Klaus Nomi revu par DJ Hell, les déhanchés de Major Lazer et le voyage spatio-temporel de Max Cooper : toute l’actualité électro de la semaine décryptée par Gaël Lombart.
• NEWS : DJ Hell revisite Klaus Nomi
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DJ Hell ne s’est jamais vraiment remis de la mort de Klaus Nomi. En 2011 déjà, le patron de Gigolo Records avait inclus Cold Song à son mémoire de la musique allemande, la compilation Coming Home. Aujourd’hui encore, il rend hommage au contre-ténor new wave en remixant cette même chanson emblématique. Publié en exclusivité par lesInrocks.com, le clip s’inspire de l’univers des cabarets que fréquentait le chanteur au falsetto aussi célèbre que son costume en V. Très symbolique, cette vidéo nécessite une analyse approfondie. DJ Hell y apparaît grimé, la larme à l’œil, comme inconsolable. Si son remix pêche par simplisme, il a néanmoins le mérite de faire redécouvrir un artiste complet, foudroyé en pleine ascension par le Sida, il y a bientôt trente ans.
• ALBUM : Marklion – « Grande Camouflage »
Pas évident de coller une étiquette à Vincent Thierion. A peine essaie-t-on de le coincer qu’il change d’apparence, choisit le camouflage. Après s’être frotté au rock dans les années 90 avec Ton Rec, versé dans une electro-pop bleepy et percutante la décennie suivante avec DAT Politics, le boss du label Alpage revient en solo brouiller définitivement les pistes. Hors format et hors tendance, la techno-pop de Marklion est parfois mélancolique, toujours vivante, carrément vivifiante. Il est accompagné dans ces morceaux de bravoure par We Are Enfant Terrible, Etienne Jaumet de Zombie Zombie ou encore la violoniste Tamara Goukassova. En matière de combinaison électronique/organique, le morceau-titre est une synthèse parfaite.
• CLIP : Major Lazer ft. Busy Signal, The Flexican and FS Green – « Watch Out For This (Bumaye) »
Certes, ce clip est en ligne depuis deux semaines mais il serait dommage de passer à côté. D’abord parce qu’il veut nous replonger vingt ans en arrière, à Kingston, en Jamaïque. Ce n’est jamais désagréable et ça fait prendre conscience qu’il faudrait d’urgence prendre des cours de danse. Ensuite, parce qu’il invite à jeter une oreille plus attentive à l’album Free The Universe, dont le champ d’exploration dépasse largement cet hymne dancehall, Diplo étant plus entouré que jamais. Sans parler de la pléthore de remixes à découvrir sur la page Soundcloud de Major Lazer, pour certains téléchargeables gratuitement.
http://www.youtube.com/watch?v=_zCoCa6b6cU
• MIX : Minilogue – Live in Länghult 2012
Accaparé par des projets parallèles, le duo Minilogue n’avait pas donné son nom à un LP depuis leur premier monument, Animals, sorti en 2008. Seize ans après leurs premiers tâtonnements, les Suédois ne semblaient pas pressés, à l’image des huit longues pistes qui s’étalent sur leur nouveau double-album, Blomma. Né d’improvisations et de collusions minimal-ambient-jazzy, ce dernier fait écho au mix enregistré l’an dernier à Länghult, tout deux débutant par le rêveur Everything Is All You’ve Got. Une différence quand même : le mirifique set live de 80 minutes est depuis peu téléchargeable gratuitement.
• REMIX : Jérôme Echenoz – « Le Chrome et le coton » (Lafayette Remix)
Les amateurs de hip-hop le connaissent mieux sous le nom de Tacteel : c’est sous ce pseudo que Jérôme Echenoz a officié en tant que producteur chez ATK, TTC et FuckALoop. C’est sous son propre nom légué par Jean, son écrivain de père, qu’il mène depuis l’an dernier une carrière dans la chanson. Une édition augmentée de son premier EP, Le Chrome et le coton, paraîtra la semaine prochaine. Elle contient ce remix vespéral réalisé par Lafayette, camarade du label Entreprise, division française de Third Side Records.
• TELECHARGEMENT : Max Cooper – « Synesthetes Museum »
Alors qu’il effectue un post-doc en génétique, Max Cooper se promène dans les allées du British Museum de Londres pour se ressourcer. Il en capture l’ambiance grâce à des micros binauraux qui lui permettent de donner un aspect tridimensionnel plus marqué à l’enregistrement. Il s’en sert comme matrice de Synesthetes Museum, un mix prodigieux qui prend des libertés avec l’espace-temps : aux côtés de Cirrus de Bonobo et d’Anex d’Adam Johnson, on rencontre une chanson de moines tibétains du XIIe siècle, un enregistrement de Thomas Edison datant de 1888 ou encore un chant grégorien millénaire. Pour aller plus loin, sachez que Max Cooper sort lundi son EP Conditions Two et sera le 25 mai au Social Club à Paris.
• NEWCOMERS : Beacon
Retenez bien ce nom, car ce duo de Brooklyn pourrait bientôt faire parler de lui. Non seulement leur electronica délicate est un enchantement. Mais leur premier album, The Ways We Separate est surtout une collection de dix chansons émouvantes à souhait, pas si lointaines des mondes de The Knife ou Royksöpp, sur les thèmes de la passion et de la séparation. L’album évoquerait deux types de séparations : celle de deux entités évoluant chacune de leur côté et celle d’une entité évoluant au-delà d’elle-même. Dans une relation, les deux pourraient se produire. A méditer ou pas, le casque sur les oreilles.
• RETRO : Andy Cato ouvre ses archives
Connu pour être la moitié du légendaire duo house Groove Armada, Andy Cato était resté plutôt discret ces dernières années. C’est en admirant un temple grec en 2011 qu’il décide de raconter ses vingt dernières années en musique. Il fouille donc dans ses archives et retrouve de nombreuses pistes, plus ou moins lo-fi, composées en tournée, dans un bus, un train ou un aéroport, avec les moyens du bord, souvent un clavier et un 4-pistes. Chacune représente un endroit et un moment, d’où le nom de cet album un peu spécial, Times And Places. A peine retouchés, ces morceaux aux noms évocateurs (Moscow To St Petersburg By Train, Rainfalls (Toulouse), North From Montparnasse) sonnent tous étrangement actuels, comme si le nomadisme les avait maintenus hors du temps. Jolie surprise.
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