A l’occasion de la sortie de leur quatorzième album Wool, petit retour sur quelques joyaux de la discographie du plus discret et du plus délicat des groupes pop : les Nits. Avec des extraits en écoute.
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Work
(1981)
A leurs débuts en 1979, ces hollandais d’Amsterdam baptisés « Les poux » étaient encore un peu rigides aux articulations et, à l’image de leurs pochettes géométriques, leurs chansons ressemblaient à des tableaux de Mondrian monochromes. Avec Work, ils n’attaquent pas encore le gros uvre mais posent des fondations pour les années 80 qui démarrent. En contrepoint à la techno-pop anglaise triomphante, ils forment à eux seuls une petite enclave surréaliste en pays batave.
En écoute : The Lodger
Adieu sweet bahnhof
(1984)
Manifeste pro-européen avec son nom trilingue, cet album est aussi le plus célèbre du groupe, la chanson-titre (une valse mélancolique) étant à ce jour leur seul véritable tube international. Le son s’est affiné et l’écriture pointilleuse de Henk Hofstede a trouvé son bon équilibre, à la fois plus souple et plus incisive que sur les albums précédents. Désormais, les Nits peuvent entrer sans complexe dans la compétition d’orfèvres pop à laquelle se livrent à l’époque Prefab Sprout et autres XTC.
En écoute : Adieu Sweet Bahnhof
Urk
(1989)
Contrairement aux albums live habituels (surtout les doubles), celui-ci n’est pas destiné uniquement aux fans du groupe. Il peut même idéalement servir d’introduction tant y sont regroupées les chansons phares du premier volet de la carrière des Nits, avec une prise de son exceptionnelle et un public (moscovite, notamment) d’une irréprochable civilité. Les Nits étant sans doute le groupe de scène le plus inventif côté décor, mise en relief de l’espace et de la musique, il est donc conseillé de se procurer la version vidéo de l’incroyable Urk.
En écoute : A touch of Henry Moore
Giant, normal, dwarf
(1990)
Les Nits abordent leur troisième décennie réduits à un trio mais avec le disque le plus chatoyant de leur carrière. Attention pourtant, car les couleurs solaires qui irradient les chansons proviennent directement de la palette du compatriote Van Gogh. Autrement dit, ce qui flamboie en apparence peut éventuellement cacher des tourments plus profonds et c’est justement la sensation qu’on retire de ces chansons trompeuses, une fois passé le goût de sucre glace des premières écoutes.
En écoute : Giant normal dwarf
Ting
(1992)
Non seulement le chef-d’ uvre des Nits mais également l’un des plus beaux disques de la décennie 90, voire plus si affinités. Cette fois, les poux se sont carrément cristallisés sur place et semblent habiter une planète de porcelaine intouchable, hors du temps, suspendue au milieu d’étoiles de verre. Voilà un disque qui, à l’instar de ceux de Talk Talk de la même période, respecte le silence et aborde la musique comme une façon élégante d’envelopper l’air ambiant, sans brusquer les délicats équilibres inventés par la nature. Un disque de bulles de savon sous une lumière diaphane, où même les véhicules (Cars & cars, Bus, Yellow boat) ont l’air de flotter dans l’atmosphère. Un bijou précieux.
En écoute : Ting
Remerciements à CBS et Sony
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