Emphatique et imposante, de la pop
américaine (bien) faite en Belgique.
Dans Les Faiseurs de silence, Fantasio présente à Spirou une révolutionnaire invention de son cru : l’aspison, un appareil portatif capable d’avaler tous les bruits environnants mais qui, une fois arrivé à saturation, peut à tout moment vomir le prodigieux vacarme qu’il renferme.
Eh bien, écouter le quatrième album des Belges de My Little Cheap Dictaphone, opéra pop où les bajoues de Brian Wilson tiennent implicitement le premier rôle, c’est un peu comme assister à une vidange de l’aspison : on en ressort le sens de l’orientation en berne et le squelette friable, mais avec la certitude du cosmonaute revenu des étoiles que l’on passera une bonne partie de notre vie à remettre ça.
A guetter l’élocution vacillante de Ralph Mulder, frontman des sous-estimés Alamo Race Track (Slow Me down), à se laisser balayer par les bourrasques symphoniques de What Are You Waiting for (avec Jonathan Donahue, de Mercury Rev), à opiner du chef au rythme de In My Head… bref, à clamer que, bien qu’il inclue de quoi faire siffler les oreilles d’Arcade Fire et de Nick Cave, The Tragic Tale of a Genius est grandiose.