Entre jolies mélodies, engagement en filigrane et affirmation de soi, un retour éclatant pour la chanteuse française.
Sur la pochette, elle apparaît apaisée, affirmée, l’aisselle en friche naissante. Le regard clair. Réalisée par le photographe Mathieu Zazzo, cette image incarne le sixième album de Jeanne Cherhal : “Je suis non retouchée, telle quelle, comme dans mes chansons. Les diktats ancestraux selon lesquels la femme doit être lisse n’ont plus lieu d’être.” Les mélodies des dix plages de L’An 40, addictives dès la première écoute, et les textes, d’une poésie ciselée, résonnent d’une force expressive féministe qui est la sienne depuis ses débuts.
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Un jeu de piano étincelant
En témoigne l’ouverture éponyme qui fête cet âge parfois craint – à tort. “40 ans, c’est un âge équilibrant, le début de la maturité, le sentiment d’avoir un peu accompli, mais avec encore beaucoup de portes qui peuvent s’ouvrir.” C’est un peu partout qu’a été écrit le disque, lors de semaines d’immersion totale dans la musique, sans proches ni réseaux sociaux. Puis, après des bases jetées au piano à Paris, L’An 40 a été enregistré à Los Angeles. Elle y a retrouvé deux batteurs qu’elle admire, Jim Keltner et Matth Chamberlain, tous deux présents sur l’un de ses albums préférés, When the Pawn… (1999) de Fiona Apple : “Ce type d’écriture, les distorsions des chansons, hors académisme… C’est une nourriture sonore qui m’accompagne depuis vingt ans déjà.”
A L.A., Jeanne Cherhal a pu s’allouer les services d’une chorale de gospel (parfaite sur Racines d’or) et profiter des joies d’un enregistrement live “épidermique, spontané, sans filet”. De quoi affirmer son “grand amour pour le piano”, ici soumis à des juxtapositions et à un jeu étincelant : “Celui sur lequel je joue depuis plus de cinq ans, dans un petit endroit près du Père-Lachaise, est de plus en plus conforme à ce que j’attends de lui, avec ses basses puissantes, ses aigus plus feutrés…”
Sans oublier un groove qui transperce chaque titre, entre les mélancoliques Fleur de peau et Ton souvenir me prend ce soir, l’autoportrait Fausse parisienne ou encore le sublime finale d’Un adieu, évoquant Jacques Higelin : “Je l’ai connu il y a une vingtaine d’années quand je faisais ses premières parties. Sur scène, il était capable d’une liberté absolue, débridée. J’ai vécu cette cérémonie au Cirque d’hiver, offerte par ses trois enfants, comme un moment chamanique, à la fois joyeux et immensément triste. Cette chanson était une nécessité.”
L’An 40 (Barclay/Universal)
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