Jeune fille modèle et précoce de l’entertainment à l’américaine, Aaliyah a régné pendant sept années sur le R&B mondial avant de mourir dans accident d’avion à l’âge de 22 ans.
Rencontrée quelques semaines avant sa mort, à l’âge de 22 ans, la femme fatale de la nouvelle soul américaine avait l’air d’en avoir 12 : vingt ans de moins que ce qu’elle paraissait être sur les photos des magazines. Car sans son déguisement de bombe, Aaliyah ressemblait à n’importe quelle jeune fille bien élevée et timide. Elle n’avait pourtant pas été éduquée pour ressembler à n’importe quelle gamine : elle avait été élevée pour le spectacle.
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Aaliyah a 4 ans quand sa mère découvre qu’elle chante avec une justesse étonnante. A partir de cette révélation, Aaliyah sera farouchement poussée et calibrée pour la gloire, toutes les chances étant mises au service de sa voix : cours de chant, prise en charge dès ses 9 ans par un agent new-yorkais – la famille vit à Detroit. Et le pire, c’est qu’elle adore ça.
https://www.youtube.com/watch?v=D1ijI5G5q4M
“C’est moi qui décidais que je voulais faire des auditions. Je poussais mes parents et ils m’ont toujours soutenue. Je voulais tout le temps être sur scène. J’ai joué dans la comédie musicale Annie, c’était le paradis. J’ai ensuite beaucoup étudié et fait des spectacles, des pilotes pour des séries télé, j’ai pris beaucoup de cours de danse, de chant, je n’ai jamais arrêté.”
Aaliyah chante sur scène derrière la vénérable Gladys Knight, pour une petite série de shows, à 11 ans. Gladys Knight est par ailleurs l’ex-femme de l’oncle d’Aaliyah, président de Blackground Records, le label de la belle – on reste en famille. Très vite, Aaliyah séduit l’un des cadors du R&B, R. Kelly, qui lui écrit en 1994 son premier album, Age Ain’t Nothing but a Number. A 14 ans, elle est déjà une star. Mais R. Kelly devient vite un sujet tabou dans la famille, les rumeurs rôdent : on parle d’un certificat de mariage contracté alors qu’Aaliyah n’a que 15 ans.
Ses parents l’expédient alors en Europe, le temps que le scandale se tasse. Aaliyah ne servira plus la soupe à R. Kelly : bonne nouvelle. Surtout que, à la recherche d’un nouveau mentor, elle rencontre le producteur Timbaland, encore inconnu, mais déjà acoquiné à Missy Elliott. “Tim m’a envoyé une demo d’une chanson qu’il avait faite. Je n’aimais pas trop la chanson, mais j’aimais bien la musique. J’avais presque fini mon deuxième album mais je sentais qu’il fallait encore que je trouve de bons singles. Ils sont venus me rencontrer dans le Michigan et on s’est tout de suite entendus.”
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La rencontre des talents de ces trois quasi-débutants ambitieux donnera à Aaliyah une seconde chance, avec l’album One in a Million (1996). Timbaland et sa muse Missy trouvent là un terrain d’expérimentation leur permettant de se faire les dents avant de se lancer en fanfare sur le premier album de Missy Elliott. One in a Million est un succès international, à la fois critique et populaire, et révèle une impressionnante interprète. Infatigable bosseuse, refusant l’étiquette d’entertainment pour un travail qu’elle jure laborieux et pointilleux, Aaliyah va alors chercher au cinéma de nouvelles sensations. Et enlève un des premiers rôles de Roméo doit mourir, dont elle interprète également le morceau de la B. O., Try Again, quintessence de ce que le R&B devrait toujours être : sensuel, tordu et intrigant. Try Again atteindra la première place du Billboard.
https://www.youtube.com/watch?v=nEF_-IcnQC4
Cette fan revendiquée de Barbara Streisand ne sort son troisième album, Aaliyah, qu’en juillet 2001. Réquisitionnée par le cinéma – elle joue dans La Reine des damnés et dans la suite de Matrix mais décède avant la fin du tournage. Ses scènes seront coupées et son rôle repris par Nona Gaye, al fille de Marvin. Le 25 août 2001, après avoir filmé aux Bahamas une vidéo pour le morceau Rock the Boat, Aaliyah repart pour la Floride avec son entourage. L’avion est plus petit que celui qui les a amenés à l’aller. Il transporte une personne de plus que le maximum autorisé, ainsi qu’un excédent de bagage. Surtout, son pilote a bu et pris de la cocaïne avant le départ. L’avion a à peine le temps de décoller qu’il se crashe. A son enterrement, on peut lire sous son portrait : “We were given a queen, we were given an angel.” Si Aaliyah avait vécu, Queen Bey aurait pu se faire du souci.
Article extrait de notre hors-série « Les étoiles filantes du rock ». Déjà disponible en kiosque et sur la boutique Inrocks Store.
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