Impressionnante symphonie pour guitare droguée et démesure, ce Spiritualized n’est pourtant qu’à moitié réussi.Aucun membre de la dynastie Spacemen 3 à laquelle appartient Spiritualized n’a jamais réussi à remuer les foules en France. Cela fait quinze ans que Jason Pierce l’oeil dans le cyclone de Spiritualized fait de la musique. A […]
Impressionnante symphonie pour guitare droguée et démesure, ce Spiritualized n’est pourtant qu’à moitié réussi.
Aucun membre de la dynastie Spacemen 3 à laquelle appartient Spiritualized n’a jamais réussi à remuer les foules en France. Cela fait quinze ans que Jason Pierce l’oeil dans le cyclone de Spiritualized fait de la musique. A l’heure de l’electro-pop des uns, de la C86 des autres, il inventait avec son collègue Sonic Boom le son de la confusion. Une formule mathématique simple E = MC5 (E pour espace) avait conduit Spacemen 3 à composer un Revolution comme un terrain de manoeuvres, l’un des meilleurs titres rock de la décennie d’avant. Avec le temps, ils avaient aussi inclus le blues et l’électronique de Suicide dans leur melting-pot, les révélant antiquaires zélés, capables de transformer en espace tout ce qu’ils touchaient. Mais au bout de deux ans passés à faire la tronche à ses collègues, Sonic Boom est parti en laissant Spacemen 3 entre les mains du discret Jason Pierce. Si Sonic emmène avec lui le soufre, les drogues et la révolution, Jason Pierce garde les mélodies et le talent. Il fonda Spiritualized avec ses anciens collègues et sortit Lazer guided melodies, un premier album digne de figurer au milieu des disques de ses héros. On y découvrait trente ans de rock et de blues digérés, une dignité et une dimension quasi religieuse s’étendant bien au-delà des paramètres communément admis dans le rock. Un deuxième album calqué sur le premier lui apporta le succès commercial. On aurait pu croire que la montée de la jeune génération Labradford en tête allait quelque peu changer sa manière de considérer l’espace, mais non. Jason Pierce continue de faire de longs cercles concentriques autour de son nombril en utilisant les mêmes ingrédients qu’avant en pire. Si on retrouve dans le nouvel album le même cocktail de guitare, trompette, flûte, harmonica et piano, le son est maintenant devenu énorme et des gospels font des irruptions lourdingues au milieu des titres.
Pourtant, le Ladies and gentlemen d’ouverture est une splendeur, sorte de Bonne nuit les petits avec le gros fantôme des Beatles qui plane sur le nuage. Et puis on rentre dans le stade. Jason Pierce se déguise en Liam Gallagher, et les gospels débarquent, quelques gros solos réalisés avec tous les instruments de son arsenal mitent un Come together dont on ne peut sauver que la ligne d’orgue. Un titre plus tard et une terrible révélation étreint : Roger Waters est là quelque part et il pourrit le disque. Suivent pourtant quelques autres bons moments, un autre essai de pop rapide façon Inspiral Carpets, et puis on rentre dans le magique. Jason Pierce impose une voix blanche entre les décharges d’énergie de Home of the brave. Il s’endort en fin de titre et on rentre dans son cauchemar linéaire, rempli d’orgues et de trompettes. C’est sans doute le meilleur moment de l’album, alors il ne lâche pas le filon : on l’entend se réveiller sur Broken heart, titre saturé de mélancolie et de violons. Il réessaie le même truc sur Cool waves, mais l’intimité de sa chanson est troublée par l’arrivée de quelques centaines de choristes. Toutefois, ce Ladies and gentlemen contient suffisamment de cimes pour pardonner ses grosses fautes de goût ne reste à Jason Pierce qu’à jeter Waters à l’eau.
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