Alors que notre hors-série Electro est toujours disponible en kiosque et que se poursuit à la Philharmonie de Paris l’exposition Electro, de Kraftwerk à Daft Punk, une sélection de deux fois 75 pistes d’un courant qui aura longtemps été alternatif.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Daft Punk Da Funk (1996) Décollage de la deuxième party avec celui du premier étage de la fusée French Touch et ce morceau aussi fou que le clip de Spike Jonze qui l’accompagne. L’année suivante, Daft Punk enfoncera le clou avec le prémonitoire Around the World qui aura, en effet, une renommée internationale.
https://www.youtube.com/watch?v=IUNS6xU-kt0
Etienne de Crécy Prix choc (1996) Avant de rendre hommage à L’Académie des neuf grâce à son dispositif scénique cubique, Etienne de Crécy est à la tête de Super Discount avec, à ses côtés, un futur Cassius, Philippe Zdar, et le funkoïde Alex Gopher. Sur une ouate entêtante est évoquée une substance illicite qu’on vous laisse découvrir, avec les oreilles bien sûr, et qui n’est toujours pas en vente libre.
https://www.youtube.com/watch?v=pvL8dFK6JIU
Laurent Garnier Crispy Bacon (1997) French Touch, vraiment ? Certes, Laurent Garnier est né, comme… Booba, à Boulogne-Billancourt, mais c’est à l’Haçienda mancunienne qu’il se révèle en DJ en y important, entre autres, le meilleur d’Underground Resistance. Et le titre de ce morceau croustillant rappelle bien de quel pays il tient sa renommée.
https://www.youtube.com/watch?v=KevUFO2moZI
Jeff Mills The Bells (1997) Parmi les maîtres vénérés de Laurent Garnier, Jeff Mills, pilier d’Underground Resistance qu’il a quitté depuis, et dont ces Cloches de 1997 résonnent fort avec ledit Crispy Bacon dans leur manière de taper vite et fort pour s’incruster dans nos synapses.
https://www.youtube.com/watch?v=0KrFelB-0Hw
Moodymann I Can’t Kick This Feeling When It Hits (1996) Autre preuve que la scène de Detroit est encore vivace en ce milieu des années 1990, l’émergence de Moodyman avec ce morceau dont le climax se fait attendre pour n’en être que meilleur. Sous perfusion Chic, il finit par réussir son kick, soutenu par des boucles vocales féminines qui sentent bon le hit absolu.
https://www.youtube.com/watch?v=rmHDhAohJlQ
The Prodigy Breathe (1997) Pour reprendre la main, le Royaume-Uni se doit lui aussi de frapper fort (et vite). Voici venu le temps du Big Beat, des rythmes tribaux de The Prodigy et de son chanteur Keef Flint (disparu le 4 mars dernier) qui introduit les intonatations de Johnny Rotten dans l’electro.
https://www.youtube.com/watch?v=iTxOKsyZ0Lw
The Chemical Brothers Block Rockin’ Beats (1997) Même intention de nous en mettre plein la face chez les faux frères mancuniens de The Chemical Brothers avec ce Block Rockin’ Beats aux couches multiples où l’on croise samplés Schooly D, Pink Floyd et Bernard Purdie. Le tout menant au même résultat : la folie contagieuse.
https://www.youtube.com/watch?v=XmKJOdRf_3s
Fatboy Slim The Rockafeller Skank (1998) En 1998, la carrière de Norman Cook est déjà riche puisqu’il a été bassiste des délicieux Housemartins avant d’obtenir un tube inaltérable, Turn on, Tune in, Cop out, avec Freak Power. Encouragé personnellement par les frères chimiques précédents, il se lance dans le Big Beat. Et ça lui a plutôt pas mal réussi.
https://www.youtube.com/watch?v=Irzowp_AiZQ
Monolake Occam (1997) Loin de Brighton, Londres et Manchester, la scène berlinoise choisit lors de ces années-là une optique radicalement inverse au Big Beat : Less is more pour les tenants d’une techno minimale et non moins efficace pour affoler les neurones comme le démontre le parfait Occam de Monolake.
https://www.youtube.com/watch?v=he8fMUmxHOU
Boards of Canada Telephasic Workshop (1998) Au grand jeu du saute-frontière autant que du less is more, voici le duo Boards of Canada qui, il va de soi, est écossais et, gage de confiance, labellisé Warp. Leur album Music Has the Right to Children (1998) est une merveille de précision qui garantit des redescentes en toute confiance.
https://www.youtube.com/watch?v=nbOHJxTXf_o
Roudoudou Peace and Tranquility on Earth (1998) L’ex-chanteur de Oui Oui, dont le plus éminent membre reste Michel Gondry, Laurent Etienne fonde Roudoudou, dont il est l’unique membre. Peace and Tranquility on Earth porte bien son titre tant il éloge la paresse. Le morceau connaîtra un boost inattendu en servant d’illustration sonore au documentaire Les Yeux dans les Bleus dont il ponctue le bonheur d’être champions du monde de football.
