Houria Aïchi qui chante son Algérie, le rebetiko grec revu à l’italienne et le feu du flamenco à la Cité de la Musique, c’est le tour du monde musical proposé par Louis-Julien Nicolaou.
Dom la Nena, la gracieuse
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Combien de vies Dom la Nena, chanteuse et violoncelliste de vingt-trois ans, a-t-elle vécues pour habiter avec autant de grâce et de profondeur chacune de ses chansons ? Qu’importe la réponse à cette énigme puisqu’elle participe au charme d’Ela, premier album impressionnant de maturité dans lequel la jeune brésilienne épaulée par Piers Faccini joue les funambules entre tristesses infinies et réconforts passagers, sauts-de-chat enfantins et promenades introspectives, effleurant sur la pointe des pieds un répertoire étendu de valses européennes, rythmes syncopés du Brésil et ballades acoustiques.
L’Algérie femme de Houria Aïchi
Au son des youyous et des battements de main, Houria Aïchi a fait chavirer (et danser) l’Alhambra samedi dernier, grâce à sa présence radieuse, son énergie de petit bout de femme pétillant d’intelligence et son amour de l’Algérie. Dans Renayate, elle en célèbre la diversité aussi bien géographique que musicale en entonnant les chants de ses plus grandes voix féminines (Zoulikha, Chérifa, Aïcha Lebgaa) De la Méditerranée au Sahara, de l’Aurès à la Kabylie, Houria impose ainsi, avec force et sérénité, l’image d’une Algérie femme, belle et fière.
Elegancia Tropical, l’électro colombienne de Bomba Estéreo
Quatre ans après Blow Up et l’hymne abrasif Fuego, la fougueuse Li Saumet et ses acolytes Simón Mejía, Julián Salazar et Kike Egurrola reviennent donner une leçon d’élégance tropicale et de gouaille colombienne où l’électro et le rap se métissent aux moiteurs des Caraïbes et de l’Amazonie profonde pour ressusciter les esprits évanouis des Noirs fugitifs et des Indiens sorciers de la grande forêt.
Un Guerrier pour la paix au Mali
Pour le festival Au Fil des Voix, il a su transcender la douleur et la colère que lui inspire la situation de son pays et offrir un moment de partage et d’espoir où le beau monde était autant sur scène que dans le public (Jean-Philippe Rykiel au synthé pour un titre vibrant d’émotion, Fatoumata Diawara venue applaudir celui en compagnie duquel elle a souvent chanté). Mais dans Guerrier, Cheick Tidiane Seck a tout accompli tout seul : composition, chant et exécution de chaque partie instrumentale. Un engagement total, l’acte de foi d’un homme déterminé à célébrer les splendeurs ruisselant de toutes les traditions musicales de son pays et à répandre leur éclat sur le monde afin que chacun sente le besoin de s’incliner devant tant de beautés.
La sorcellerie de Salem
Style musical propre à la Réunion mais où se mêlent des éléments aussi bien africains et malgaches qu’indiens, le maloya est né dans les déchirures, les souffrances et les rages de l’esclavage. Christine Salem est l’une des rares voix féminines à en porter aujourd’hui la tradition, une tradition qu’elle secoue avec une fièvre et une puissance irrésistibles dans son nouvel album, Salem Tradition. Sans la moindre fioriture, seulement accompagné de percussions ou soutenu par une orchestration discrète (le groupe Moriarty est présent sur deux titres), son chant âpre, rebelle et follement libre opère comme une sorcellerie.
http://www.youtube.com/watch?v=gaOhq_6LKC4
Le rebetiko de Vinicio Capossela
Avec vingt ans de carrière derrière lui, Vinicio Capossela est l’égal d’une rock star en Italie. Dans son quinzième album, Rebetiko Gymnastas, il aborde un genre bien particulier, le rebetiko, répertoire populaire chanté en grec, au début du XXe siècle, dans les ports de la mer Egée. Accordéon, bouzouki et piano y embarquent la voix éraillée mais jamais gueularde de Vinicio dans un étrange dédale de bars louches, danses grotesques, peines de cœur et lassitudes de vies échouées.
Fiesta flamenca à la Cité de la Musique
Ils sont tous deux rares, du moins en France. Le 23 février, le facétieux Diego Carrasco, chanteur et guitariste moderniste, va répandre sa bonne humeur à la Cité de la Musique dans une soirée consacrée à la bulería, le style le plus festif du répertoire flamenco. Le lendemain, c’est Manuel Agujetas, cantaor gitan mythique au profil de Jack Palance (les balafres et les dents en or en plus) qui viendra entonner ses incomparables martinetes (chants de forgeron), soleares et siguiriyas douloureuses. Si vous ne devez entendre qu’un chanteur flamenco dans votre vie, que ce soit celui-là, le plus rude, le plus sauvage et le plus possédé de tous.
Une princesse à l’Institut du Monde Arabe
Dotée d’un timbre magnifique, Dorsaf Hamdani s’est d’abord spécialisée dans le répertoire arabo-andalou tunisien, le maalouf. Elle s’est ensuite essayée au chant classique aux côtés du chanteur iranien Alireza Ghorbani (Ivresses – Le Sacre de Khayyam) et du percussionniste Keyvan Chemirani (Melos). Avec Princesses du chant arabe, sorti l’année dernière, elle a brillamment relevé le défi de chanter Oum Kalsoum, Fairuz et Asmahan avec une voix plus grave que les leurs, et en s’accompagnant d’un orchestre réduit. Ce sont ces chansons, débarrassées de leur kitsch éventuel et ainsi rendues à toute leur splendeur que Dorsaf Hamdani interprétera le 23 février, à l’Institut du Monde Arabe.
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