A l’occasion de la sortie de leur nouvel album, The needle was travelling, le duo allemand Tarwater répond à nos questions et vous propose de télécharger un titre de leur album en MP3 et d’écouter deux autres titres, dont un inédit.
A mi-chemin entre post-rock et electronica, entre la chaleur d’une écriture singulière et la froideur inhérente aux productions allemandes, la musique du duo Berlinois Tarwater a toujours fasciné par son ambivalence réjouissante.
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Formé par Bernd Jestram et Ronald Lippok, deux activistes de la scène musicale berlinoise (Lippock en particulier est connu pour sa participation au groupe To Rococo Rot), Tarwater a à son actif cinq albums, dont le petit nouveau The Needle was travelling, et n’a eu cesse, au cours de son existence, de multiplier les projets annexes (musique de films, illustration sonores pour le théâtre )
De retour trois ans après Dwellers on the threshold, le duo a entre temps changé de label, passant de Kitty Yo à Morr Music – deux des labels les plus emblématiques de la scène allemande – et propose avec The needle was travelling son oeuvre la plus aboutie à ce jour, jouant avec intelligence entre analogique et numérique.
Pour fêter ces retrouvailles musicales, lesinrocks.com sont allés poser quelques questions à Ronald et Bernd avant leur future tournée française qui passera le 2 avril à Amiens (festival Musiques de jazz et d’ailleurs), le 24 mai à Paris (Café de la Danse), le 25 à Rennes, le 26 Bordeaux, le 27 à Toulouse, le 28 à Nantes et le 4 juin à Reims (festival Electric City).
Pour agrémenter la lecture de cette interview, lesinrocks.com vous propose de télécharger au format MP3 le premier morceau de l’album, Across the dial, et de découvrir par l’écoute Seven of nine et un des deux inédits présents sur le pressage français de l’album, Pie in the sky (à découvrir en passant le curseur de la souris sur le bouton AUDIO/VIDEO en haut de page).
Comment étiez-vous au début de l’enregistrement de ce disque ?
Ronald Lippok : C’était l’hiver. Je ne sais pas pourquoi, mais nous avons toujours un bon état d’esprit pour enregistrer à cette époque, en particulier aux alentours de Noël. Les choses s’effacent ces jours-là, beaucoup de gens sont en vacances. C’était un bon point de départ, on était assez relax.
L’inspiration hivernale semble être plus sombre également, non ?
Ronald Lippok : C’est vrai. L’hiver à Berlin est très particulier, il peut être très déprimant.
Bernd Jestram : À Noël, ça va encore car l’hiver vient juste de commencer. Maintenant, ça commence à faire à faire long, il est temps que le printemps arrive !
Comment avez-vous travaillé cet album ? Avez-vous procédé de la même manière que pour les précédents ?
Ronald Lippok : On fait de la musique depuis assez longtemps et la base de notre travail est toujours la même, mais aujourd’hui on arrive à des résultats très différents. On a beaucoup improvisé comme pour les premiers albums de Tarwater. Les jam-sessions font parties de la création du son Tarwater. On essaie de ne pas tout planifier et surtout de ne pas se limiter à nous-même : on laisse beaucoup d’espace libre pour des choses externes.
Comment pouvez-vous expliquer que ces jam-sessions puissent apporter un changement aussi important dans votre musique ?
Ronald Lippok : Je ne sais pas. Je pense que c’est juste une question de la base d’un morceau. Commencer un morceau est très délicat parce que le début représente souvent le moment le plus important. Le premier stade de création est vraiment le plus important. On n’écrit pas nos chansons sur des instruments, de manière classique. Le studio est notre instrument, on commence donc toujours avec des sons, avec des samples. Les petits morceaux sonores sont là dès le début de la création. On fait toujours ça, mais on arrive désormais à des résultats très différents. Quand on réécoute nos vieux morceaux, on se dit que c’est fou le changement qu’on a apporté.
Vous invitez pas mal de personnes sur cet album. Comment s’est passé le travail avec ces personnes externes ? Comment s’est décidée l’orchestration ?
Ronald Lippok : On écrit la musique ensemble, tous les deux. Et on essayait de donner nos idées aux gens qu’on invitait.
