Possee de Jean-Louis Murat au sein des douteux Rancheros, ces Auvergnats se révèlent autrement plus sensibles et hantants quand ils incarnent Rogojine ? personnage dostoïevskien emprunté à L’Idiot. Et idiotes, ces chansons à la mélancolie et aux mélodies envahissantes ne le sont pas, prouvant que l’insignifiance n’est pas, dans la pop d’ici, une fatalité. Evacuons […]
Possee de Jean-Louis Murat au sein des douteux Rancheros, ces Auvergnats se révèlent autrement plus sensibles et hantants quand ils incarnent Rogojine ? personnage dostoïevskien emprunté à L’Idiot. Et idiotes, ces chansons à la mélancolie et aux mélodies envahissantes ne le sont pas, prouvant que l’insignifiance n’est pas, dans la pop d’ici, une fatalité. Evacuons d’entrée la réserve : une voix parfois trop maniérée, notamment quand elle tente l’anglais. Car même si les influences de cette pop raffinée mais agitée se pressent outre-Atlantique (Vic Chesnutt, Sparklehorse, Neil Young ), le français va parfaitement bien au teint pâle de ces chansons inquiètes, tendues. Du romantique Le Temps du chien à l’obsédant Aquaplaning, Rogojine joue ainsi dans un no man’s land hérissé de chardons mais confortable comme mousse sur le granit. Comme parfois Coldplay, Travis ou Shack, Rogojine possède cette façon lyrique (et anglaise) de caresser la pop, de retenir les gestes, de redessiner la ligne claire au fusain.
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Orage sur les monts qui encerclent Riom : l’électricité menace ces chansons mais n’explose qu’avec économie, nargue et défie la fausse quiétude. Parfois, les nuages sont tellement bas que les Auvergnats se font coloniser par de sales corbeaux ? le gothique et inutile Perfectland ? ou écraser par un rock pesant (Pupille). Mais quand les nuées se laissent crever par la lumière crue d’une mélodie vierge, par un texte éblouissant (Coup de sang), Le Bord de l’eau’ s’impose comme un refuge hospitalier, où l’abandon est un ordre. Au milieu coule une rivière : un torrent, jamais plat.
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