Stardust Music Sounds Better with You (1998) En 1998, la France est donc championne du monde de football, mais aussi des dancefloors. Une moitié de Daft Punk (Thomas Bangalter) s’associe à Alan Brake et Benjamin Diamond pour revenir aux sources du disco-funk et s’assurer un succès aussi immédiat qu’addictif.
https://www.youtube.com/watch?v=EEbzm0oCJDQ
Trigbag Showtime (1999) A bien écouter Showtime et les morceaux précédents de cette playlist, on comprend aisément pourquoi les French DJ Laurent Garnier, Etienne de Crécy et Alex Gopher l’intègrent à leurs playlists, favorisant ainsi l’émergence d’une figure émergente puis majeure du genre, le Danois Trentmoller.
https://www.youtube.com/watch?v=AW–RGEGkUg
Cassius 1999 (1999) Cette même année déboulent Philippe “Zdar” Cerboneschi et Hubert “Boom the Bass” Blanc-Francard qui ont auparavant participé au meilleur de MC Solaar avant de muter en La Funk Mob, puis Cassius dont ce 1999 invite à la perdition dans la funky music.
https://www.youtube.com/watch?v=_9h81HDeENw
Mr. Oizo Flat Beat (1999) On l’ignore encore, mais Quentin Dupieux, alias Mr. Oizo, se réserve une carrière de grand cinéaste conceptuel. En attendant, il assoit son succès sur une peluche jaune devenue culte, une pub Levi’s et, surtout, des beats imparables à se taper la tête contre les murs.
https://www.youtube.com/watch?v=2DZdVQ3N9Xk
« rinôçérôse » La Guitaristic House Organisation (1999) Avouons-le, on a un peu oublié « rinôçérôse », groupe composé par un couple de psychologues de Montpellier, Jean-Philippe Freu et Patrice Carrié. Pourtant, leur Guitaristic House Organisation tient les promesses de son titre avec ses guitares tranchantes sur une house de bon aloi. De même que leurs Vacances à Rio propices à chiller.
https://www.youtube.com/watch?v=LK2qFtDanxw
The Aztec Mystic Jaguar (1999) Et pendant ce temps, il se passe quoi (comme dirait le regretté Charles) à Detroit ? Le mythique DJ Rolando mixe rythmes latinos et synthés acidulés en bonne compagnie puisque The Aztec Mystic, c’est aussi Mad Mike et Gerard Mitchell, autres piliers du ryhtme. Bref, tout est dit.
https://www.youtube.com/watch?v=z3YMxM1_S48
Moby Natural Blues (1999) Depuis ses débuts en 1983, Moby s’est beaucoup cherché. Techno, electro, punk-rock, entre autres… En 1999, il trouve la formule magique : sur ses propres mélodies tapissées de house, il plaque des voix gospel et blues trouvées chez le grand ethnomusicologue Alan Lomax. Ainsi de ce Natural Blues qui ne vit que du Trouble so Hard de Vera Hall. On lui reproche alors de piller le patrimoine noir pour faire de la musique pour Blancs et nous voici ainsi ramenés au bon temps du rock’n’roll.
https://www.youtube.com/watch?v=6QImCMjW-PMm
St Germain Rose rouge (2000) Même phénomène avec Ludovic Navarre qui, sur la foi de quelques EP et le grand succès Alabama Blues, publié sur le label de Laurent Garnier (F Communications), se voit ouvrir en grand les portes et les coffres-forts sonores de Blue Note pour construire l’album Tourist, d’où éclôt cette Rose rouge magnifiée de samples de Woman of the Ghetto de Marlena Shaw.
Sigur Rós Staralfur (1999) Petit moment de chill avant la remontée grâce aux Islandais de Sigur Rós d’abord en suspension et dont le caractère electro ne vient qu’à la longue. En 1999, ils ignorent encore qu’ils vont illustrer l’une des plus belles scènes de La Vie aquatique de Wes Anderson comportant par ailleurs d’absurdes séquences electro-Bontempi.
