Le festival des Inrocks a 18 ans, ça se fête ! On a donc mis les petits plats dans les grands pour marquer le coup, comme il se doit.
Vendredi 4 novembre
Les premières à fouler la scène sont les filles de The Organ connues pour leur amour des Smiths : la voix, l’attitude, tout y est. Pourtant, jugée propre mais immobile, la prestation des cinq Canadiennes ne fait pas l’unanimité. Tout comme Test-Icicles. Le trio féru de rock en tout genret surprend par son dynamisme ou énerve par son côté ultra furieux.
The Rakes (voir photo) mettent tout le monde d’accord : une présence scénique impressionnante, un chanteur qui nous gratifie de pas de danse surexcités. Ceux qui aperçoivent le show malgré la salle bondée sont littéralement séduits.
Après un charmant interlude du duo Mansfield. TYA, c’est au tour de Cat Power de littéralement envahir la scène à elle toute seule. Tantôt à la guitare, tantôt au piano, elle envoûte de ses mélodies tristes et mélancoliques, touchantes et intenses, et nous fait découvrir de nombreux morceaux issus de son nouvel album à paraître en janvier prochain. Cat Power est heureuse d’être là et ça se voit. La Cigale est comblée.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Samedi 5 novembre
Le lendemain, c’est après un concert de Martha Wainwright un tantinet chahuté par les fans de Stupeflip que Sufjan Stevens et sa petite bande, tous portant des masques d’oiseaux, parviennent à calmer les foules. Cela, grâce aux comptines folk fascinantes des trois derniers albums de l’Américain, dont le sublime et plus récent « Come on Feel The Illinoise ». Evoquant tour à tour Paul Simon (pour les voix) et Belle & Sebastian (pour les cordes), les chansons du songwriter s’enchaînent avec grâce et légèreté, et c’est après cette petite heure calme et belle à la fois que les Anglais fous de The Go Team se chargent d’échauffer les foules pour le concert principal du soir, à savoir la prestation dingo de Stupéflip.
Passer des Go Team à Stupeflip, c’est un peu comme zapper sur la télé entre Scoubidou et South Park, sans passer par la case pub. Le choc est frontal. Plus représentation théâtrale que concert de musique, la prestation de ces allumés a constitué pour certains le tour de force de ce festival et pour d’autre un odieux foutage de gueule. En tout cas, ce happening ordurier (les noms d’oiseaux se sont copieusement échangés entre le public et la scène), violent (on les as vu taper le public à coup de batte en mousse !) et drôle (l’hilarant « Le Cartable ») a au final quelque chose de réellement excitant.
Dimanche 6 janvier
Le dimanche, la soirée britannique ? The Subways, Hard Fi, Futureheads Maximo Park, Kaiser Chiefs ? fut dense et d’une intensité quasiment égale. Les premiers, trio survitaminé à la jeune bassiste hyperactive, ont mis en jambe une salle déjà complète et euphorique à 17 h 30. Les banlieusards de Staines, Hard Fi, ont asséné leur rock chaleureux mais malheureusement desservi par la voix fatiguée de leur chanteur. Peut-être la révélation de ce festival ? leur disque a triomphé en Grande-Bretagne en 2005 mais est à peine sorti ici, comme en cachette ? les Futureheads et leur chanteur à la coupe de cheveux jeune cadre UMP ont abasourdi un public qui s’il ne connaissait pas les morceaux a été conquis en vitesse par la force et les harmonies vocales du groupe. Maximo Park a ensuite confirmé les espoirs placés en lui : mélodies soignées servies par un groupe cogneur et un chanteur frappadingue. Enfin, Kaiser Chiefs a fini d’épuiser le public par sa débauche d’énergie et son chanteur à la vitalité inépuisable ? stage diving, bains de foule, escalade des hauts parleurs, tour des balcons ?, vitalité qui a compensé la lourdeur de quelques morceaux pas très fins et qui a mis en valeur les plus belles chansons du groupe ? « Modern Way », « I Predict a Riot ».
Lundi 7 novembre
A l’Olympia : drôle de première pour les Arctic Monkeys, majeurs à peine, des boutons encore plein la figure. La nouvelle prochaine grosse sensation britannique – mais cette fois, promis, les petits punks respecteront ces oracles favorables – vient de publier son second single (l’extraordinaire « I Bet You Look Good on the Dancefloor ») surfe sur les charts britanniques et s’offre, grâce aux Inrocks, la mythique salle parisienne comme première conquête française. Les choses semblent pourtant être allées un peu trop vite pour eux : si quelques Anglais, tassés aux premiers rangs et chauffés à blanc, connaissent déjà par c’ur certains de ces petits hymnes atomiques, le reste du public se gratte un peu la tête face à la timide immobilité des quatre de Sheffield. Et ce malgré des morceaux malins appelés sans aucun doute à coller durablement aux mémoires, et la gouaille incroyable de leur chanteur à peine pubère : encore quelques mois, quelques concerts, quelques écoutes amoureuses, et les prestations seront à la hauteur des espoirs ? c’est-à-dire immenses.
Les Inrocksparis.com (Delphine Osmont, Anne-Claire Norot, Martin Cazenave, Thomas Burgel)
{"type":"Banniere-Basse"}