Largo, le nouvel album de Brad Mehldau, déplace radicalement son univers musical, du jazz acoustique vers une pop electro naïve, et pourtant, malgré un travail sur le son très moderne, rien dans ces douze plages ne lui échappe vraiment. Au milieu des distorsions, des bruitages et des contrastes appuyés par le mixage, c’est toujours cette […]
Largo, le nouvel album de Brad Mehldau, déplace radicalement son univers musical, du jazz acoustique vers une pop electro naïve, et pourtant, malgré un travail sur le son très moderne, rien dans ces douze plages ne lui échappe vraiment. Au milieu des distorsions, des bruitages et des contrastes appuyés par le mixage, c’est toujours cette même douceur que l’on ressent. Celle qu’il continue à dessiner en trio, patiemment, au creux de ses écrits minutieux ? en solitaire, mais toujours avec les autres.
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Sur une partition, le mot « largo » enjoint le musicien à ralentir le pas. De fait, la séduction de cet album tient dans sa langueur, cette manière de suspendre le temps, de laisser de l’espace entre les notes. Le pianiste, souvent dépeint comme un compositeur tourmenté, adepte d’une certaine complexité dans les formes, délivre ici des petites mélodies gaies, presque enfantines. Les reprises de Paranoid Android de Radiohead, de Dear Prudence de Lennon et McCartney restituent la charge sombre des versions originales dans une reconstruction minimaliste et très fidèle.
Méticuleux en trio, où sa démarche n’exclut pas l’idée d’une certaine pureté, le pianiste accepte avec le producteur Jon Brion de retoucher ce qui a été joué. Sur Largo, la superposition de strates sonores, l’ajout des cuivres, d’un riff de batterie soutenu, le mixage de tous ces éléments, le placement volontairement en retrait du piano opèrent comme une mise en scène. Sans overdubs ni boucles, avec juste des éléments live. Dans cette direction, jamais le pianiste n’est allé si loin qu’ici. Et son immersion dans un environnement électrique confirme que le jeune homme doux a du caractère, des convictions.
S’il affiche son respect pour le jazz, sa tradition, sa liberté, la qualité de dialogue qu’il permet, Brad Mehldau est dans son époque et Largo traduit son ouverture. Conscient de sa propension à creuser un sillon introspectif, Brad Mehldau prend avec Largo le contre-pied de ses essais précédents, pour présenter un album subtil dans sa conception, léger dans son apparence
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