Retour de l’électronicienne surdouée avec un album âpre, machiniste et sombre. Et si c’était ça, la fin du monde ? Critique.
On n’attend jamais réellement un retour de Leila, la tête chercheuse, la songeuse libre, l’électronicienne surdouée, la copine de Björk, l’une des perles du label Warp, responsable d’un premier album révolutionnaire (Like Weather en 1998). On n’attend jamais réellement son retour : on sait qu’elle est là, toujours, quelque part dans les limbes, à penser à l’avenir, à lui confectionner des cocons, à lui imaginer des formes.
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Celles de U&I, en grande partie coécrit et chanté par un autre très doué, le Berlino-Américain Mt. Sims, ne ressemblent une fois de plus pas à grand-chose de connu, et certainement pas à celles de ses prédécesseurs plus colorés. La princesse, c’est son habitude, sa raison d’être, a su une nouvelle fois renouveler le vocabulaire classique des machines, la mécanique électronique et les géométries synthétiques, en leur jetant au visage une belle dose d’acide et de bile, en prenant leurs mauvais airs aux abysses, en s’aventurant dans le noir. U&I est un disque corrosif, dur, anguleux, âpre, sombre. Une œuvre belle et désolée, un avant-goût de fin du monde organique.
U&I incarne les rêves tordus d’un microprocesseur râlant ses derniers bits, ce qui se passerait si les ordinateurs entraient en rébellion contre l’âme humaine. Il est le discours sauvage, radical, punk, que tiendrait une carte-mère si on lui octroyait la conscience. De ces cendres postapocalyptiques (Welcome to Your Life, turbulente et obsédante), entre deux mantras obscurs (la très carrée Activate I, la minimale et folle (Disappointed Cloud) Anyway), émergent pourtant, parfois, quelques rayons plus chauds (la magnifique Eight, le très efficace minitube discoïde Boudica), d’ultimes traces d’humanité : la beauté choquante de la destruction totale et celle, fascinante, de la renaissance. Dans un ordre inédit.
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