L’âge de raison musical de Cocosuma en clip et en mix

En 2002, les trois gamins de Cocosuma déclaraient ouvertement la guerre aux grandes personnes sur leur premier album, I Refuse To Grow Up, tout en pillant sans ménagement tous les acquis pop de ces trente dernières années.

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Avec son lot d’irrévérences et de distractions juvéniles, cet album s’etait taillé un joli succès, relayés par les magazines spécialisées, avec notamment une reprise de leur titre Innerlude dans le film Espion mais pas trop (The In-Laws d’Andrew Flemming avec Michael Douglas) et un succès improbable au Japon, l’autre pays des gaudrioles érigées en Art(ichaud).

Fat Chimo et Chab The Jab, les deux concepteurs/producteurs de Cocosuma ont du pourtant rapidement faire face à leur destin : leur chanteuse Jen H.Ka, désireuse de voler de ses propres ailes, a brisé leur petite cellule régressive.

Un coup dur qui, à bien y réfléchir, fut des plus salutaires. C’est lors d’un concert de la chorale suédoise à Paris que ces deux énergumènes voient la lumière. Au milieu de cette assemblée de jolies blondes en culottes courtes, Kacey, une jolie rousse impressionne Fat et Chab au point qu’ils décident (enfin) de grandir un peu.

Ils ont du en boire beaucoup, de la soupe, à partir de ce moment là ; en boire à même l’assiette et user de la mie de pain pour ne pas en laisser une goutte. Car désormais, en compagnie de Kacey, Cocosuma paraît bien plus sérieux.

En effet, à force de jouer avec les conventions de la pop-music, les deux producteurs-bricolos ont fini par comprendre et digérer les dix commandements de la pop-song. Et c’est avec émerveillement que l’on découvre ce Reindeer Show The Way, deuxième album à l’ambition pop épatante.

C’est un amour commun pour les Zombies et leur merveilleux chant du cygne Odessey & Oracle, ainsi que pour les albums solo de leur leader Colin Blunstone, qui décidera de l’orientation délibérément ambitieuse de leur musique.

Et c’est effectivement vers le début des années 70 que cet album semble lorgner. Folk, rock, pop, psychédélisme et collages sonores s’y déploient avec grâce, sans emprisonner l’écriture savante du groupe dans une bulle temporelle anachronique.

La voix charmeuse de Kacey, à mi-chemin entre la froideur de Nico et la frivolité d’une Nina Persson (The Cardigans) est l’une des grandes découvertes de cet album. Mise en valeur par des arrangements où trompettes, orgues, violons et moult bondieuseries mélodiques du meilleur goût se donnent la main, elle se fait tour à tour cajoleuse ou enjouée tout en restant définitivement mystérieuse.

Reindeer Show The Way, en décrivant avec mélancolie le passage de l’adolescence à l’âge adulte, est donc a mille lieu des excentricités passés. Et pourtant, comme nous les montre les clips de l’instrumental Le Fusible et du tubesque #1 [In your heart], que lesinrocks.com vous propose de voir cette semaine, le trio n’a pas perdu son goût pour les facéties. Pour compléter ces images, le groupe s’est fendu d’un inédit de haute volée, Nutopia, et d’un mix en deux parties, The End of the Endless Summer, spécialement concocté par le groupe et composé de perles folk et pop du début des années 70 (tracklisting ci-dessous).

The End of the Endless Summer Mix

Face A
Orleans : David Crosby
Ballad of Easy Rider : The Byrds
Hey Cowboy : Lee Hazelwood
Hazey Jane II : Nick Drake
Caroline Goodbye : Colin Blunstone
Aht Uh Mi Hed : Shuggie Otis
Tin Man : America
Heart Of The Country : Paul McCartney
Walking Man : James Taylor

Face B
Desperado : The Carpenters
A sunny day : Donovan
5 am : The Millenium
My Sweet Lord : George Harrison
Fallin’ In Love : American Spring
Thoughts Of You : Denis Wilson
On The Beach : Neil Young
Helplessly Hoping : Crosby, Stills & Nash

– http://www.cocosuma.net

Crédit photo : Missbeck

Avec l’aimable autorisation de 3rd Side Records