Too Much Space aurait pratiquement pu être un EP perdu de Neil Young. Il s’agit en fait des compositions d’un duo parisien, repéré entre autres par CQFD en début 2006. A découvrir en clip sur lesinrocks.com avant leur concert aux Inrocks Indie Club #15 le 15 février à Paris.
Ça dure treize minutes. Et c’est trop peu. Mais c’est une bonne excuse pour passer le EP 5 titres de Hey Hey My My en boucle, inlassablement. De mémoire, on avait pas ressenti cette même promesse folk, on avait pas été mis en haleine à ce point, depuis Maplewood (2000), le mini-album initial d’Ed Harcourt, suite de grandes chansons taillées avec les moyens du bord (une trompette, un banjo, un piano d’un autre âge, une vieille guitare Danelectro à micro unique, un simple magnéto quatre pistes pour emballer le tout…). De ces disque où un songwriter doit se changer en homme-orchestre qui invente des mini-man’uvres pour créer l’illusion d’un groupe virtuel, petit mais costaud.
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Très sobrement produit, mais aussi classieux et classique dans la qualité sonore, Too Much Space fait donc, encore à l’heure de MySpace, l’effet de l’amuse-gueule artisanal d’Harcourt, sans jamais faire pâle figure ou profil bas. Le nom du duo de Julien Garnier et Julien Gaulier, reprend à l’identique le titre de la glorieuse chanson de Neil Young ? rendue funèbre par la citation qu’en a fait Kurt Cobain dans sa lettre d’adieu datée d’avril 1994 : « It’s better to burn out than to fade away » (« mieux vaut brûler vif que s’éteindre à petit feu ») – sans renverser les codes du folk des années chéries de Crosby, Stills & Nash. Le son de Hey Hey My My (le groupe) est bien plus proche de la version acoustique de la chanson intitulée My My, Hey Hey, qui mettait les termes à l’envers, que de la version rock de l’album de Young de 1979 (Rust Never Sleeps), où le chanteur se voyait un peu dépassé par les événements (la révolution punk de 1977 et l’apparition de groupes proto-new wave comme Devo).
Sur Too Much Space, deux voix contrastées, dont l’une fluette, très haut perchée, cherche le mariage, l’harmonie, comme chez les Kings of Convenience, les Beatles ou même Girls in Hawaï. Les guitares électriques à la George Harrison sont en stéréo et en relief. Sur Celia ou Inside of Yours, des dérapages contrôlés viennent rappeler l’équilibre précaire et indolent de Pavement ? un groupe qui ne passait pas son temps à s’écouter faire des joliesses et qui endommageait même parfois ses propres morceaux.
Dans le clip de Too Much Space, les faux gémeaux Julien G. et Julien G. sont à cheval dans une forêt, filmés successivement en plan serré ou en plan élargi. Cette image du fier destrier pourrait être une manière de dire qu’on peut avoir une trentaine d’années et courir deux chevaux de bataille différents à la fois. Hey Hey My My flotte donc dans l’espace-son qui réunit la génération de Grandaddy et celle de Neil Young. Si ça se trouve, J.G. et J.G. ont été biberonnés au son des radios américaines west coast par des parents ex-babas, désormais fans des mélopées saines et sages de James Taylor. On les trouve aujourd’hui signés sur le label Sober & Gentle qui s’occupe aussi désormais de Cocoon, autre duo folk, mixte cette fois, gagnant de CQFD 2007.
En attendant leur concert aux Inrocks Indie Club à Paris le 15 février 2007, découvrez ici-même le clip de Too Much Space.
– www.myspace.com/heyheymymyband
– www.soberandgentle.com
Avec l’aimable autorisation de Sober & Gentle.
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