Un orchestre symphonique, un club foutraque et un lounge-bar à lui tout seul : bienvenue chez Gotye.
[attachment id=298]Sur disque, Gotye est un orchestre symphonique, une grande kermesse des crooners mélancoliques, un club échangiste rigolard, une fanfare d’un monde à découvrir. Sur scène, Gotye est tout ça – et tout seul. Chef d’orchestre d’ordinateurs bourrés jusqu’à la gueule de samples impossibles, lui se contente d’accompagner son joyeux capaharnaüm à la batterie – aux batteries mêmes, puis que la scène est encombrée de fûts et percussions que le Belgo-australien (ciel, comment est-ce possible ?) semble collectionner sur les vide-greniers. C’est d’ailleurs là, comme ses compatriotes Avalanches, que Gotye (prononcer Gautier, à la Belge donc) a dû amasser les milliers de disques qui servent aujourd’hui, dans des assemblages aussi cocasses que languides, à son sampledélisme.
Il y a donc fatalement du Beck dans cette musique chapardée, recyclée, de bric et de brocante. Pop sans pedigree, débarrassée de toute orthodoxie, elle se laisse porter par ses humeurs, rêveuse et languide le temps du somptueux single Hearts A Mess (Talk Talk et David Sylvian font du tricot sur un nuage), malicieuse et bambocheuse pour un second single de soul radieuse : Learnaligivinanlovin.
La force de Gotye, bibliothécaire de jour et cédéthèque vivante la nuit, c’est d’assembler ces centaines de sons d’origines, d’époques et d’atmosphère radicalement différentes en un folklore inédit, garanti sans coutures, nettement plus sensuel et fluide que les collages forcenés de tant de DJ’s aussi athlétiques que cliniques. Car l’humanité – la puissance de ses beats fait-main, la force d’évocation de sa voix pâle – irradie cette musique qui fait beaucoup pour le travail de certains muscles, fessiers ou zygomatiques (l’imposant et tubesque The Only Thing I Know).
Mais on n’est pas non plus ici dans un de ces fourre-tout hédonistes comme en raffolait le big-beat, un de ces lupanars musicaux encouragés par la gourmandise des samplers. En plusieurs moments d’accalmie, aux confins du dub, de l’électronica ou d’une world-music hagarde, Gotye ralentit sa frénésie et compose alors, pas très loin de Royksopp ou Kid Loco, une lounge-music pour canapés en poils d’éléphants roses.
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