Les dessous du Harlem Shake, le message de The Herbaliser et la bombe house Voltron : Gaël Lombart décrypte l’actualité électro de la semaine.
• NEWS : « Harlem Shake », le morceau trap devenu phénomène
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En l’espace de quelques jours, Baauer est passé de l’anonymat à la célébrité. Enfin, surtout son single Harlem Shake, un titre trap dont la sortie confidentielle en mai 2012 ne laissait pas présager le triomphe. Bien avant que quatre garçons plein d’avenir ne se filment en train de se trémousser et provoquent un tsunami, Baauer et Azealia Banks avaient prévu de sortir une version rappée de Harlem Shake. Mais devant le résultat, le producteur new-yorkais aurait renoncé, explique-t-il dans une interview. Qu’à cela ne tienne, la tenace chanteuse l’a diffusée quand même la semaine dernière, provoquant une passe d’armes grand-guignolesque avec Baauer. A l’origine, le harlem shake est une danse en vogue dans les clips hip hop et R’n’B des années 1990 et 2000, comme l’explique The Fader. Le sample « then do the harlem shake » provient de la chanson Miller Time (2001) des rappeurs de Philadelphie Plastic Little. Celui qui débute toutes les vidéos du mème, « con los terroristas », provient d’une compilation de samples de moombahton, raconte Apt One, DJ de Philadelphie qui fréquenta Baauer et lui fit découvrir le sample. Alors, faut-il danser le harlem shake ? Selon Brodinski, Gesaffelstein aurait un avis sur la question…
• ALBUM : Lusine – « The Waiting Room »
C’est généralement confiant que l’on démarre l’écoute d’un nouvel album de Ghostly International, quand son application pour smartphone révèle un back catalogue passionnant. Dans le label de Matthew Dear, Lusine fait partie des meubles et son quatrième LP pour la maison hantée ne déçoit pas. Erudit, le Texan brasse dans son IDM l’éventail des musiques électroniques, certes de manière un peu académique mais non moins virtuose. Quelques chansons émouvantes viennent même se blottir contre la paroi de l’oreille, comme Without A Plan, téléchargeable ici.
• CLIP : The Herbaliser – « A Sad State Of Affairs »
On sait depuis The Missing Suitcase que The Herbaliser aime bien mettre en scène des escrocs. Derrière ses cuivres, le combo n’est pas planqué et développe une musique alerte, toujours consciente. Par la voix de George The Poet, il invite aujourd’hui l’industrie du disque et du spectacle à mettre en avant d’autres représentants du rap, ceux qui s’attachent aux mots, au sens, au message, plutôt qu’à l’attirail bling bling, au m’as-tu-vu et au fric… La chanson donne l’exemple : les instruments finissent par se retirer au profit du verbe. Une belle réussite.
• MIX : Tru Thoughts presents Unfold 17.02.13
Le label electro-jazz de référence nous gâte avec un mix hédoniste, en l’honneur de Donald Byrd, trompettiste américain décédé le 4 février. Trois morceaux rappellent son talent. Sinon, en vrac : un extrait du prochain album d’Alice Russell, mais aussi Portishead, Masta Ace et Jessie Ware. Un petit conseil : ne pas faire attention aux transitions, c’est freestyle, c’est comme ça. Se laisser bercer, c’est tout.
• REMIX : David Shaw and The Beat – « Trance In Mexico » (Marc Piñol Remix)
Les habitués de feu le Pulp, club où il était DJ résident, le connaissent mieux sous le nom de Siskid. C’est sous son propre nom que David Shaw embrasse aujourd’hui une nouvelle carrière, marquée l’an dernier par la sortie de l’album So It Goes sur son propre label Her Majesty’s Ship. Voici venu le temps des remixes pour l’ancien de Black Strobe : après un déferlement de basses signé Justin Robertson, l’Espagnol Marc Piñol accélère la cadence de Trance In Mexico pour livrer un morceau house aussi classique que caniculaire.
• TELECHARGEMENT : Janet Jackson – « Rock With U » (Ghosts Of Venice Rework)
Oh le beau remix nu-disco. Sous les coups de butoir de l’Américain Ghosts Of Venice, la sœur de Michael se fait voler la vedette par une grosse ligne de basse pas farouche. Ne cherchez pas quelque chose de super élaboré ici : du clap-clap, du tchick-tchick, un bon boom-boom, un joli synthé cosmique en mode arpégiateur et donc une grosse babasse qui tabasse. En plus c’est gratuit, alors…
• NEWCOMERS : Voltron
Ce duo n’est pas très pressé. Depuis 2011, Voltron sort un EP par an, tout accaparé qu’il est par le mix et ses activités estudiantines. Néanmoins, il y a rarement à jeter dans les morceaux et les remixes publiés chez Discobelle Records et Smile Recordings. Dans Let Go EP, c’est une house mâtinée de bass music que les Belges ont mis entre les mains expertes de leur compatriote A.N.D.Y. On attend maintenant l’album avant 2020.
• RETRO : « Celluloid Records » (1979-1987)
Après avoir rendu hommage à Factory, à l’EBM et à la musique industrielle, le label Strut continue à fouiller les années 1980 à la recherche de raretés fondatrices. La présente compilation résume l’univers de Celluloid, label déjanté fondé en 1979 par Jean Georgakarakos à Paris. Omniscient, il réanima Richard Hell, réédita The Last Poets, s’intéressa aux projets post-punk de Bill Laswell et misa sur la jeune scène hip hop new-yorkaise. Il sortit, entre autres, le Wildstyle de Time Zone (avec le MC français B Side et Afrika Bambaataa), coproduit par Bernard Zekri [ancien directeur de la rédaction des Inrockuptibles, ndlr] ! Une somme de bijoux expérimentaux indispensables pour comprendre où nous en sommes aujourd’hui.
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