Bernd Jestram : On commençait toujours sur de la matière préparée, excepté pour Dirk Dresselhas (Schneider TM). Nos sessions se passaient comme suit : tu rencontres quelqu’un dans un bar, vous échangez des idées. Il joue de cet instrument. Tu passes un jour l’écouter et tu lui demandes s’il a du temps la semaine prochaine. Et alors tu improvises quand il arrive dans le studio. Mais tu as bien sûr de la matière préparée, tu n’as plus qu’à apporter des idées légères et voir en quoi la jam peut être un plus. Pour Dirk Dresselhas, il nous a dit qu’il avait un super kit batterie électronique, et on lui a dit, ok on le fait. Pour ça, on a commencé de zéro. Mais le plus souvent, notre musique est plutôt une histoire d’accident.
Avez-vous dû tester vos bases avec beaucoup de monde pour aboutir à quelque chose ?
Bernd Jestram : On n’aime pas faire perdre du temps aux gens.
Oui, mais si ça ne sonne pas comme vous le voulez, il faut réessayer, non ?
Bernd Jestram : Si c’est bien organisé, ça marchera. Être accueillant, bien faire en sorte que les gens se sentent bien, ne pas trop parler, ne pas trop commander, les laisser libre de faire ce qu’ils veulent On arrive au final à des choses très intéressantes.
Ronald Lippok : C’est très important de prendre des risques. On veut que des gens travaillent avec nous, mais on a pas d’idées ultra précises de ce qu’on veut faire. Peut-être qu’on aura rien en mains en fin de journée. Mais des deux côtes, si tu décides de collaborer, tu dois prendre ce risque. Et les gens veulent prendre ce risque avec nous. Tous les gens qui sont sur le disque et tous ceux avec qui on a collaboré dans le passé étaient tous des gens conscients de l’expérience.
Vous devez avoir un grand nombre de morceaux inutilisés ?
Ronald Lippok : Oui, on a des titres qui ne sont pas sur l’album. Comme on a dit, parfois, c’est très intéressant et très jouable, mais parfois on va dans d’autres directions. Il y a aussi des morceaux sur ce disque dont on n’était pas sûr du tout. On se demandait même si certains titres n’allaient pas nuire à Tarwater, ça allait trop loin. Mais dans le fond, si tu ne prends aucun risque, ça ne sert à rien. On essaie aussi de s’amuser. L’auto-amusement est une partie très importante dans Tarwater, parce qu’on prend juste du bon temps à être en studio et à faire de la musique, à faire du son.
Où étiez-vous depuis le dernier album qui est sorti il y a deux ans ?
Ronald Lippok : On bossait sur le projet To Rococo Rot en studio à Berlin. On a fait des musiques de film. On aime le fait que Tarwater soit un groupe, mais aussi que Tarwater soit un groupe qui bosse avec d’autres personnes, du milieu cinématographique, théâtral, de la poésie C’est une part importante des choses que l’on fait. On a été très occupé ces dernières années, on n’a pas pris de vacances.
Je me souviens vous avoir vu sur scène. C’était un set plutôt intime avec juste vous deux et vos machines. Comment allez-vous penser la scène pour ces nouveaux morceaux avec tant d’intervenants ?
Ronald Lippok : Le truc, c’est qu’on a tout fait en studio malheureusement. Et on doit penser comment transposer ça sur scène. Il y a par exemple beaucoup de guitaristes sur cet album. Mais on n’a pas vraiment envie d’inviter des musiciens car le processus de création s’est fait en studio. On planche dessus en ce moment Pour le moment, on pense le faire à deux.
Vous avez choisi de faire une reprise de Babylonian Tower de Minimal Compact, pourquoi ?
Ronald Lippok : On adore ce groupe et surtout l’époque qu’il représente. Ce son des années 80 nous a beaucoup influencé et nous influence toujours d’ailleurs. Et puis Babylonian Tower est un superbe morceau.
On comprend alors mieux que vous ayez quitté Kitty-Yo pour Morr Music’
Ronald Lippok : On voulait juste changer. Ce n’est pas du tout un départ forcé ou à cause d’une mésentente. On a fait beaucoup de choses avec Kitty-Yo, il était de changer. Et puis, on connaît les mecs de Morr Music depuis longtemps et on savait qu’on allait vers une totale liberté de création. C’est le principal.
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