Toujours aussi turbulents, les quatre Californiens castagnent leur punk-rock rageur tout en s’offrant par instants des inclinaisons funky.
Pour parler de son temps, les philosophes vous le diront, mieux vaut parfois s’en éloigner. Et ce concept, Fidlar semble l’avoir parfaitement assimilé : quatre ans après avoir défouraillé à tout-va sur des figures bien connues du spectre musical mondial (aux dernières nouvelles, Britney Spears, Eminem et Oasis sont toujours en PLS après avoir vu le clip de 40oz. On Repeat), les Californiens reviennent cracher leur mépris du monde moderne sur des riffs survoltés, branleurs, qui font mine de ne pas connaître l’Auto-Tune, le logiciel Ableton ou toute autre technique de composition actuelle.
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Noyer son spleen…
Sur Almost Free, Fidlar fait effectivement preuve d’une ambition beaucoup plus simple. Seuls comptent ici ce son mal coiffé, ces mélodies fougueuses et ces mots qui collent à la rugosité de leurs idées, débités avec une rage apte à engendrer une révolution qui, par la force des choses, ne sera pas télévisée. Parce que trop souterraine ou, sait-on jamais, trop radicale dans sa façon de poser un regard sur notre existence, la gentrification, la toute-puissance des grandes fortunes, l’absence de communication et sur cette vie qui semble terriblement fade lorsqu’elle n’est pas brûlée par les deux bouts, des litres de mauvais alcool dans le sang. On pourrait alors penser que ce goût pour la Cheap Beer, comme ils le chantaient sur leur premier album, n’est qu’une façon pour Fidlar de noyer son spleen, de soigner son désespoir de vivre.
…mais le plaisir avant tout
Ce serait oublier que Zac Carper et sa bande recherchent avant tout la notion de plaisir. Eux qui, loin de se reposer sur leurs acquis, ont donc choisi d’enregistrer ce troisième album entre Hollywood et le Texas, auprès de producteurs et arrangeurs chevronnés aux pop songs emphatiques (Ricky Reed, qui a notamment travaillé avec Kesha ou Twenty One Pilots, et Chris Gehringer, que l’on a pu entendre sur certains morceaux de Rihanna et Chvrches), et selon des velléités parfois plus funky (Can’t You See), dance (By Myself) et hybrides – Thought. Mouth., sorte de blues-rap mal peigné, avec ces basses qui tabassent et ce chanteur en ébullition, persuadé de pouvoir inciter ses auditeurs à l’action musclée.
Une sorte d’urgence juvénile
C’est dire si Fidlar semble avoir mis tout ce qui lui restait d’optimisme dans ce Almost Free, blindé de distorsions, de références au grunge et de constats nihilistes. Good Times Are Over, dit même l’ultime morceau avec une sorte d’urgence juvénile. Ce qui a au moins le mérite de couper court à de possibles lendemains heureux.
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