Dérangé et possédé, le rock noir de six amazones de Brooklyn. Critique et extraits.
Rhizomes. C’est sexy comme titre d’album. On imagine déjà les suivants, “Tubercule” ou “Cotylédon”. D’un autre côté, les New- Yorkaises d’Effi Briest n’ont jamais brillé par leur racolage vis-à-vis d’un cirque industriel et médiatique qu’elles regardent avec dédain, stupeur ou hébétude.
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Avec beaucoup moins de talent, de personnalité et d’audace, d’autres Américaines plus flexibles, plus avenantes, ont fait carrière sur ces terres calcinées, désolées, escarpées. Mais mieux vaut ne pas compter sur ces six amazones et leurs chansons à peine mieux peignées pour rompre la glace : on se souvient encore du concert mal luné de ces sorcières de Brooklyn au Festival des Inrocks, où elles avaient, en une étrange cérémonie rituelle, convoqué les esprits maléfiques de Nico, de Patti Smith et des Slits.
En volant leur patronyme à l’héroïne tragique d’un roman allemand du XIXe, elles ne se s’imaginaient sans doute pas que l’Allemagne pénétrerait à ce point leur ADN : des rythmiques cinétiques de Can aux incantations exaltées d’Amon Düül, le krautrock a désormais pris possession de leurs corps frêles. Il les pousse vers la transe et vers des rites hostiles, pour une messe noire à laquelle on assiste, voyeur, aussi glacé que fasciné.
A la fin du récit de Theodor Fontane, Effi Briest meurt jeune, les nerfs à vif et le coeur exsangue. Par rapport aux chansons âpres et noires des New-Yorkaises, le roman finit bien, joyeusement.
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