Un an après la sortie de son album « Post Tropical », l’Irlandais a sorti la dernière vidéo d’une trilogie commencée en décembre 2013. A regarder comme un court métrage.
C’est le genre de chose qui peut arriver quand on donne carte blanche à quelqu’un : il y a un an, alors que James Vincent McMorrow sortait son album Post Tropical, il annonçait que les clips seraient réalisés par l’Irlandaise Aoife McArdle et qu’il s’agirait d’une trilogie. En décembre 2013, il expliquait leur rencontre.
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« J’ai découvert son travail avec une vidéo qui était sans doute ma préférée de l’année : Open Eye Signal de Jon Hopkins. Elle a réussi à saisir quelque chose que je vois rarement dans les clips, à la fois la simplicité et la narration. Et en plus esthétiquement, c‘est incroyable. Je l’ai contactée immédiatement, (…) et elle est revenue vers moi avec cette lecture. Ce sont ses réactions à la chanson. »
Ce qui avait donné cette bande annonce plutôt alléchante.
Une liberté totale à une autre artiste
Sauf qu’un an plus tard, il manquait toujours la dernière partie du triptyque annoncé. Le songwriter Irlandais vient de la dévoiler en expliquant pourquoi cela avait mis autant de temps. En offrant une liberté totale à une autre artiste, il s’est senti dépassé par sa proposition. Il attendait de la troisième vidéo qu’elle soit une rédemption, moins déséspérée, arride et violente que les deux premières. Sur Facebook, le chanteur explique :
« Cette vidéo, je voulais qu’elle ait plus d’espoir. Peut-être est-ce la raison pour laquelle je l’ai retenue si longtemps. Lorsque je fermais les yeux et que j’imaginais la vidéo, c’était différent. Mais j’ai demandé à Aoife de me donner sa vision de mon travail, et c’est ce qu’elle a fait. (…) C’est pour cette raison que cette vidéo et la trilogie dans son ensemble méritent d’être vues comme elle l’a imaginée (…). Après l’année incroyable que j’ai passée, je suis capable d’y voir un peu d’espoir. «
La boucle est bouclée : voici la trilogie complète imaginée par Aoife, trois vidéos à regarder les unes à la suite des autres comme un court métrage de quinze minutes. Et heureusement que James a décidé de publier la dernière vidéo, qui permet d’éclairer les deux précédentes. Chacun des trois clips suit successivement un personnage d’une même famille. C’est un regard différent sur la même violence contre soi et envers les autres, la même solitude, le même désespoir. Et surtout, la difficulté de ressentir à nouveau quand on s’est négligé depuis trop longtemps. C’est l’histoire de gens qui errent, qui partent en guerre contre eux-même pour se réveiller.
Première partie : Cavalier, octobre 2013
Un jeune homme, à peine majeur, est seul dans un club des Etats-Unis. Il embrasse tour à tour des danseuses pour mieux les repousser. Il passe de l’une à l’autre, comme à la recherche d’un sentiment de puissance, et de moins de solitude. Il boit, provoque, vacille vers les toilettes avant de revenir vers la piste. Il frappe et s’abîme comme si ses sens avaient été anesthésiés. Puis fuit violemment.
Deuxième partie : Red Dust, décembre 2013
Il doit être midi. Une jeune fille rentre chez elle. Son corps est maigre, tatoué, habillé à la hâte. Le regard est dur et cerné. Elle s’approche d’un garçon, dont les traits sont les mêmes que l’adolescent de la première partie, Cavalier. Ils ne sont plus capables de se parler, et s’agrippent violemment dès qu’ils s’aperçoivent. Bientôt, la jeune fille s’échappe dans sa chambre et se met à boire à même le goulot d’une bouteille d’alcool, insensible. Une manière de se donner le courage d’enfiler les habits d’un homme parti, peut-être le père de la famille. Elle finit par se raser les cheveux face au miroir – une sorte d’accomplissement douloureux.
Troisième et dernière partie : Glacier, janvier 2015
Une femme marche au petit matin sur une route poussiéreuse du sud des Etats-Unis. Sa démarche est maladroite – nuit blanche oblige. Elle a voulu être jolie, elle a voulu séduire : maquillage qui souligne ses rides et sa fatigue, boucles d’oreille, legging rouge en lycra. Ce dernier clip, c’est l’histoire d’une libération, et c’est peut-être là que se trouve l’espoir que ne réussissait pas à voir James Vincent McMorrow. Sentir à nouveau ce corps qui n’était plus qu’un bout de viande, le secouer, retirer ces talons qui le déséquilibrent plutôt qu’ils ne l’élèvent. Elle retourne dans la caravane, reprend son rôle de mère et prépare le petit déjeuner. Comme si de rien n’était.
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