Ce que l’on trouve de mieux aujourd’hui en France en matière de musique ambiante et expérimentale. Salutaire.
L’ambient, dont la définition demeure aussi évanescente et atmosphérique que l’expérience d’écoute qu’elle sous-tend, bénéficie ces jours-ci d’une cote de popularité qui, au-delà de l’effet de mode, s’explique par la présence hégémonique de la techno dans la musique électronique : “L’ambient est le pendant de la techno, explique Joakim, le fondateur de Tigersushi à l’origine de la compilation. Il y a toujours eu dans les raves des chill-out rooms pour décompresser, les deux sont hyperliées et cette association est toujours valide.”
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Un raccourci historique veut d’ailleurs que l’ambient soit née dans une chambre d’hôpital où, alité, Brian Eno a connu une épiphanie en mettant un disque de musique pour harpe sur une platine stéréo défectueuse. Une mise en récit qui nous éloigne déjà du spectre musical de Musique ambiante française Vol. 1, qui fait d’abord état d’une scène hexagonale actuelle sensible à l’expérimentation et dont le rapport aux machines est viscéral, comme en témoigne la mise en avant sur la pochette de l’inventaire des séquenceurs, pédales d’écho et autres claviers synthétiseurs analogiques utilisés par chacun des artistes présents sur la compilation. “L’association machine-musique est très forte en France, poursuit Joakim. On est plus dans de l’ambient cosmique inspirée des trucs allemands comme Klaus Schulze, que dans l’avant-garde d’Eliane Radigue, qui est assez peu représentée.” Une avant-garde peu représentée certes, mais néanmoins citée par le boss de Tigersushi lui-même avec Sine Qua Non, un track électroacoustique enregistré à l’aide d’un vieil oscillateur dégoté par son coloc new-yorkais Luke Jenner (The Rapture), sur lequel Joakim joue avec les multiplications de fréquences et la superposition d’ondes sinusoïdales. Ou comment faire de la musique avec un instrument de mesure.
https://www.youtube.com/watch?v=gzDxEGywHWQ
Outre la présence sur cette compilation salutaire de noms bien connus tels que Turzi, Etienne Jaumet, Cosmic Neman, I:Cube ou encore Marie Davidson (Essaie Pas), l’équipe de Tigersushi s’est organisée pour aller dénicher des personnalités plus confidentielles comme Glass (de Caen) ou Nightbirds, figure incontournable de la filière toulousaine et grand collectionneur de synthés devant l’Eternel. “Dès le bouclage de ce volume 1, je me suis rendu compte de l’étendue du truc, lâche Joakim. A chaque fois que tu échanges avec quelqu’un, il te parle de tel ou tel collectif je ne sais où en France qui fait de l’ambient. J’ai été étonné par la rapidité du process et la fluidité du résultat, du coup on réfléchit déjà au volume 2.” De quoi approfondir encore l’exploration de cette musique des interstices aux contours toujours aussi flous.
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