A l’occasion de la réédition en DVD du documentaire de Michael Collins Dreaming My Dreams sur la vie de Marianne Faithfull, lesinrocks.com vous propose un extrait d’une session live en vidéo.
Retracer la vie de l’ex-égérie des années 60 Marianne Faithfull n’est pas une tâche des plus aisées. L’Américain Michael Collins aura en tout cas évité bien des écueils avec son documentaire Dreaming my Dreams qui a le mérite de parcourir dignement la vie de Marianne, de la une des magazines people jusqu’à la reconnaissance de ses pairs, en passant par ces années de débauche, durant lesquelles l’héroïne a bien lui failli coûter la vie.
A tout juste seize ans, Marianne Faithfull débarque dans le Swinging London après des années passées en pensionnat de jeune fille. Andrew Oldham, homme d’affaires crapuleux alors manager des Rolling Stones, fait vite main basse sur le sourire mystérieux de Marianne. L' »ange blond aux gros seins » (dixit Oldham) hérite de la première chanson estampillée Jagger-Richards, As Tears Go By, qui propulse son joli minois à la une des magazines.
Elle se retrouve sur la route, multipliant les concerts, dans l’univers typiquement masculin de la musique. Mariée à John Dunbar, intellectuel qui la présentera à Allan Ginsberg et William Burroughs, Marianne Faithfull aborde peu à peu le théâtre et le cinéma avec plus ou moins de succès. Elle abandonnera son mari pour se jeter dans les bras de Mick Jagger dont elle tombe éperdument amoureuse.
En traînant dans l’entourage des Pierre Qui Roulent, Marianne découvre les drogues, le haschisch d’abord, puis le LSD, la cocaïne et enfin l’héroïne. Inévitable descente aux enfers commencée dans l’idéalisme le plus fécond et qui aboutira au désespoir le plus profond. Marianne s’enfonce, perd peu à peu toutes ses attaches, et quitte pour un temps le monde du show-biz.
Des années de débauche, Dreaming my Dreams n’en fait pas étalage. Tout juste sait-on qu’elle squatte à droite à gauche, sans argent, entourée d’une ribambelle de laissés pour comptes. Quelques disques sortent épisodiquement, mais elle-même avoue ne pas très bien se rappeler les avoir enregistrés.
La porte de sortie viendra avec le mythique Broken English, superbe collection de chansons désespérées où l’ange blond à la voix sucrée devient cette femme d’âge mûr sur fond bleu, la cigarette à la main et la voix éreintée par une décennie d’excès.
En 1985, Marianne se fera son dernier fix d’héroïne, frôlera la mort et trouvera là l’énergie pour repartir. Les années 90 la verront publier une série d’albums inspirés (Strange Weather, A Secret Life en compagnie d’Angelo Badalamenti, 20th Century Blues et The Seven Deadly Sins reprenant le répertoire de Kurt Weill, Vagabond Ways?) avant de faire un retour remarqué avec un album plus orienté pop, Kissin’ Time, composé pour elle par une pléiade de « jeunes » fans transis (Etienne Daho, Beck, Billy Corgan’).
On ne peut guère éviter, en évoquant la vie de Marianne Faithfull, d’y voir une figure emblématique de ces quarante dernières années. Son cas est presque trop « beau » : jeune, frêle et innocente au début des sixties, junkie dépravé tout au long des seventies, retour en grâce au début des eighties et toujours là, en ce début de millénaire, par Dieu sait quel miracle.
Tout au long du reportage, Marianne continue néanmoins d’entretenir le mystère sur elle, parle à demi-mots par moments et laisse son sourire énigmatique parler à sa place. Malgré les commentaires de quelques autres « survivants » (Keith Richards et Anita Pallenberg, son biographe David Dalton ou son premier mari John Dunbar), ce sourire d’une tristesse insondable restera la seule véritable énigme de ce documentaire.
A l’occasion de la réédition du documentaire Dreaming my dreams en DVD, lesinrocks.com vous propose de voir un extrait de la session enregistrée en 1999 au West 54th où la belle Marianne reprend ce As Tears Go By plus de trente ans après l’avoir chanté pour la première fois.
Avec l’aimable autorisation de Eagle Vision