Après avoir redoré le blason de la chanson française avec son acolyte Benjamin Biolay, Keren Ann s’essaie à l’anglais sur son troisième album. Les inrocks.com vous propose d’écouter un titre de ce nouveau disque folk, et résolument américain.
Pour exploiter une nouvelle fibre musicale, celle des Anglo-saxons, qui s’apparente aussi bien au folk délicat qu’à un blues mélancolique, Keren Ann a choisi de s’exprimer en anglais. Une façon, dans ce troisième album, de s’immerger entièrement dans un univers musical, de mieux s’adapter à un climat, une ambiance.
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Keren a des influences, aussi bien musicales que familiales, qui expliquent largement cette envie de se diversifier. Née en Israël, d’un père d’origine juive russe, et d’une mère javanaise, elle a vécu aux Pays-Bas avant d’arriver à Paris. Une pluralité qu’elle a développée parallèlement avec des influences musicales aussi diverses que surprenantes.
Certains se sentiront peut-être trahis. Evidemment, passé la fierté d’avoir une auteur-interprète de cette qualité, difficile de la croire passée à la solde des Anglais sans un pincement au c’ur. Mais à sa décharge, il faut préciser que l’anglais est la langue maternelle de Keren, et qu’elle ne le chante pas avec les tics agaçants des francophones, mais avec une interprétation qui atteint le véridique : bref, on y croit.
On y croit, et on est pas les seuls. Bang Gang, et plus particulièrement son mentor, Bardi Johannsson, s’allie avec la Parisienne sur trois disques différents, tous de sortie cette rentrée. On la retrouve ainsi sur un titre du nouveau disque de Bang Gang, on peut écouter Bardi sur la dernière chanson de l’album de Keren, Ending Song, et les deux ont mis leur talent en commun sur un projet intitulé Lady & Bird, expérimental et éthéré. Tout ça parce que ces deux-là ont des envies communes, et par magie, parce que la voix gracieuse de l’Islandais s’accorde à merveille avec le chantonnement doucereux de Keren Ann.
Si le folk va bien à Keren Ann, il faut dire que ses arrangements musicaux y font beaucoup. Parfois, quelques notes, comme sorties d’une boîte à musique, accompagnent son chant. Un peu plus loin, quelques voix d’enfants résonnent, dans un chœur exquis et furtif (End Of May). Il y a aussi ces quelques notes de blues, sur Road Bin, qui ne sont pas éloignées d’un Road 66, passé à la moulinette. Enfin, il ne faut pas oublier Sailor and Widow, une chanson où on reconnaît l’influence de Suzanne Vega, grande source d’inspiration pour Keren, où la chanteuse débite des mots furtifs et monotones avec une précaution de circonstance.
Keren s’est encore associée à Benjamin Biolay sur quelques compositions, où les cordes et les cuivres ne trompent pas. Le compositeur est toujours là, dans l’ombre, lorsqu’il s’agit de magnifier une atmosphère. En l’occurrence, il nous projette dans une Amérique à la Frank Sinatra, à grand renfort de trompette. Rose Kennedy n’est pas loin, et on en vient même à imaginer Keren dans un décor d’époque: pas de doute, ça lui irait bien.
C’est sans doute la capacité des grands de pouvoir passer d’un style à l’autre, sans pour autant perdre son âme. Car Keren Ann sait, à la lumière de ses expériences, conserver toute sa fraîcheur et sa douceur, et ne jamais se départir de sa simplicité.
Pour s’immiscer dans cet univers unique avant la sortie de l’album Not Going Anywhere, lesinrocks.com vous propose d’écouter la chanson-titre en intégralité.
Avec l’aimable autorisation de Capitol
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