Ancien CQFD, le Français Saycet ouvre en grand les fenêtres de son studio-cocon pour une merveilleuse BO des grands espaces. Critique et écoute intégrale.
Comme beaucoup de démiurges de chambrette, qui ont commencé à envisager la musique comme on joue au Tetris – en alignant les petits blocs de musique sur un ordinateur- ami –, Saycet aurait pu faire carrière de décorateur sonique, d’illustrateur impressionniste. Mais cet ancien lauréat CQFD ne saurait se contenter de papier peint : les murs, comme le titre de ce second album le prouve, sont là pour être percés de fenêtres, pas décorés de joliesses au kilomètre.
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Loin du simple design, c’est à l’écriture, élancée et audacieuse, que s’attaque le Français, épaulé d’une voix toute en brouillards, et fidèlement secondé de la même âme d’enfant espiègle qui fait merveille chez Mondkopf ou Boards Of Canada. Cette part d’enfance, ce regard émerveillé et craintif, sont au centre même des symphonies languides et étales, peturbées de beats malades et d’idées noires, de Saycet, qui, à l’époque de CQFD, s’en expliquait ainsi : “Avec la musique, j’essaie de susciter des émotions qui ramènent en arrière, à l’âge de 5 ans ou même avant, quand on regarde les mobiles tourner au plafond. Ce n’est pas[attachment id=298] toujours agréable ; c’est parfois angoissant, l’enfance. J’appelle des sensations diverses, l’asphyxie, le frisson, des papillons dans le ventre, une bulle de savon, un baiser inuit… C’est comme un refuge, pas au-dessus des mortels mais à côté, ou en dessous, dans un petit cocon à l’abri du froid et de la démesure. On s’y trouve bien, la vie danse un peu.”
Et la vie, effectivement, danse ici : ce n’est pas le pogo, pas l’hystérie, pas la Saint Guy, mais ce n’est pas non plus la nature morte, la terre brûlée, la vie stérile de l’electronica : c’est une pop-music qui ne bombe pas le torse, qui a étudié la patience et la science, qui a appris de quelques sages – Eno, Phil Glass, Sigur Rós, Steve Reich – la beauté des soustractions, l’élégance de la sousenchère. Une chanson s’appelle ici Her Movie. Mais c’est la BO de votre film qu’a composée Saycet.
Album : Through the Window (MVS/Anticraft)
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