On attendait tellement du second album de The Pharcyde que même l’excellence ne suffit plus. Admirable et décevant. A force de nous faire patienter-trois ans déjà depuis leur premier sans faute Bizarre ride – et de nous mettre l’eau à la bouche ces derniers mois -les excellents singles My soul sur la compilation State of […]
On attendait tellement du second album de The Pharcyde que même l’excellence ne suffit plus. Admirable et décevant.
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A force de nous faire patienter-trois ans déjà depuis leur premier sans faute Bizarre ride – et de nous mettre l’eau à la bouche ces derniers mois -les excellents singles My soul sur la compilation State of emergency et Runnin en avant -goût de ce Labcabincalifornia-, c’est la bave aux lèvres que les Pharcyde nous trouvent dans un premier temps, avant de nous laisser sans voix. Plusieurs écoutes seront nécessaires pour dissiper une déception à mettre davantage au compte de l’espoir démesuré que des menus dérapages de cet album globalement réussi. Antidote lumineux au hip-hop angeleno saturé de gangsta-rappers, le quatuor avait fait preuve en 1991 d’un ton novateur, bannissant l’art galvaudé de l’insulte et de la menace tout en mêlant humour, énergie, grâce et vulnérabilité. En trois ans, Tre, Imani, Fatlip et Romye n’ont pas appris à faire les gros bras, mais ont indéniablement mûri et entendent le faire savoir. De manière peut-être un peu trop ostensible, et c’est laque Surgit le premier malaise : en s’affranchissant de leurs réjouissantes gamineries, en tuant les jeunes chiens fous de Yo Mama, ils découvrent, maladroits, le sérieux et les
responsabilités. Comme bien d’autres rappers avant eux, expérimenter les revers du succès leur aura fait perdre en innocence et gagner en amertume, tout en leur inspirant l’essentiel des thèmes du second album(la pression : Runnin ; les groupies : Groupie therapy ;les copieurs : Pharcyde, Hey you ou Drop ; la rouerie de l’industrie musicale : Devil music). Séparé de son formidable producteur J-Swift pour divergences musicales, le groupe donne musicalement cette fois dans le mid-tempo charmeur, voire popisant, la basse partout souveraine. Illuminé par l’originalité des échantillonnages – guitares accoustiques, pianos mélancoliques, xylophones mutins comme échappés d’un générique de film de Tati, magnifique sample bossa de Stan Getz sur Runnin – Labcabincalifornia ne se gêne pas, à l’occasion de flirter avec le rhythm’n’blues le plus filou et racoleur (She said). Et c’est de là que provenait le second grief… vite enterré. Car si la course à la respectabilité a fait perdre à Pharecyde un peu de sa fraîcheur originelle, il faudra se garder de comparer cet album au premier et se contenter de le juger à l’aune des productions actuelles. Il apparaîtra alors pour ce qu’il est: un splendide ouvrage de rap progressiste, intelligent et chaleureux.
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