Resserrée dans les dates, pluridisciplinaire et ouverte à l’Europe, l’exposition Les années Pop joue le jeu de l’expo historique, mais parvient à offrir un regard élargi sur le Pop Art. A découvrir, notre mini-galerie consacrée aux artistes pop, la bouillonante période de l’underground new-yorkais au cinéma et quelques chefs d’oeuvres cachés de la pop music de ces années d’abondance.
A l’image des produits qu’ils peignent, sérigraphient, recyclent, malmènent ou célèbrent, les artistes des années Pop ont connu une valse d’étiquettes. Mais le terme « Pop » l’emporte très vite, venu d’Angleterre sous la plume du critique Lawrence Alloway pour désigner les objets populaires issus de la nouvelle culture de masse, et capturé en 1962 par les artistes américains en raison de l’origine inévitablement US de cette nouvelle réalité socio-culturelle, qui a la couleur du Ketchup et le goût du Coca-Cola.
1956-1968 : le parcours des années Pop s’organise en trois grands volets et commence autour de multiples appropriations et détournements de l’objet populaire par des artistes US et Européens. Après la guerre et dans la nouvelle abondance de l’économie de masse, c’est l’époque des affiches déchirées de Raymond Hains et Jacques de la Villeglé, des premiers drapeaux de Jasper Johns, des Combine paintings de Rauschenberg, tandis qu’à Londres l’expo-événement This is Tomorrow de l’Independant Group composé d’architectes, artistes, designers et historiens d’art, rassemble des objets archéologiques, des robots et des images de Marilyn.
Ensuite vient le Pop Art à proprement parler, représenté surtout par une peinture figurative qui reproduit les images de la culture populaire : publicité, packaging et bande-dessinée.
Très vite, ce premier mouvement euphorique perd de son souffle et le Pop Art procède à sa critique interne : en 64, Warhol commence à faire des films, arrête la peinture (qu’il ne reprendra qu’à la fin des années 60), tandis que Lichtenstein quitte la BD pour une réflexion plus élevée.
« Intituler cette exposition Les années Pop, explique Catherine Grenier, commissaire de l’exposition, c’est justement une façon de ne pas se réduire au Pop Art, mais de s’ouvrir à la Côte Ouest des Etats-Unis par exemple, de suivre dans l’architecture ou le design les développements du Pop, et surtout de pouvoir rééquilibrer les choses avec l’Europe ». Pari tenu et, à coup sûr, les Américains de passage à Paris ne se retrouveront pas entièrement dans cette exposition qui ouvre et fait bouger le paysage habituel du Pop Art, tout en assumant pleinement le jeu de l’expo historique au succès garanti, avec ses chefs-d’ uvres attendus (la Marilyn de Warhol, les comics de Lichtenstein, les beautés électriques de Martial Raysse, les tableaux d’intérieurs de Tom Wesselmann), ou encore son évocation de la Factory dans un couloir tapissé d’aluminium.
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Les années Pop, Centre Georges Pompidou, Galerie 1, niveau 6, Jusqu’au 18 juin.
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