Le premier album de la Liverpudlienne oscille entre dubstep, disco et r’n’b pour une remise à jour de la pop contemporaine.
Ceux qui, à l’écoute de ses premiers singles, voyaient déjà en Låpsley une frangine mal lunée de James Blake en seront pour leurs frais. Car c’est bien la pop que vise Long Way Home, le premier album de cette Anglaise, plus sûrement que les vapeurs romantiques post-dustep. Quant aux autres, qui voudraient lui coller sur le nez l’étiquette de “nouvelle Adele”, ils se méprennent tout autant :
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“C’est difficile d’écrire des pop-songs mais elles peuvent vous ouvrir des portes. Il y reste très peu d’espace pour une pop émotionnellement honnête. Aujourd’hui, le public a l’oreille saturée par une musique contrefaite.”
Larguer la concurrence
Pour larguer la concurrence, l’Anglaise de 19 ans aux faux airs d’Alison Goldfrapp a sa propre formule : accoupler sans dogme son ambient DIY avec tout ce qui lui passe par l’oreille – du disco (Operator) au r’n’b (Falling Short) en passant par la soul aux yeux bleus (Painter) :
“Chacune de mes chansons épouse un style différent. L’unique lien, c’est mon écriture. Je voulais faire de ce disque une plate-forme. A l’avenir, quoi que je fasse, on se référera à ce premier album.”
Pas faux. Résultat ? Une musique chimiquement instable qui rince à l’aquarelle toutes les douleurs postadolescence de la jeune fille. A commencer par une gueule de bois amoureuse particulièrement sévère :
“Je parlais récemment à mon ex et je lui disais : ‘Ces chansons parlent peut-être d’événements qui te concernent mais c’est un album très égoïste. Ça ne parle que de moi et de mes sentiments. Pas de toi’.”
Originaire de Southport, charmante station balnéaire du nord de Liverpool, Holly Låpsley Fletcher (son vrai nom) a grandi sous des auspices musicaux plutôt cléments : “Mon père était obsédé par les Smiths. A 12 ans, je connaissais toutes leurs chansons par cœur. Ma mère, elle, écoutait plutôt Kate Bush, Björk ou Stevie Knicks.” Mais c’est toute seule, ado, que Låplsey découvrira Joni Mitchell, Bon Iver et les soirées techno liverpudliennes. “J’écoute beaucoup d’électronique extrême. Même si ma musique est plus tempérée.”
« Avec un laptop, un clavier et un micro »
Dès 12 ans, elle compose ses premières chansons. A 17, elle se résout à les enregistrer dans sa chambre et les distille au gré de ses humeurs sur soundcloud. “Parce que c’est comme ça que tu commences quand tu n’as pas de fric : avec un laptop, un clavier et un micro.” Enroulée dans sa couette, elle met au point ces mélodies bâties sur la glace, faites de claviers humides, de beats feutrés et de filtres vocaux qui lui permettent à l’envi de changer de sexe :
“J’adore chanter avec les ‘drop vocals’. Ça me permet de montrer un autre versant de l’histoire. Et je préfère les voix masculines. Elles charrient plus de doutes.”
Son premier ep Monday dépasse les 500 000 écoutes sur la plate-forme audio. Suspicieux, les blogs anglais se demandent s’il n’y aurait pas un homme dans l’ombre de cette bedroom producer :
“Parce que je suis une fille, je ne pourrais pas produire ma musique. On en est là. Evidemment, on m’a filé un coup de main pour ce disque ! Je ne connais pas la moitié de l’équipement d’un studio pro. Mais l’implication de Roddy (Rodaidh McDonald, le producteur maison de XL Recordings) n’a pas diminué ma créativité. Il m’a simplement assisté d’un point de vue technique.”
Compris ?
Concert le 5 avril à Paris (Boule Noire)
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