La mariée était en noir. Opéra, théâtre d’ombres chinois et rythmes populaires du cirque se retrouvent autour d’un livret inédit de Jean Cocteau. Eté 1922 : le jeune Cocteau écrit un livret d’opéra “interprétation moderne” d’après un drame annamite tiré du Chuyen-Ky, le livre des légendes. Francis Poulenc, qui composera Le Gendarme incompris, […]
La mariée était en noir. Opéra, théâtre d’ombres chinois et rythmes populaires du cirque se retrouvent autour d’un livret inédit de Jean Cocteau.
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Eté 1922 : le jeune Cocteau écrit un livret d’opéra « interprétation moderne » d’après un drame annamite tiré du Chuyen-Ky, le livre des légendes. Francis Poulenc, qui composera Le Gendarme incompris, La Voix humaine et La Dame de Monte-Carlo sur des paroles de Cocteau, est pressenti pour la musique… et Georges Auric promet à l’écrivain une partition, qui ne fut jamais écrite. L’Epouse… a dû attendre soixante-douze ans pour qu’enfin Jacques Nichet propose à Valérie Stéphan d’en composer la musique, en mettant sur scène, selon le vœu de Cocteau, des marionnettes aux côtés des chanteurs. Elève de la prestigieuse Julliard School américaine, Stéphan a travaillé à New York comme arrangeur et compositeur pour le cinéma et la télévision. « C’était plus pour moi une manière d’apprendre un métier que la recherche d’un style. On me demandait par exemple quelque chose « comme Mozart, mais pas trop triste et pas trop lent ». Sans être pour autant haïssable, il faut intégrer que cette musique est un produit, sans rapport avec vous… » De retour en France en 1989, elle mêle ses influences américaines, Steve Reich, Philip Glass et John Adams (pour qui elle compose Music on delivery) à l’enseignement d’Olivier Messiaen, rencontré lors d’un stage à Villeneuve-lès-Avignon : « Pour composer la musique de L’Epouse injustement soupçonnée, je me suis laissée guider par le rythme de l’écriture de Cocteau. Les phrases sont courtes, les situations rapides, le texte limpide, je ne voulais pas le charger d’une musique compliquée car il me paraît primordial que l’on entende parfaitement la voix du poète. » Pour la création de L’Epouse… à Montpellier en janvier 95, Stéphan s’est librement inspirée de l’ambiance foraine en vogue dans le milieu artistique des années 20, celui du Bœuf sur le toit, du Bestiaire, des Mariés de la tour Eiffel et du Bal masqué. Elle trousse sa partition du souffle d’un accordéon s’encanaillant sur des rythmes populaires, de l’harmonie soyeuse du sax, du trombone, de la clarinette et de la gamme élargie du piano associé aux percussions, revisitant un Orient imaginaire. Nichet a conçu une mise en scène simple et belle, jouant avec l’ombre projetée des montreurs de marionnettes, qui devient l’égale des chanteurs, et un personnage à la Tati, « l’aide-machiniste » et son bazar ambulant.
L’Epouse injustement soupçonnée, Opéra de poche de Valérie Stéphan sur un livret de Jean Cocteau. Mise en scène Jacques Nichet, Ensemble instrumental, direction Graham Michael Lilly
Franck Mallet
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