Avant son passage attendu à Paris le 29 mars (Centre Pompidou), le duo new-yorkais Fischerspooner est à voir en Real Video avec le clip de son hit Emerge.
Ne partez pas en courant. C’est vrai, on va vous parler de Fischerspooner, sûrement l’une des formations les plus agaçantes actuellement en activité sur la planète terre. Un duo qui donne l’impression de se reposer sur le même tube depuis deux ans, un album sorti l’an dernier retombé aussi vite que le soufflet au fromage de ma grand-mère, un look de têtes à claques à faire passer Steve Strange ou Boy George pour des moines trappistes, un live en play-back aux Transmusicales de Rennes (édition 2000) proche du catastrophique
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Et pourtant, plusieurs raisons poussent à revêtir la robe d’avocat de la défense de Warren Fischer et de Casey Spooner (Fischer + Spooner = Fischerspooner, ok ?) :
1°) Le son Fischerspooner
Contrairement à de nombreux revivalistes qui sévissent actuellement (et pas seulement dans l’électro, suivez mon regard’), Fischerspooner ne singe pas, Fischerspooner ne copie pas. Sa disco minimale se nourrit autant auprès d’une légende de la techno telle que Felix Da Housecat que dans les claps disco d’un Georgio Moroder. Preuve supplémentaire du talent des deux bonhommes, leur formule dépasse allègrement la cap du single pour tenir la route sur la longueur d’un album. Et sur un deuxième album demande-t-on perfidement à ma droite ?
2°) Un tube planétaire
Qui peut se vanter d’avoir produit un titre (Emerge est son nom) capable de réconcilier The Face ET le NME, les catwalks des défilés de mode de Milan, le public de la fête de la bière de Munich, les bars de pêcheurs du Conquet, les vestiaires des Girondins de Bordeaux et les bars à eau de Tokyo ? J’exagère à peine.
3°) Le bon goût
Reprendre le séminal groupe post-punk anglais Wire, c’était malin mais très risqué. Avec sa relecture de The 15th, Fischerspooner a non seulement démontré qu’il connaissait ses bons classiques, mais également qu’il pouvait adapter une fantastique pop-song à son univers électronique en ne dénaturant en rien toute la magie de sa mélodie. Que tous ceux qui ne connaissent pas Wire aillent faire un tour sur un bon moteur de recherche (mots-clés pour les albums : Pink Flag, 154 et Chairs Missing, essentiellement), ils ont mon autorisation. S’ils reviennent après, bien sûr.
4°) Les services rendus à la musique
Lançons le vilain mot : l’electro-clash. C’est un peu à Fischerspooner que l’on doit l’émergence (hé hé) de ce courant fourre-tout dans lequel se sont retrouvés associés des artistes qui n’avaient finalement que bien peu de choses en commun. Si ce n’est d’être parfois signé sur le label munichois International Deejay Gigolo de DJ Hell : Miss Kittin & The Hacker, Dopplereffekt, Crossover, Vitalic’ On citera aussi des collègues américains comme Adult ou A.R.E. Weapons, le Canadien Tiga, mais déjà les noms cités n’ont pas grand chose à voir entre eux. Et pourquoi pas les filles énervées : Le Tigre, Chicks On Speed ? Et Peaches ?
Oublions tout. L’electro-clash, c’est le retour aux synthés mais avec une mèche à la Nicola Sirkis, point final. Ecoutons donc tous les bons disques qui arrivent.
5°) La nostalgie
Parce qu’on était jeunes quand Soft Cell reprenait Tainted Love avec nettement plus de danger et de vice dans la voix que Marilyn Manson, parce qu’on ne peut pas s’empêcher de s’exciter à l’annonce du retour de DAF (Deutsche Amerikanische Freundschaft, oui, c’est bien d’eux dont il s’agit), parce que Nitzer Ebb ou Kas Product assuraient autant que The Juan McLean et Playgroup en des temps autrement plus difficiles pour les formations électroniques, parce qu’on voudrait bien savoir quand des nouvelles de Gary Numan vont arriver par le courrier etc. Et que Kraftwerk peut revenir à Paris et remplir Bercy pendant une semaine, on y sera tous les soirs.
5°) Give Fischerspooner a chance
La réécoute du premier album de Fischerspooner qui vient d’être tout juste réédité donne envie d’approcher les zigotos de près et de leur faire repasser l’oral de l’épreuve du live avec coefficient 10 à la musique et 0 au look.
Fischerspooner en concert au Centre Pompidou (Grande Salle) le 29 mars à 20h.
A voir en Real Video le clip d’Emerge. Avec l’aimable autorisation de Virgin / Capitol
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