Michael Stipe, Kurt Vile, Thurston Moore ou St. Vincent, entre autres, revisitent le fameux album à la banane. Chaudement recommandé.
On a beau avoir écouté ces morceaux des centaines de fois, dans leur version originale ou repris par leurs innombrables descendants, on attendait avec une certaine curiosité ce nouveau tribute consacré à The Velvet Underground & Nico. Il suffit de jeter un œil aux forces en présence pour savoir que l’on va passer un excellent moment, sans nostalgie poussiéreuse. Chapeauté par le regretté Hal Willner, dont ce fut l’un des derniers projets, I’ll Be Your Mirror rassemble un casting mixte impeccable, la crème de la scène rock alternative d’hier (Iggy Pop, Michael Stipe, Thurston Moore…) et d’aujourd’hui (Kurt Vile, Sharon Van Etten, Fontaines D.C., Courtney Barnett, Matt Berninger…).
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À sa sortie, en 1967, le premier album de la bande à Lou Reed a été une sublime anomalie, tournée vers la noirceur et l’ambiguïté plutôt que vers les refrains hippies de l’époque. Comment transposer en 2021 une œuvre composée il y a plus de cinq décennies ? C’est très simple : le Velvet Underground avait un songwriting si moderne que ni les paroles ni la musique n’ont pris la moindre ride.
Ces onze morceaux nous parlent aussi clairement que s’ils dataient de l’an dernier et ils collent parfaitement aux artistes qui les interprètent. Sunday Morning semble avoir été écrit tout spécialement pour le timbre intense de Michael Stipe, Run Run Run s’imbrique parfaitement dans les longues plages psyché-rock du répertoire de Kurt Vile, The Black Angel’s Death Song se télétransporte dans un pub dublinois en compagnie des fougueux Fontaines D.C. et I’m Waiting for the Man a l’air de provenir du disque solo ombrageux de Matt Berninger – le leader de The National l’a d’ailleurs intégré à ses concerts en solitaire depuis plusieurs années.
Les titres interprétés par Nico ont été confiés à des femmes de choc : l’androgyne Courtney Barnett, dont le chant en spoken word fait plutôt penser à Lou Reed sur sa version acoustique de I’ll Be Your Mirror, la tête chercheuse St. Vincent qui pousse toujours plus loin l’expérimentation sur All Tomorrow’s Parties, ou encore la majestueuse Sharon Van Etten sur Femme Fatale, rejointe aux chœurs par son amie Angel Olsen – ce binôme atteint des sommets de tendresse et de volupté. D’autres alliances s’avèrent aussi convaincantes, en particulier le tandem Thurston Moore/Bobby Gillespie sur Heroin. Un hommage inspiré à un album culte.
I’ll Be Your Mirror (Verve/Virgin Records/Universal). Sortie le 24 septembre.
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