Bonne nouvelle de chez les Normands : Steeple Remove joue un rock pas près de redescendre sur terre, gonflé à l’hélium et lesté de guitares aux hormones de croissance. Découvrez leur album, Radio Silence, en clip et en écoute avant leur concert parisien le 12 décembre au Nouveau Casino.
Concernant le Steeple Remove EP, sorti en 2005, on a souvent pu lire ici ou là que Les Normands faisaient dans le shoegazing, ce rock auto-dépréciatif (on n’a pas dit dépressif) qui, au lieu de regarder vers le ciel, marche à l’aveugle, les yeux rivés sur les godasses, mais se pare tout de même d’un wall of sound spectorien aux guitares dopées à la My Bloody Valentine. Or, si la distorsion est reine sur Radio Silence, le nouvel album de Steeple Remove, c’est qu’elle fait office d’écran, de ligne Maginot imaginaire entre soi et le monde.
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Steeple Remove a beau implorer à coup de guitares hachurées et de synthés en feedback que la radio se taise, une profusion d’informations venues du monde extérieur semble tourner en vase clos dans le cosmos de ce groupe rock qui, équilibriste, éthéré et explosif, voire bourrin, se débat pour ne pas imploser et parvient à couvrir un très large spectre sonore. A moins que le groupe ne considère que dans un monde où nos corps sont constamment traversés et agités ? de manière imperceptible et non pas inconséquente ? par des ondes radios ou émises par les téléphones mobiles, la paix intérieure, peut correspondre au brouillage, au nuage produit par la radio, par sa musique continue mais en perpétuel basculement d’une fréquence à l’autre. A cette aune, les chansons de Radio Silence passent de l’anglais au français et sont transpercées de thèmes mélodiques souvent imprévisibles, comme des trous noirs venant manger sur la matière astrale d’ensemble.
Tout ça pour dire qu’entrer dans le rock azimuté de Steeple Remove, c’est se loger dans une bulle à la gravité variable et capricieuse, tantôt en apesanteur, légère comme une île flottante (les trois minutes finales d’ambient interstellaire d’Hyperprism, précédées de gémissements féminins pour le moins pressants), tantôt heavy (le bien nommé Desorient Express). Si la musique de Radio Silence est si souvent associée aux stupéfiants, c’est peut-être plus dû à l’aspect claustrophobique de ses chansons qui se referment sur vous comme des mâchoires d’alligator, qu’à ses sonorités connotées krautrock, psychédélique, bande-son recommandable pour joyeux bad trip.
La tracklist de Radio Silence donne elle-même raison : Indoor Reptile, Hyperprism, Cathedrale, les titres qui se réfèrent à des lieux fermés sont ici légions : qu’on parle de bâtiment, d’un réseau sans limite, d’un prisme géant, d’un train désorienté, Steeple Remove fait tout pour vous aliéner, pour que vous fassiez fausse route, et que vous finissiez englué dans leur toile, quel que soit le sort qu’il vous réserve. On n’est donc pas vraiment surpris d’apprendre que les Normands ont fait la première partie d’un des meilleurs concerts en France de 2006 ? tout le monde vous le dira ?, celui de A Silver Mount Zion donné le 30 avril dernier à La Cigale. On leur souhaite d’y rejouer bientôt en tête d’affiche.
Pour vous faire découvrir la musique de Steeple Remove, lesinrocks.com vous propose de regarder le clip de Desorient express et d’écouter Gonzo gazing.
Steeple Remove sera le 12 décembre à Paris au Nouveau Casino, en compagnie d’autres agités de la guitare, I Love UFO.
Avec l’aimable autorisation de Third Side Records
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