Legend of the liquid sword

L’une des fines lames du Wu-Tang Clan, Genius ? ou GZA (le son que fait son nom scratché sur une platine) ? revient remonté à bloc avec un quatrième album solo résolument East Coast. L’aîné du Wu-Tang ? et sans doute le plus sous-estimé ? ressasse sa métaphore du combat, sa dialectique guerrière : on applaudit respectueusement, mais Genius ne révolutionne rien, plantant dès le début un décor ensuite immuable. Un élève shaolin conte donc ici la légende de ses maîtres sur fond de cordes asiatiques. GZA, le lascar de Brooklyn, pille et torpille les films de kung-fu ou les petits bijoux soul seventies, des pinners à Curtis Mayfield (Knock, Knock ; Animal Planet).

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Un manteau bien chaud de violons, pianos et cuivres enveloppe le flow plus apaisé du maître de la rime underground, qui prend le contrôle de son album tout en déléguant allègrement les productions (Arabian « Q-Base » Knight, DJ Muggs, Jaz-O ou son cousin RZA).La mafia de Staten Island, base arrière du Wu-Tang, est également invitée (Ghostface Killah, RZA, Masta Killa, Inspectah Deck), à l’exception d’Ol’ Dirty Bastard, ce vieux cousin sans doute plus en affaires avec la police qu’avec la famille. Mais si l’on hoche la tête et remue du bassin sur Stay in Line, les trémolos s’envolent vite et laissent place à la baston. Les shaolin MC’s entrent en scène, sortent les sabres et rappent à la mitraillette : les rythmes se font terriblement efficaces, les beats lourds, agressifs, les basses écrasantes. Les morceaux deviennent alors prévisibles, formatés, réglementaires : dommage que Genius, la tête dans le cinéma, n’ait pas réussi à échapper à son cahier des charges, à un scénario trop linéaire pour un tel cascadeur.