Quelques semaines après Strasbourg et son festival Ososphère, c’est Lille qui accueillait la fine fleur de la musique électronique pour la première édition du N.A.M.E.. Petit compte rendu de la soirée (et de la nuit) du vendredi.
Pour accueillir la débauche d’événements culturels de Lille 2004, de nombreux bâtiments de la ville (et de la région) furent transformés en salles de spectacles, « maisons folie » ou espaces d’expositions. Parmi eux, l’ancien Tri postal tout près des gares Lille Flandres et Euralille. Avec sa situation centrale, ses surfaces aisément modulables et son aspect brut bien dans l’air du temps, l’immeuble fait figure de vitrine idéale pour des manifestations dédiées aux « nouvelles tendances », dans tous les domaines artistiques. L’espace de trois nuits, le « TriPo » (amusante contraction) fut ainsi investi par l’équipe d’Art Point M (collectif artistique fondé en 1991 par Fanny Bouyagui), organisatrice du N.A.M.E. festival, premier du nom,
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Au programme, des idées de déco audacieuse, des installations interactives et, surtout, la crème de l’electro internationale en live et DJ sets. Le festival n’est pas limité à Lille puisqu’une première soirée a eu lieu à Dunkerque, sur un cargo transformé en dancefloor, avec entre autres Isolee et Angoria ; et il se terminera les 4 et 5 novembre à Maubeuge, avec deux nuits au théâtre Le Manège.
Le vendredi 21 octobre, c’est donc au Tri postal que ça se passe, même si la soirée démarre doucement. L’occasion d’aller voir (et de tester) les installations du deuxième étage, certaines interactives comme le ? Vox Populi ? de l’artiste new-yorkais Don Ritter. Le visiteur lit le discours historique d’un ? grand homme ? (Kennedy, Martin Luther King ) ; face à lui, une foule virtuelle sur un grand écran, qui réagit selon la conviction de l’orateur.
Dans une autre salle, on est invité à tracer des lignes et des courbes avec les doigts dans un petit bac à sable. Une caméra placée au-dessus du bac capte les mouvements, qui deviennent ceux de l’homme sur l’écran, au fond de la salle. Le son et lumière le plus impressionnant reste celui d’Ulf Langheinrich, moitié du duo Granular Synthesis : un bombardement d’infrabasses et d’impulsions lumineuses, qui nous semble d’abord insoutenable et qui finit par nous hypnotiser.
Côté musique, le label Bpitch Control est bien représenté. Accompagnés de projections naïves et colorées – l’aspect visuel était l’un des points forts de la soirée -, Kiki et Silversurfer font plus que nous faire patienter jusqu’à Ellen Allien (seule ? vedette ? d’une programmation axée davantage sur les découvertes que sur les valeurs sûres) : le duo germano-finlandais s’y entend à merveille pour faire bouger les jambes et ravir les oreilles en même temps.
La fluette Ellen, accompagnée d’une comparse au gabarit de lutteuse maori, leur succède à minuit au rez-de-chaussée et commence son set par un minimalisme purement berlinois pour terminer, deux heures plus tard, par d’impressionnantes claques sonores. Dans les premiers rangs, c’est du délire, mais derrière, c’est plus calme.
Il est vrai que vu la configuration des deux étages, les espaces « dancefloor » et « chill out » ont tendance à se confondre. Mais on ne s’en plaindra pas, tant le TriPo offre tout ce qu’on a du mal à trouver dans une boîte de la capitale : de l’espace, des bars accessibles (et bon marché), et, pour les « privilégiés », un excellent catering avec vue sur les voies de chemin de fer de Lille Flandres. Sur le chemin de l’hôtel, vers 4 h 30, on tombera même sur un (très correct) restaurant chinois ouvert. Mais que reste-t-il à Paris ?
N.A.M.E. festival, les 4 et 5 novembre à Maubeuge, théâtre Le Manège.
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