Le FRAC Bretagne fête ses vingt ans d’existence avec six expositions à travers la région. Une collection aux multiples visages.
Dès le début des années 80, Le FRAC Bretagne avait anticipé ce qui allait devenir la nouvelle donne de la décentralisation culturelle en commençant une collection pour la région Bretagne. Objectif : présenter aux Bretons des pièces et des artistes français ou internationaux. Entre démonstration de force et propositions de collection, vingt ans plus tard, riches de plus de 1800 pièces, le FRAC fête ses vingt bougies en proposant six expositions à travers le territoire breton.
Une impressionnante initiative, lourde en logistique et éclaté dans l’espace, qui est accueilli dans les lieux historiques de la région et les centres d’art avec plus ou moins de réussite : les expositions dans les lieux culturels comme le manoir de Tadin et le Domaine départemental de Trévarez souffre d’un même problème : le trop plein de pièces exposées. Comme s’il fallait faire une démonstration de force vers un public qui n’a pas l’habitude de se déplacer vers les centres d’art contemporain, et se sentir obliger de montrer toute la gamme des pratiques artistiques. Au domaine de Trévarez, par exemple, les pièces sont les unes sur les autres. Un problème d’accrochage qui nuit à la visibilité des pièces réduites le plus souvent au strict décorum comme les vrais-faux canards en treillis de Jean-Yves Brélivet. Un manque de perspective qui soulève un vrai problème de fond, celle d’une approche anecdotique ou maladroite des pièces : comment peut-on exposer un pendule de Rebecca Horn dans un escalier à côté d’un volumineux et bruyant caisson vidéo de Marcel Dinahet.
Ces imperfections ne sont pour autant que des incidents de parcours, et à Jean-Pierre Criqui de faire une démonstration dans un lieu dur, une école d’art plastique, de finesse et d’esprit pour inventer une lumineuse lecture, imaginant des dialogues improbables entre les pièces de François Dufrêne et Remy Zaugg, et les papiers peint morbides de Robert Gobert et les façades minimalistes de Pascal Convert. Preuve, qu’une collection, si elle réclame de d’espace pour exister, recquiert avant tout des commissaires d’exposition aux regards confirmés et affinés pour y proposer un sens de lecture.
Autres réussites, les propositions maniéristes de Frédéric Paul au domaine de Kerguéhennec qui propose un face à face inattendu entre les photos de Gabriel Orozco et les compositions de Robert Filliou, et celle de Dominique Abensour du centre d’art le Quartier à Quimper qui a tenté une lecture topographique de la collection : de la campagne perçue par Bertrand Lavier et Gérard Gasiorowski à la ville de Jacques Villeglé. Toute un programme.
Infos pratiques
Musée des Beaux-arts de Rennes, jusqu’au 3 septembre.
20, quai Emile Zola, Rennes (35). Tous les jours sauf mardi de 10h à 12h et de 14h à 18h.
Manoir de la Grand’Cour à Taden (22), jusqu’au 30 septembre.
Tous les jours sauf lundi de 11h à 13h et de 15h à 19h.
Domaine de Kerguéhennec à Bignan (56), jusqu’au 30 septembre.
Tous les jours sauf lundi de 10h à 19h.
Ecole supérieure d’arts de Lorient, jusqu’au 16 septembre.
1, avenue de Kergroise, Lorient (56). Tous les jours sauf lundi de 11h30 à 18h30.
Domaine départemental de Trévarez à Saint-Goazec jusqu’au 16 septembre.
Tous les jours de 11h à 18h30.
Le Quartier, centre d’art contemporain de Quimper, jusqu’au 7 octobre.
10, esplanade François Mitterrand, Quimper (29). Tous les jours sauf lundi de 10h à 18h. Le dimanche de 14h à 17h.