Les soirées parisiennes vues par les anglo-saxons, le clip de Tiga où il ne se passe rien (!), la réédition de l’album emblématique de The Prodigy pour ses 15 ans… L’actualité de l’electro de la semaine décryptée par Gaël Lombart.
• NEWS : Comment Resident Advisor voit les soirées parisiennes
Il ne fallait pas s’attendre à ce que nos confrères australiens soient particulièrement tendres avec les clubbers français. A en croire ce nouveau documentaire de la série Real Scenes mis en ligne lundi, Paris est une petite scène repliée sur elle-même. La critique la plus sévère vient d’un Français, Julien Haguenauer, patron de Dement3d records : « Les Parisiens suivent malheureusement trois règles : « toute cette musique est surestimée, je mérite mieux que ça » ; « j’ai connu ça avant toi, quand c’était mieux » ; « si ça vient de l’extérieur du périphérique, je ne veux pas en entendre parler ». » Moins convenus, les passages sur les fêtes diurnes de la capitale témoignent d’un regain d’activité bien réel.
• ALBUM : Lugano Fell – « Arcxicon »
Quel est le point commun entre John Cage, Christian Marclay et DJ Kool Herc ? Avoir détourné le vinyle de son utilisation première (support d’écoute) pour en faire un instrument en soi et générer un son unique, qui sera ensuite copié. Il faut désormais rajouter à cette liste prestigieuse Lugano Fell, entité au nom énigmatique derrière laquelle se cache James Taylor, la moitié de Swayzak. Le Britannique collectionne des 78 tours de musique classique, les sample, les filtre et créé live une musique expérimentale, souvent harmonieuse. Une ambient profonde, à emmener avec les albums de Tim Hecker et Oneothrix Point Never dans un monde dévasté.
• CLIP : Tiga – « Plush »
Il va être très difficile de ne pas spoiler la vidéo du nouveau single de Tiga, co-réalisé avec Matthew Dear. Risquons la litote en disant que dans ce clip, il ne se passe pas grand chose. Dans les clips, on attend toujours qu’il arrive quelque chose d’exceptionnel, d’inédit, pour finir par zapper. Le duo de vidéastes AlexandLiane (qui avait déjà réalisé la fascinante vidéo de Shoes pour le Canadien) invente la surprise à peu de frais. Pas sûr que ça trouve sa place entre Lady Gaga et Nicki Minaj sur MTV, mais c’est audacieux.
• MIX : Jamie Jones – Live at Mint Festival
Qu’importe si ce set live a quelques semaines, il est redoutablement compétitif. Jamie Jones, DJ connu pour contribuer au réchauffement de la planète techno, a arrosé fin septembre le gazon tout britannique de Mint d’une house moite et impudique. Au sortir d’un mix de 2h15, on imagine qu’il a dû s’hydrater au bar avec une autre personnalité excentrique et übersexuelle, Seth Troxler, lui aussi au programme de l’édition 2012. Rappelons que cet été, les deux DJ avaient réalisé ensemble un mix gargantuesque pour la BBC.
• REMIX : Boys Noize – « What You Want » (Chromeo Remix)
Sur le papier, ça s’annonce comme le mariage de la carpe et du lapin. Au mieux de la bonne lave en fusion, au pire un magma indigeste. Mais parce que Chromeo est beaucoup plus subtil qu’on veut bien le croire, ce remix améliore l’original sans le défigurer. Preuve que Boys Noize encourage les relectures funky et eighties de ses titres, des remixes de What You Want et Ich R U ont aussi été commandés à Jacques Lu Cont (Les Rythmes Digitales) et Jimmy Edgar.
• TELECHARGEMENT : Mr Oizo – « Unreleased Unfinished Unpleasant »
On le sait, Mr Oizo est un rigolo. Sur son site, il nous offre pas moins qu’une visite à l’intérieur d’un Macintosh vintage. L’occasion de redécouvrir sa discographie et de s’amuser avec des pads de MPC virtuels. Mais le voyage dans le temps ne s’arrête pas là, puisque celui qu’on nomme Quentin Dupieux à la ville nous gratifie aujourd’hui de douze morceaux inédits, composés entre 2004 et 2012. Au passage, il chope notre e-mail et nous traite de « pirates », sous le regard hilare de Flat Eric. Saloperie de peluche.
• NEWCOMER : Damiano von Erckert
A Cologne, où l’imposant label Kompakt fait autorité depuis bientôt quinze ans, la techno ne mène plus la danse. Réunis sous le nom d’Ava, un collectif de jeunes producteurs entend diffuser son amour pour la house maison, langoureuse et funky. Parmi eux, Damiano von Erckert, patron du label Ava Records, artiste devenu éclectique par atavisme : son père DJ mixait house, disco, soul et funk dans les nineties. En janvier, il sortira un mini-LP entêtant avec son acolyte Tito Wun, Mr. Pink, What Have You Been Smokin’?.
• RETRO : « The Fat of The Land » de The Prodigy réédité
Il y a quinze ans, The Prodigy jetait un gros pavé punk dans la mare jungle. Leur troisième album, porté par des singles explosifs (Breathe en tête), allait faire danser tous les excités de la planète. Dix millions d’exemplaires vendus plus tard, The Fat of The Land est réédité, accompagné d’un EP de remixes, The Added Fat. Les héritiers de The Prodigy, piochés logiquement dans le vivier de la bass music (Zeds Dead, Major Lazer…), y jouent les pompiers pyromanes, sans convaincre à tous les coups. Seuls Noisia et surtout The Glitch Mob réussissent l’exercice avec brio.