Avec son troisième effort, Izia se noie dans les clichés de la pop en français après avoir écumé ceux du rock à guitares.
le sujet
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La famille Higelin n’est pas du genre à se laisser aller : après Jacques le papa et Arthur le demi-frère, Izia s’est lancée dans la chanson dès qu’elle a eu l’âge de le faire, enchaînant très vite par une série de concerts et passant notamment par le Printemps de Bourges. Nous sommes alors en 2006. Izia a 15 ans. Trois ans plus tard, en 2009 donc, elle sort un premier album où se développe un sérieux penchant pour un rock du genre braillard. Penchant confirmé en 2011 avec So Much Trouble, deuxième album dans la veine du précédent. Ses airs de “nouvelle Janis Joplin”, comme certains n’ont pas hésité à la présenter, séduisent toutefois un public assez large. Depuis, on avait un peu oublié Izia, mais la (toujours) jeune Française est de retour avec un troisième album, annoncé comme un virage radical. Vraiment ?
le souci
Avec La Vague, Izia change en effet complètement de registre mais ne perd pas ses vilaines habitudes. Après avoir exploré, en long, en large et en travers, tous les clichés du rock à guitares, elle s’empare de l’idée qu’elle se fait de la pop et adapte sa posture : à travers la crédibilité du producteur Johnny Hostile (Savages, Lescop), les guitares laissent la place à l’électronique, les textes ne sont plus en anglais mais en français (à quelques passages près), et la dégaine se veut plus chic, plus arty, plus nuancée. Il suffit d’écouter le single-titre, La Vague, et de regarder son clip – où Izia fait des roulés-boulés dans un drap blanc sur fond noir – pour se faire une idée de sa volonté d’élégance et de théâtralité. Mais l’esbroufe reste la même, Izia n’étant pas plus crédible en diva branchée qu’elle ne l’était en rockeuse révoltée : n’est pas Christine And The Queens qui veut.
le symptôme
De La Femme à Fauve, en passant par Granville, Moodoïd et Feu ! Chatterton, on a bien compris que les jeunes talents d’ici se réapproprient la langue française pour l’imposer en condition nécessaire du cool. Nécessaire, mais pas suffisante : c’est trop facile de suivre les tendances sans prendre le risque de se tromper, c’est pas joli de viser le mainstream en pillant méthodiquement les codes et l’esthétique des indés. Mais ça, Izia n’a pas l’air de s’en préoccuper. Et ce n’est pas Les Ennuis, son feat avec Orelsan, qui atténuera l’impression : avec La Vague, Izia surfe une nouvelle fois sur les évidences et la facilité, sans jamais se remettre complètement en question.
{"type":"Banniere-Basse"}