La compilation s’ouvre sur l’inusable et troublant Cherchez le garçon. Puis de sa période Taxi Girl jusqu’à Nijinsky, c’est une plongée dans l’âme de cette écorché nocturne, en attendant son nouvel album pour la fin de l’année.
Depuis vingt ans, tous ceux qui fréquentent ou croisent Daniel Darc (ou son spectre, les mauvais jours) ont souvent envisagé le pire concernant l’ex-kamikaze de Taxi Girl. On n’est donc pas mécontent d’en quérir Le Meilleur à travers cette compilation regroupant une vingtaine de fulgurances éparpillées en bande ou en solitaire, dans la lumière ou la marge, par cet archéologue du désespoir urbain qui aura toujours montré plus d’attirance pour les ruines que pour les carrières. Darc en solo, livré à lui-même ou soutenu par des bonnes volontés de passage (Daho, Jacno, Burgalat), c’est l’éternelle bataille du papillon et du néon, une sorte d’Icare brûlé à vif parce que trop pur, sans doute, sous ses dehors de junkie incontrôlable, de garçon sauvage un brin caricatural.
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Il reste donc ces 45-tours éparpillés comme des bouteilles dans le caniveau, quelques albums inaboutis, un beau disque à quatre mains avec Bill Pritchard, des apparitions fantomatiques sur des compilations (Les Champs-Elysées, reprise hallucinante de Joe Dassin) et une petite moisson de tubes ratés de peu (La Ville, Nijinsky). Le seul fil conducteur, c’est cette voix, blanche comme une arme, comme la poudre, légèrement étranglée, cette voix d’Iggy cherchant des crosses à Gainsbourg, qui finit par trouver sa vérité, son apaisement dans la soie des cordes, en crooner irradié sur deux extraits d’un album de 1994 à réhabiliter dœurgence : Il y a des moments et surtout Le Feu follet, qui clôt ce recueil sur une lame de fond déchirante. Le Feu follet Drieu La Rochelle à la plume, Maurice Ronet au cinéma : une des obsessions récurrentes de Darc depuis des années. La tentation du suicide, heureusement pas la tentative. On a encore besoin de lui.
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