accompagné par le groupe Bahamas et illustré par une pochette pas piquée des hannetons.
https://youtu.be/VQhONr_iIK4
07. La Dolce Vita (1977)
Peut-être la quintessence italianisante d’un jouisseur noctambule se prenant autant pour “Ben-hur conduisant d’une main” que pour un latin lover “au revers de (son) smoking blanc cassé”. Madeleine de Proust, La Dolce vita connaîtra, trente ans plus tard, une deuxième vie sous les traits barbus de Sébastien Tellier.
08. Minuit Boul’vard (1980)
Derrière la pochette kitschissime de Pas vu pas pris se cache l’un des incontournables du répertoire live de Christophe, qui n’habitait pas encore boulevard du Montparnasse. Un slow sentimental typique du son eighties (saxophone compris), évoquant, sous la plume de son beau-frère Alain Kan, “la dame blanche d’insomnie”.
09. Cœur défiguré (1983)
Aux antipodes de Minuit boul’vard, Christophe et Alain Kan se prennent pour Alan Vega et Martin Rev sur cette face B ovniesque de Succès fou, à mi-chemin entre EBM et protopunk. A (re)découvrir d’urgence.
10. Chiqué chiqué (1988)
“Chiqué chiqué / C’est du faux, pas du vrai.” Ritournelle méconnue de l’année 1988 avant l’éclipse christophienne et aux paroles signées Pierre Grillet (Patrick Juvet, Alain Bashung), elle est reprise sur le deuxième album de Dominique A (Si je connais Harry, 1993), dans une version chavirante.
https://youtu.be/6nSpSj2QOpg
11. Le Tourne-Cœur (1996)
Sur l’album du come-back après une longue éclipse discographique, l’adorateur d’Enzo fait tourner cette entêtante mélodie sur fond de synthpop envapée : “Et dans ce tourbillon fragile / Je redeviens le tourne-cœur / Prometteur d’avenir.” Sans le savoir, Christophe s’offre trois décennies fantasmagoriques.
12. Elle dit, elle dit, elle dit… (2001)
En ouverture du disque, cette météorite venue d’ailleurs, avec la voix spectrale et androgyne de Christophe susurrant quelques mots que personne d’autre ne pourrait écrire ni habiter ainsi : “Elle dit, elle dit, elle dit… / Elle dit / Parfois des grosses conneries.”
13. Mal comme (2008)
Dans l’ambitieux mais parfois surchargé Aimer ce que nous sommes, fusionnant toutes les obsessions musicales, cinématographiques et poétiques de son compositeur nyctalope, le frissonnant Mal comme en constitue la pierre angulaire, qualifiée par Christophe de “frôlements magiques de la vie”.
14. Océan d’amour (2016)
Parmi les sommets de son ultime album studio, Les Vestiges du chaos (2016), figure cette bouleversante ballade atmosphérique, dont les paroles coécrites avec la chanteuse Laurie Darmon prennent un autre reflet depuis la mort du dernier des Bevilacqua à Brest, loin de ses attaches parisiennes : “Le courant t’emporte / J’ai beau te serrer fort / La vie s’acharne encore.” Impossible de réécouter Océan d’amour sans verser une larme.
15. Tangerine en duo avec Alan Vega (2016)
Vingt ans exactement après Rencontre à l’as Vega, nouveau rendez-vous au sommet entre le leader possédé de Suicide et l’un des plus fervents admirateurs du tandem avant-gardiste new-yorkais. Un duo habité aux airs de tube electro-rock qui paraît quelques mois seulement avant la mort d’Alan Vega, le 16 juillet 2016, et leurs retrouvailles désormais célestes.
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