Dans la foulée de son petit dernier, Closer, Richie Hawtin alias Plastikman vient en France en décembre pour une mini-tournée de trois dates. Entretien.
Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?
Ça a été très différent que pour mes précédents albums que j’enregistrais en 3/4 jours. Là ça a été un long processus, j’ai mis 6 mois. J’en avais assez de me contenter d’inventer des mondes imaginaires. Avec Closer, je voulais capturer la manière dont je pense, les paysages de mon cerveau si l’on veut. Je pense qu’au final le disque est un reflet très fidèle de la façon dont mon esprit fonctionne et de et comment je me sentais pendant l’enregistrement.
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Pendant Closer, je me suis beaucoup coupé de mon entourage, famille, amis. J’ai quitté New York pour revenir au Canada et je n’ai prévenu personne. Je me levais à 19h , je travaillais la nuit. J’ai commencé à vraiment vivre dans ma tête et j’ai remarqué que plus j’allais dans ce sens, plus j’étais honnête avec moi-même et plus ça devenait simple, même si je devenais un peu schizo Enfin je crois que c’est ce qui arrive à quiconque se donne vraiment le temps de penser. Puis la musique est venue, la voix, tout s’est organisé comme jamais auparavant.
Au final, Closer est un disque très impliquant, un peu terrifiant aussi
C’est vrai que c’est loin d’être calme dans ma tête et que c’est peut-être un peu flippant d’emmener les gens aussi près.
L’album demande effectivement beaucoup d’attention, il faut vraiment s’y plonger. Mais je pense que c’est à ce prix que les gens peuvent en retirer quelque chose. Pour moi cette interaction est essentielle, ma musique doit être accessible.
Un des titres les plus impressionnants de l’album s’appelle Disconnect. Que voulais-tu exprimer ?
Mon rapport à la technologie. Parce que je me suis rendu compte que depuis l’âge de 8 ans, âge auquel j’ai découvert les ordinateurs, ma vie est intiment lié à la technologie. Je fais de la techno, je voyage sans cesse pour faire le DJ, je communique par mail, je suis continuellement connecté si l’on veut. Cette chanson raconte ma tentative de déconnexion. Au départ ça a été une souffrance mais en même temps c’est en faisant ça que j’ai réussi à créer une musique qui me permette de me connecter avec beaucoup de gens d’une façon que je considère plus directe et plus authentique
Tu n’aurais pas pu faire de la musique sans les ordinateurs ?
Je ne pense pas. Je n’ai jamais de guitare ou quoi que ce soit d’autre. Mon obsession c’était les ordinateurs. Alors quand vers 17 ans, j’ai commencé à aller à Detroit tous les week-ends et que j’ai rencontré des gens qui en utilisaient pour faire la musique ça a été un choc : c’était quelque chose que je comprenais profondément, comme si mes obsessions prenaient sens. J’ai voulu faire partie de ça tout de suite, Je suis devenu DJ à 17 ans puis j’ ai sorti mon premier disque à 19 ans.
Que penses-tu de la techno aujourd’hui ?
C’est une époque intéressante. Pendant longtemps il y avait la house, la techno, point. Aujourd’hui c’est beaucoup plus ouvert, il y a beaucoup de choses qui se produisent dans l’entre-deux. Je pense surtout à des disques qui viennent d’Allemagne (les labels Kompakt, B.Pitch Control) qui intègrent beaucoup d’éléments pop, des voix. Ce sont des développements intéressants. J’aime aussi beaucoup Ricardo Villalobos.
Plastikman jouera le 12 décembre à Montpellier (Villa Rouge), le 13 à Toulouse (Havana Club) et le 20 au World (Paris 12e).
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