Qui s’en souvient ? Le 15 avril 1969, à 22 h 40, la première chaîne allemande, SFB, diffusa avec Land art la première exposition télévisuelle, organisée par Gerry Schum. On ne reverra pas de sitôt une telle expérience sur nos écrans cathodiques : “L’exposition télévisuelle Land art n’est pas un documentaire sur un événement artistique […]
Qui s’en souvient ? Le 15 avril 1969, à 22 h 40, la première chaîne allemande, SFB, diffusa avec Land art la première exposition télévisuelle, organisée par Gerry Schum. On ne reverra pas de sitôt une telle expérience sur nos écrans cathodiques : « L’exposition télévisuelle Land art n’est pas un documentaire sur un événement artistique qui se déroule en dehors du temps et du lieu de l’exposition… Les objets artistiques et les idées n’existent qu’à l’instant de l’émission. Aucun objet ne peut réellement être considéré ou vendu comme objet artistique. L’oeuvre d’art est le film lui-même.«
Qui y était ? Durant l’été 1986, les habitants de Gand laissèrent des artistes investir leurs maisons ou leurs appartements. Cinquante interventions disséminées à travers la ville : Daniel Buren, Bruce Nauman, Joseph Kosuth, Dan Graham…
Qui pourrait s’en souvenir ? En 1902, c’est dans la toujours très active Sécession de Vienne que Klimt, Klinger et Hoffmann s’essayèrent à une exposition conçue comme « oeuvre d’art totale » : hommage appuyé à Wagner, mais aussi volonté de rompre avec les grandes expositions et autres salons parisiens qui entassaient les toiles du sol au plafond. L’espace est réaménagé et devient spacieux, la lumière régulière évite les reflets, les structures s’adaptent à chaque nouvelle expo ; mine de rien, ces artistes viennois qu’on nous dit trop souvent fin de siècle réinventent l’art de l’exposition : c’est justement le titre donné à un ouvrage rébarbatif au premier abord, érudit à la lecture, passionnant au final et rassemblant trente études portant sur quelques expositions exemplaires du XXe siècle : une étable investie par Beuys en 1963, la boutique de Claes Oldenburg en 1961, la Première Messe-Dada Internationale organisée à Berlin en 1920, en passant par la très mythique « When attitudes become form », conçue en 1969 par Harald Szeemann… Où l’on voit comment l’exposition se trouve investie et malmenée par les artistes, comment elle devient plus qu’un moyen de monstration : un nouveau format de l’oeuvre, un art en soi. A l’heure où de nombreux artistes, institutionnels et critiques d’art prennent acte d’une véritable crise de cette pratique, ce livre d’histoire pose une question à laquelle il se garde bien de répondre : et si le xxème siècle avait épuisé et liquidé l’idée et le format de l’exposition ?
L’Art de l’exposition L’Art de l’exposition (Editions du Regard), 195 f, 430 pages,300illustrations.Jean-Max Colard
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