Le duo frénétique de Toronto gagne en puissance, en rigueur. Et c’est bon.
C’est ce qu’on appelle une bonne crise de croissance. En trois ans d’existence, le duo electro-rock de Toronto est enfin devenu adulte. Déjà en devenant un quatuor. La paire d’électroniciens (Brian Borcherdt et Graham Walsh) s’est en effet offert les services à temps plein d’un bassiste et d’un batteur, qui apportent une force nouvelle et une indicible chaleur à leurs instrumentaux. Ensuite parce que leur musique plutôt freluquette en ressort considérablement musclée sans prendre d’embonpoint. Mais pas de méprise. Quand on parle ici d’electro-rock, pas question pour autant d’évoquer les terreurs de dance-floor à la LCD Soundsystem, dont le Losing My Edge est presque cité dans l’intro de Latin America.
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Car Holy Fuck ne cherche pas à gagner ses galons dans les clubs hype. Le concept du groupe, ce serait plutôt d’offrir un équivalent electro du math-rock, cette forme complexe et constamment en rupture prisée des groupes d’étudiants bigleux des campus américains qui chassent l’ennui entre deux cours. Holy Fuck, c’est plutôt du krautrock de régime, ce qui permet aux basses de rebondir sur un trampoline (Red Lights).
Les lignes de synthé se répètent savamment à l’infini sans bégayer, juste pour créer des atmosphères hypnotiques (P.I.G.S.) mais jamais droguées, toujours sous contrôle. Parfois, l’envie prend au groupe de s’offrir une ritournelle qui tente de dérider les sinistres familles du post-rock (Stay Lit) et du psychédélisme (SHT MTN). On pourrait se demander pourquoi des gars si charmants ont choisi un nom pareil. Fuck ? Pourquoi pas. Holy ? Parce qu’ils sont de “sacrés” numéros.
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