En 2004, les Kings of Leon avaient coupé le souffle à plus d’un critique avec Aha Shake Heartbreak. Passée du côté obscur, la fratrie Followill livre aujourd’hui un troisième album divinement sombre, Because Of The Times, à découvrir en images et en musique sur lesinrocks.com.
Les Kings of Leon font le bonheur des journalistes de tout le pays tant les jeux de mots sur leur nom sont d’une évidente facilité. Combien sont ceux, qui comme moi, ont écumé leur liste personnelle d’expressions se rapportant aux félins (ou à la royauté, au choix) pour qualifier les quatre bambins de Nashville ? Certes, ils font « rugir de plaisir », ont « mangé du lion », et pourrait bien être les « rois de la jungle » ; mais parler des Kings of Leon, c’est avant tout raconter une belle histoire de famille, laquelle mérite d’ailleurs une présentation en bonne et due forme.
Au chant et à la guitare : Caleb Followill, ex-barbu repenti à la voix identifiable parmi cent autres. A la basse : Jared Followill, beau gosse de la troupe, clone de l’autre très séduisant Jared (Leto) et lionceau du groupe -le pauvre garçon ne peut pas encore boire de bière légalement dans son propre pays, c’est vous dire. A la batterie : Nathan Followill, l’aîné des frangins, sorte de Jésus sympa à lunettes. Et enfin, à la guitare : Matthew Followill poupon aux grosses joues qui a pour caractéristique principale d’être le cousin des trois premiers. Réunis dans un groupe, tout ce beau monde aurait pu se contenter de gratouiller la guitare de papa durant les interminables après-midi post-repas familial. Cela ne fût évidemment pas le cas.
Pourtant, les choses partaient plutôt mal pour les gaillards. Fils d’un pasteur itinérant, les frangins Followill ont passé le plus clair de leur temps sur les routes du Sud des Etats-Unis. En bons petits Américains, Caleb et Nathan font leurs armes comme chanteurs de country dans les rodéos du coin. Mais aux chemises à carreaux et autres pantalons à franges, les trois frères vont très vite préférer les blousons en cuir et les slims ultra moulants.
Installés durablement à Nashville après le divorce de leur parents, ils fondent les Kings of Leon avec leur cousin Matthew. Bien accueilli par les critiques, Youth And Young Manhood, premier diktat des quatre jeunes monarques, sort en 2003. A peine un an plus tard voit le jour Aha Shake Heartbreak, véritable boîte à bijoux remplie de précieux joyaux, tel que le sublime titre acoustique Milk. « Si Youth And Young Manhood était une fête, Aha Shake Heartbreak serait une bonne gueule de bois » avait déclaré à l’époque le clan Followill, habitué des allégories insolites.
Aujourd’hui, c’est avec Because Of The Times que les Kings of Leon reviennent. Et si on voulait continuer la métaphore des frérots, on dirait que ce troisième rejeton n’est autre que la parfaite synthèse des deux précédents albums du groupe, une beuverie qui se termine inévitablement la tête dans les toilettes -avec classe bien entendu. De gentils chatons poilus, les quatre Américains sont passés au stade de gros matous virils, de vrais mâles bourrés de testostérone. Sur ce nouvel album, les Kings of Leon jouent fort, très fort -séquelles visibles mais appréciables de leur tournée aux côtés de U2-, et peuvent désormais légitimement balancer à la tête du premier venu un Charmer tendu et incisif aussi racoleur qu’un club de strip-tease en plein c’ur d’Amsterdam. Because Of The Times -allusion pas vraiment dissimulée au rassemblement religieux annuel auquel Jared, Caleb et Nathan assistaient plus jeunes- peut se prévaloir de pouvoir à la fois déclencher de grosses bastons, et faire mouiller leur culotte aux filles du monde entier. De quoi faire s’insurger maman Followill qui n’aime pas beaucoup que ses fistons se dévergondent, pire, qu’ils glissent des gros mots dans leurs chansons. Contrairement à leur sainte mère, nous, on redemanderait bien une part de Followill débauché. Jared de préférence.
A l’occasion de la sortie de Because of the times et du futur concert du groupe le 26 juin au Bataclan parisien, lesinrocks.com vous propose de découvrir le clip de On call et d’écouter trois titres de l’album, Charmer, Black thumbnail et Knocked up.
Avec l’aimable autorisation de RCA