De quand date ton premier souvenir musical ? Depuis que je suis né, je me souviens avoir vu mon père Caetano jouer et chanter à la maison avec ses amis. Dans une pièce de la maison que l’on appelait la Sound Room, tu trouvais tous les instruments : le piano, la guitare, l’enregistreur, la platine. […]
De quand date ton premier souvenir musical ?
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Depuis que je suis né, je me souviens avoir vu mon père Caetano jouer et chanter à la maison avec ses amis. Dans une pièce de la maison que l’on appelait la Sound Room, tu trouvais tous les instruments : le piano, la guitare, l’enregistreur, la platine. Grâce au destin, j’ai toujours aimé la musique. Parce qu’autrement, ma jeunesse aurait ressemblé à un cauchemar ! Comme c’était bon de pouvoir chanter avec tous ces gens, un vrai plaisir !
Quand as-tu réellement commencé à chanter ?
J’avais 3 ou 4 ans, mon père m’a appris une vieille chanson brésilienne, So vendo que beleza. C’est la première chanson que j’ai maîtrisée, on la retrouve d’ailleurs sur mon premier album, Music Typewriter. Plus tard, à 9 ans, j’ai écrit des paroles pour mon père et je le rejoignais sur scène pour les chanter avec lui. Mais ma première prestation en tant que professionnel, c’était à 15 ans sur une de ses tournées. João Gilberto était aussi à l’affiche, et Carlinhos Brown était également de l’expédition. Durant cette tournée, il m’a d’ailleurs appris à jouer des percussions.
Quel est le premier disque que tu as acheté ?
A 12 ans, je suis allé chez un disquaire acheter la Toccata en ré mineur de Bach, jouée par les orgues de Notre-Dame. Car à la maison, nous avions des milliers de disques mais peu de musique classique, de baroque. Peut-être d’ailleurs que le suivant sur la liste a été du Beethoven.
Quelles ont été tes autres découvertes ?
A l’école, mes amis étaient tous musiciens ou essayaient de le devenir. Ils m’ont fait connaître des choses plus expérimentales auxquelles je n’avais pas accès dans la discothèque familiale. Mon ami Kassin, qui joue avec moi, avait un frère DJ professionnel, il m’a fait écouter de la techno, du heavy-metal, du rock, Hendrix ou Black Sabbath.
Quel est ton choc le plus récent ?
Quand nous étions au Japon, nous avons écouté, sur disque uniquement, Takako Minekawa. C’est une chanteuse japonaise qui se produit elle-même, de manière un peu expérimentale. S’apercevoir que, de l’autre côté du monde, des artistes aussi bons et étonnants restent à découvrir m’a procuré une sensation très forte.
Sur ton disque, tu reprends une chanson du dessin animé Blanche-Neige et les sept nains…
Oui, c’est Wishin Well, le premier morceau que l’on entend dans ce vieux film des années 30 rempli de très belles chansons. C’est sans doute à cette époque que les Etats-Unis ont composé leurs plus belles mélodies. Cette chanson est la plus simple que je connaisse. J’ai voulu l’enregistrer parce qu’elle résume bien le concept de mon disque : tirer de la simplicité toute la beauté possible.
Commences-tu déjà à aimer un film par sa bande originale ?
Il y a quelques films de science-fiction des années 50, comme Forbidden Planet, dont les soundtracks sont impressionnants. Ils utilisent l’électronique, le theremin, les premiers synthétiseurs. Autrement, Nino Rota et Ennio Morricone sont sans doute pour moi, dans le genre, les compositeurs les plus importants. Avec des amis, je possède un studio. Nous l’utilisons notamment pour produire des soundtracks, quelquefois pour le cinéma, mais surtout pour les publicités à la télévision. Récemment, nous nous sommes beaucoup amusés à produire tous les bruitages d’un film. Un sacré travail !
Es-tu autant cinéphile que mélomane ?
Non, ma culture en matière de films n’est pas si importante, ce n’est pas vraiment mon univers. Même si, depuis que je suis un ado, je vais au cinéma comme tout le monde. Par exemple, je ne saurais pas dire quel est mon film préféré. Il existe tellement de styles différents : les cinémas français, américain, chinois, iranien. Entre La Femme d’à côté de Truffaut, Metropolis de Fritz Lang, ou Star Wars, je ne sais pas choisir. En tout cas, c’est toujours intéressant de connaître d’autres cultures par le biais du cinéma.
Et la littérature : es-tu un gros lecteur ?
Non, lire est une des activités que je pratique le moins, malheureusement. Parce que, comme les mathématiques, la littérature est un moyen des plus sûrs pour faire fonctionner ton cerveau. Grâce à elle, tu peux réfléchir intensément, accéder à des idées profondes. Je suis content que le Brésil ait de bons écrivains comme Clarice Lispector ou Machado de Assis. Il existe également de très bons poètes. Le meilleur est, de mon point de vue, Arnaldo Antunes, il a fait d’ailleurs partie d’un groupe très populaire au Brésil. C’est une honte que je ne puisse pas lire le français dans le texte. J’ai lu Stendhal, mais traduit. Il faut éviter les traductions, c’est bien plus enrichissant de savoir lire l’original. Pour les auteurs que je t’ai cités, si vous pouviez les lire en portugais, ce serait parfait.
Ton premier concert avec ton actuel groupe, Moreno +2, s’est déroulé dans un musée d’art contemporain. Es-tu amateur de performances pluridisciplinaires ?
Oui, j’apprécie quand différents arts se rapprochent. Domenico, le batteur qui joue avec moi, se considère également comme un peintre. Quand nous avons donné ce show, il peignait en même temps une fresque !
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Moreno +2, Music Typewriter (Palm Pictures/Naïve).
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