Avec son bricolage synthétique et ses voix robotiques, sa légèreté et son jeu d’enfance, “Gadget City” n’a pas mis longtemps à nous conquérir. Il est signé d’un certain Davoniro. Explications.
Quel drôle d’oiseau que ce ShiMA KaTMUrA ! Ce sont d’ailleurs des pigeons perchés sur un fil électrique qui marquent visuellement le rythme du morceau dans le clip réalisé par Vickie Cherie, moitié des Pirouettes. Un drôle d’oiseau donc, très joueur avec ses répétitions synthétiques enfantines et ses voix qui alignent des mots abscons.
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L’effet est immédiat, car il faudrait être bien stupide ou n’avoir rien compris à la musique pour penser que ce n’est pas l’accident, la maladresse et l’imperfection qui produisent le plus souvent les émotions véritables, instinctives et saugrenues. Enfin, chez nous en tous les cas. Donc voici ce que nous rappellent le morceau ShiMA KaTMUrA et son auteur, Davoniro : la perfection n’est peut-être pas celle que l’on croit, et l’on pourrait bien, finalement, se mettre en quête d’immédiateté, de choses non finies, ou plutôt finies d’une certaine façon, ni tout à fait exactes, ni tout à fait commerciales. Tant mieux, c’est bien ce que cherchait Davoniro, ou plutôt Stéphane Briat, dit Alf, ingé-son réputé, ayant percé avec Les Poèmes de Michelle de Teri Moise (espérons que vous que l’ayez en tête maintenant ;), avant de travailler avec Air, Tellier et plus récemment Myd ou les Pirouettes, et qui publie là son premier ep en solo, Gadget City.
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Sept titres japonisants bricolés d’ambient et de synthés martelés eighties, avec des voix de synthèse pour dit-il “s’affranchir des mots, des choses à dire.” “L’idée était d’avoir un contrôle simple mais avec un cadre délimité par une technologie. Là ce sont deux ipads qui contrôlent des synthés que je contrôle via un clavier de piano. C’est le mélange de ces deux sources d’information qui créent une mécanique que je contrôle et qui me donne cette couleur.” Voilà pour les explications techniques. Place aux influences, que l’on devinait aisément et qu’il confirme : le Yellow Magic Orchestra, Kraftwerk, Martin Rev… On ajoutera quelque chose du classique Funkytown de Lipps Inc, sans le funky, avec l’intro, et oui. “Il y a un côté désuet qui me tenait à cœur. Je ne voulais pas que ça soit trop travaillé, que ça reste de l’ordre du jet, c’est très minimal. J’avais envie d’avoir quelque chose de très naïf, que ça soit du fun, pas du travail ! C’est une manière un peu rétro de faire de la musique avec des sonorités modernes. Dans mon projet je ne mixe pas vraiment. Je l’optimise mais je ne rentre pas dans un processus de mixage délicat. Je suis le seul juge, j’ai le final cut alors que pour d’autres je me conforme à une proposition et au goût de l’artiste avec lequel je travaille.” On ne sait si Gadget City connaîtra une version live. Déjà parce que les lives tardent à reprendre. Ensuite parce que ce n’est pas forcément l’objectif de Davorino qui voulait, tout simplement, s’amuser. Tant mieux, Gadget City nous amuse aussi.
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Carole Boinet
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