On le savait déjà mais Kanye West l’a confirmé : nul besoin d’attendre son deuxième album pour miser toutes nos économies sur lui. Sans prendre de gros risques. Au printemps 2004, son The College Dropout venait secouer un cocotier hip-hop américain qui avait fini par vider sa nappe phréatique à force de paresse. Sur la […]
On le savait déjà mais Kanye West l’a confirmé : nul besoin d’attendre son deuxième album pour miser toutes nos économies sur lui. Sans prendre de gros risques. Au printemps 2004, son The College Dropout venait secouer un cocotier hip-hop américain qui avait fini par vider sa nappe phréatique à force de paresse. Sur la foi d’un CV de plusieurs pages pour son seul travail de production, Kanye West venait de franchir la délicate barrière qui le séparait du statut d’artiste ? alors qu’il aurait pu continuer à engranger pépère les dollars auprès de tous ceux qui ont campé devant sa porte de studio, d’Alicia Keys à Ludacris en passant par Talib Kweli ou encore Britney Spears et Jamie Foxx.
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Pari plus que réussi puisque The College Dropout s’affirme comme l’un des meilleurs disques de sa catégorie en 2004. La moisson aux Grammy Awards sera excellente avec une dizaine de nominations pour finalement rafler les prix du meilleur album et de la meilleure chanson hip-hop, avec en prime une récompense pour le titre coécrit pour Alicia Keys. Ironie de l’histoire, West s’impose d’emblée dans la catégorie poids lourds, reprenant le flambeau de son ami Jay-Z pour qui il avait produit une belle brochette de classiques, à l’heure où celui-ci s’offre une retraite anticipée.
Depuis, Kanye West a contribué à la mise sur orbite de son pote John Legend, comme par hasard l’une des personnalités les plus intéressantes apparues récemment dans le paysage r n’b. Ce Late Registration se place dans la droite lignée du précédent, traçant un pont idéal pour tous ceux que le hip-hop rebute et qui trouvent la nu-soul trop mollassonne. Aidé cette fois du producteur Jon Brion, connu pour son aisance dans le registre pop (Aimee Mann, Fiona Apple), West se bâtit un son qui, sans révolutionner le genre, impressionne par sa limpidité, mettant avec toujours autant de facilité son amour de la soul au service de samples efficaces, avec quelques obligatoires emprunts au gospel (Roses, Hey Mama). L’ajout d’un zeste d’instrumentation live permet de varier les plaisirs de ses compositions, sans jamais tomber dans le clinquant ou la redite, modernisant un son hip-hop qui s’étend de A Tribe Called Quest à Common, plus soyeux quœurbain.
Kanye West enquille ainsi les pépites (Heard Em Say ; Gold Digger ; Drive Slow), et même quand il déploie l’artillerie lourde en pompant le Diamonds Are Forever de Shirley Bassey et John Barry pour le single Diamonds from Sierra Leone ou le Move on Up de Curtis Mayfield sur Touch the Sky, nul n’y trouve à redire. Car personne ne peut rien contre un artiste qui touche effectivement le ciel.
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