Bientôt de retour avec un second album, Carl Barât et sa clique se sont arrêtés au Palais de Tokyo à Paris pour un concert nerveux et élégant.
Après le douloureux divorce des Libertines en 2004, beaucoup avaient parié sur Pete Doherty, peu sur Carl Barât. A la une des tabloïds anglais depuis le début de sa relation chaotique avec Kate Moss, Doherty était assuré de faire salle comble à chaque nouveau concert de ses Babyshambles. Plus discret, Barât avait quant à lui disparu de la circulation, et on entendait ça et là certains dire que Carl n’était rien sans Doherty, que le poète du groupe, c’était Pete, et que sans lui, les Libertines n’avaient plus d’âme. Et pourtant, bien que difficilement remis de cette séparation, Barât a réussi à[attachment id=298] surprendre tout le monde en revenant sur le devant de la scène avec Dirty Pretty Things : ses Sales Jolies Choses avaient de quoi rivaliser avec les Petits Carnages de son ex-acolyte.
Bientôt de retour avec un second album enregistré à Los Angeles- on murmure qu’il devrait arriver en septembre- , c’est au Palais de Tokyo que les Dirty Pretty Things ont choisi de s’installer pour donner leur quatrième concert parisien, inaugurant ainsi, comme Sébastien Tellier la veille à Londres, la première édition de Stage Of The Art, nouveau rendez-vous mensuel musical franco-anglais. Sold out en quinze minutes, le concert est attendu par une flopée de fans transis, vêtus de chapeau en feutre, de cravate Dior et de slims étriqués. Beaucoup d’Anglais(es) ont fait le déplacement pour voir comment la France traitait leur petit prodige national. Et c’est après pas moins de trois premières parties, dont les sublimes Paris Motel et la jeune et jolie Laura Marling (mention spéciale à son hilarant batteur/homme-orchestre), que trois des quatre acolytes montent sur scène.
Visiblement heureux d’être là et d’être accueillis de la sorte (hurlements hystériques de rigueur), les trois compères entament le set mi-acoustique, mi-électrique par This is Where the Truth Begins, nouveau titre ronflant du prochain album, auquel succède, sans un mot, Hippy Son, autre nouveauté bourrée de testostérone sur laquelle la voix de branleur de Barât colle parfaitement. Puis, alors que les premiers rangs rebelles s’allument des clopes en cachette, suivent Plastic Hearts et la très belle The North durant laquelle Carl Barât s’éclipse pour laisser la vedette à son moustachu de bassiste, auteur du[attachment id=298] titre. Le set est rageur, mais on regrette quand même l’absence de la rythmique imparable de Gary Powell -lequel, passablement éméché, ne tarde finalement pas à littéralement bondir sur scène armé d’un tambourin sur Doctors and Dealers, prenant ainsi la place derrière le semblant de batterie présent ce soir là de Dennis Hopper Choppers, one-man-band de la première partie. Barât quitte son costume cintré, enlève son keffieh, remonte ses manches : maltraitant sa guitare sur laquelle on peut lire les mots « wasted youth », le Londonien tape du pied, secoue ses cheveux et encourage ses complices.
Jonglant entre anciens (The Enemy, Gin And Milk) et nouveaux titres (Come Closer, Faultlines), Dirty Pretty Things enchaîne les morceaux avec une frénésie remarquable, entièrement dédiée aux quelques cent cinquante personnes présentes dans la salle (qui aurait pu en contenir le double). Et contrairement au Trabendo, où les DPT avaient pratiquement joué autant de chansons des Libertines que des leurs, cette fois-ci, pas une trace des défunts Libertines, pas même de cris dans le public demandant un Death On The Stairs ou un Horrorshow.
Après un rappel, le concert se termine avec 9 Lives, sur laquelle Amy May de Paris Motel vient d’ailleurs jouer du violon, et la nerveuse Chinese Dogs. Carl Barât et ses Dirty Pretty Things ont trouvé la voie juste entre classe folle très british et brutalité punk. Les Dirty Pretty Things ont trouvé une véritable légitimité, et ne sont plus officiellement un passe-temps en attendant la (toujours très attendue pourtant) reformation des Libertines. On en redemande.