En France et aux Etats-Unis, le vinyle connaît une importante hausse des ventes ces dernières années. Mais les chiffres montrent que le disque microsillon n’est encore qu’une goutte d’eau dans l’océan de l’industrie musicale.
L’industrie musicale américaine est bouleversée : jamais depuis la création d’iTunes en 2003, la vente de musique dématérialisée n’avait connu une baisse. Selon Nielsen Soundscan, qui suit le marché des produits musicaux outre-atlantique, les ventes de chansons digitales auraient baissé de 5,7% en un an (passant de 1,34 milliards de chansons vendues à 1,26 milliards en 2013). Des chiffres qui s’expliquent notamment par le succès des plateformes de streaming.
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Une baisse que connait aussi le support CD (14,5% de ventes en moins par rapport à 2012). Seule la vente des vinyles continue d’augmenter, et ce depuis 2007 comme le montre le graphique ci-dessus (+32% en 2013 aux Etats-Unis).
Des valeurs absolues qui restent faibles
En France, 329 000 vinyles étaient vendus en 2012 contre seulement 15 000 en 2007. Des chiffres à relativiser puisque les disques microsillons ne représentaient que 0,4% des ventes de musique en 2012 en France (aux Etats-Unis, sur la vente totale d’albums en 2013, 2% étaient des vinyles).
Thomas Changeur, fondateur de la boutique et du label Balades Sonores, constate aussi ce regain d’intérêt pour le 33 tours :
« Les gens apprécient le digital pour le confort et le moindre coût. Mais ils se tournent vers les vinyles pour la conservation, ils en achètent moins que du numérique, à cause du prix, mais ils favorisent la qualité à la quantité.
On a trois types de clients pour les vinyles. D’abord il y a les amateurs et pointus qui ont toujours été fans du 33 tours. Il y a aussi ceux qui reviennent, les gens qui ont entre 40 et 50 ans, qui s’étaient débarrassé de leurs vinyles pour le CD, et qui regrettent. Et enfin, des jeunes, des lycéens qui se mettent naturellement aux vinyles, c’est étonnant, mais je trouve ça très bien. »
Un phénomène qui dépasse la simple mode du vintage, le public apprécie l’objet pour sa qualité de son, et la beauté de ses pochettes. A une époque où l’on stocke toute sa discothèque sur de fragiles disques durs, le vinyle peut assurer une sécurité dans la conservation et l’héritage des goûts musicaux.
Des prix en augmentation
Jean-Baptiste Guillot, fondateur de Born Bad Records, avoue avoir axé sa production sur le vinyle dès l’ouverture de son label.
« Je suis un label de vinyles, le reste je le fais sans en avoir rien à foutre. On faisait du CD juste pour faire la marge qu’on perdait sur les vinyles. Ma politique de prix reste basse, mes vinyles ils sont à 13-14 euros. » Des prix qui ne cessent pourtant pas d’augmenter, un disque microsillon pouvant coûter jusqu’à 35 euros. Jean-Baptiste Guillot regrette cette attirance soudaine et intéressée de certains labels :
« Dans le rock tout le monde a toujours écouté des vinyles. Aujourd’hui ce sont les autres musiques qui s’y mettent. C’est une espèce de brèche dans laquelle les majors se faufilent pour compenser la chute du CD. Ils ressortent n’importe quelle discographie de groupe anecdotique pourvu qu’ils puissent en vendre un peu. En se goinfrant comme des porcs, ils risquent de casser toute l’euphorie qu’il y a depuis quelques années autour du 33 tours. »
Il le reconnait pourtant, son label bénéficie de cette euphorie. « Ca s’améliore pour mes ventes ces dernières années, mais je sais que ça va s’essouffler. Je connais des gens qui limitent leurs achats. Quand tu écoutes de la musique, la question du prix reste fondamentale, et au bout d’un moment il va y avoir saturation. »
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