Avec ses mélodies enivrantes entre rap, r’n’b incandescent et rythmiques trap, la jeune protégée de Lil Yachty floute les frontières musicales.
Sur un premier album vaporeux, la jeune Kodie Shane croque à pleines dents le rap et le r’n’b contemporains pour en faire une bulle au romantisme queer et psychédélique. Au détour d’une interview pour le site d’une boisson énergisante, on lui demanda récemment où elle se voyait dans dix ans. Sa réponse – “dans un yacht avec cinquante meufs” – s’avéra moins banale que la question.
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Cash et cool
Née Kodie Williams en 1998, la millennial installée à Atlanta a un petit côté rentre-dedans. Elle doit son prénom à la légende de l’Ouest, William Frederick Cody aka Buffalo Bill. Quant à son premier nom d’artiste, The Don, il faisait référence au héros addict au sexe d’une romcom de Joseph Gordon-Levitt. Son abandon n’aura pas entamé l’attitude cash et cool de la “don juanette” revendiquée.
Entre bubble gums, rap et r’n’b
Issue d’une famille de musiciens et managée par sa mère, Kodie s’est embarquée à 16 piges dans la Sailing Team, la fringante flotte de Lil Yachty, jusqu’alors exclusivement masculine. Le courant passe crème avec la tête de proue du SoundCloud rap, quelques featurings le confirment. Si Lil Yachty ne figure pas sur l’album de Kodie (qui compte seulement deux invités), la star aux tresses rouges partage avec sa protégée un penchant gourmand pour les moods extatiques et les refrains flottants. Sur Young HeartThrob, Kodie Shane radicalise cette esthétique vaporeuse de stoner movie, en faisant passer les mélodies liquides à l’état gazeux. Les “yeah” s’étirent à l’infini tels des bubble gums, rap et r’n’b fusionnent (“She like it when I rap, but love it when I sing to her”, résume l’imparable Sing to Her), se chauffent mutuellement dans un spa de reverb et de rythmiques trap signées Matty P, pour finalement entrer en ébullition.
Un enivrant bain psyché
Les fragments flous de discours amoureux se forment et s’élèvent comme les bulles d’une BD sous MD, gonflées au désir autotuné, tandis que le flow élastique de la rappeuse s’épanouit dans un nuage narcotique où cohabitent flirts torrides (entre filles essentiellement), hiatus amoureux, solitude en terrain festif et brouillard des sentiments. C’est dans cet enivrant bain psyché que la très fluide Kodie Shane nous plonge, en marchant crânement sur l’eau.
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