Pour fêter comme il se doit son anniversaire et à l’occasion de la sortie de notre hors-série The Clash.
Il y a presque 40 ans, le 8 avril 1977, sortait le tout premier album d’un des groupes mythique de punk londonien : The Clash. Un disque électrocutant et indispensable pour tout mélomane qui se respecte. A cette occasion, Les Inrocks consacrent un numéro hors-série inédit pour vibrer sur quatre décennies de punk mais aussi pour revenir sur leur parcours fulgurant. Et si vous n’avez pas encore foncé chez votre libraire pour l’acheter, on vous recommande chaudement notre playlist The Clash en 15 morceaux incontournables, ainsi que la chronique d’un de nos journalistes, Serge Kaganski, consacrant le premier opus des quatre Anglais. A lire ci-dessous.
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1977 : le rock vit l’une de ses dernières grandes secousses historiques, mais il ne le sait pas encore
Alors que New York vibre sous les décharges électriques ou poétiques des Ramones, Television, Talking Heads, Richard Hell et autres Heartbreakers, Londres hérisse les cheveux, déchire les T-shirts, sort les épingles à nourrice et pogote en molardant sur le voisin. Après plusieurs salves de singles détonants, dont le tellurique Anarchy in the UK des Pistols, The Clash sera le tout premier à dégainer un album. Enregistré rapido dans un studio merdique, avec du matos pourri, un batteur provisoire (Terry Chimes) et Strummer-Jones rejouant les fausses bagarres egotistes façon The Who, The Clash demeure l’album ultime du punk made in Britain, ayant incomparablement mieux vieilli que son cousin de promo Never Mind the Bollocks.
Défouraillées à la six-quatre-deux, les chansons sont quasiment toutes des classiques instantanés. Purs pains de dynamite (Janie Jones, White Riot, London’s Burning…), glaviot anti-impérialiste (I’m So Bored with the U.S.A.), chronique ordinaire d’une jeunesse dans l’impasse (Career Opportunities), autoportrait de groupe en forme d’hymne insurrectionnel (Garageland), fantastique réappropriation du reggae émergent (Police & Thieves), The Clash fait feu de tout bois, explose tous les vumètres et toutes les barrières mentales, sociales ou musicales. Incendié par la voix kérosène de Strummer qui expurge du sang, du gravier et quelques années de rage, ce chapelet de grenades au napalm sonne l’heure du réveil du rock, de l’appel aux armes d’une génération, de la solidarité entre tous les gueux et laissés-pour-compte de Londres et de l’Angleterre. Jeunes, chômeurs, glandeurs, drogués, squatteurs, Jamaïcains, rastaquouères, tous ont rendez-vous sous la bannière en feu de cet album.
Là où The Clash a vraiment fait la différence avec les Pistols en cette année 1977, c’est au son. Ces crétins de Pistols s’étaient fait surproduire par Chris Thomas, une huile des manettes à l’époque : résultat (nonobstant la qualité des morceaux et le phrasé inimitable de Rotten), Never Mind the Bollocks sonnait comme le disque d’un groupe de boogie graisseux lambda, carburait au binaire ordinaire. Rien de tel sur The Clash : à la fois chétives et coupantes, malingres et toxiques, les guitares hululent, grésillent, lacèrent les tympans… Avant écoute de ce disque qui attaque l’épiderme, prévoir le Mercurochrome et le vaccin antitétanique. Une fois paré, chargez le CD et poussez le volume à 11 : vous saurez alors à quoi ressemblait la fureur de vivre et d’en découdre à Londres en 1977, la dernière fois avant Nirvana où le rock à guitares électriques a quelque peu pesé sur le monde. The Clash, ou le son éternel de l’insoumission.
Découvrez notre hors série The Clash — 40 ans de punk en kiosque depuis le 24 février, et en vente sur la boutique en ligne des Inrocks.
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