Air Playground Love (2000) On reste encore un peu dans la ouate avec Playground Love de Air. En 1998, ils ont investi la Terre entière grâce à leur safari lunaire et un Sexy Boy qui porte bien son nom. En 2000, ils débarquent à Hollywood pour la BO de The Virgin Suicides de Sofia Coppola dont le joyau Playground Love est chanté par le mystérieux Gordon Tracks, l’alias de Thomas Mars, chanteur de Phoenix, et futur époux de Sofia Coppola.
I:Cube Adore (1999) Remontée en pente douce avec cet Adore dont on ne sait trop que faire tant il déroute en oscillant entre rythmes écrasés, samples bien sentis et montées de cordes hypnotiques menant à la transe grâce à sa persévérance conceptuelle.
Lamb Cotton Wool (1999) Concept toujours avec Cotton Wool, extrait de l’album Fear of Four, où le duo Andy Barlow/Lou Rhodes se targuait de s’extraire des rythmes binaires et quaternaires pour créer une nouvelle ère dont témoigne ce Cotton Wool aussi cotonneux que déroutant.
https://www.youtube.com/watch?v=5ZT3gTu4Sjw&oref=https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3D5ZT3gTu4Sjw&has_verified=1
Aphex Twin Windowlicker (1999) Un des clips les plus traumatisants de l’histoire des clips – puisque YouTube demande encore aujourd’hui si tu as plus de 18 ans pour le visionner – ne saura éclipser tout le génie du morceau qu’il illustre et de celui qui l’a (dé)composé, comme tant d’autres tout aussi fascinants. De quoi vous dégoûter néanmoins de lécher la moindre vitrine.
Isolée Beau Mot Plage (2000) Bien avant Charlotte Gainsbourg, Isolée publiait lui aussi son album Rest contenant ce Beau Mot Plage dont les motifs et contournements n’incitent guère au repos et dont chacun des remixes qui compose son ep est une pure merveille.
Röyksopp Poor Leno (2001) Remontée en douceur, limite pop, avec le duo norvégien Svein Berge et Tornbjørn Bruntland dont les midtempos chaleureux trahissent des origines scandinaves qui ne demandent qu’à échauffer les esprits sans pour autant les enflammer, avec leur compatriote Erlend Øye derrière le micro.
https://www.youtube.com/watch?v=IRPz_hl2rdI
Miss Kittin & The Hacker Frank Sinatra (2001) Native de Grenoble, Miss Kittin publie logiquement un premier ep intitulé Gratin dauphinois. Mais c’est via Berlin qu’elle acquiert la reconnaissance grâce à des morceaux élégants et déjantés bénéficiant de la complicité de The Hacker tel ce Frank Sinatra, ou 1982, et parfois sans comme pour Kittin Is High.
Squarepusher Red Hot Car (2001) Dans la jungle, terrible jungle UK, Thomas Jenkinson ayant mué Squarepusher propose une drum’n’bass raffinée dont les breakbeats jazzy croisent une voix vocodée qu’on dirait aujourd’hui autotunée. De la belle oeuvre qui réussit le tour de force d’avoir du groove sous les intentions down-rythmiques.
https://www.youtube.com/watch?v=L2aUMxR2tUo
Theo Parrish Lost Angel (2001) Avec Theo Parrish, fondateur du label Sound Signature, la house de Detroit gagne en profondeur, ce qui en VO donne la deep house. Les préliminaires sont longs avant l’extase. Mais cet ange déchu, comme le fut Lucifer, apporte la lumière et une nouvelle house aux enfers vus comme des paradis perdus.
Playgroup Number One (2001) Derrière ce Playgroup se cache le matois Trevor Jackson qui minimalise la house en lui donnant un ton lennykrawitzien qui mêle esprit hippie, guitares seventies et chant soul. Pas vraiment electro diront certains, mais OVNI qui mal y pense.
https://www.youtube.com/watch?v=-5brVwLD6FI
Perfect Lovers Phantom/Ghost (Superpitcher Remix) (2002) Tobias Thomas et Superpitcher reprennent la main à Berlin et s’offrent une cavalcade phantomatique sous nette influence Pet Shop Boys si ces derniers avaient accepté un jour de prendre l’accent allemand.
Ellen Allien Alles Sehen (2003) Toujours confortablement installé à Berlin, on se cale avec le Alles Shen de la magicienne Ellen Allien qui, dès 1999 a fondé son propre label, BPitch Control. Et qui, précédemment, avait remixé avec dexterité le Rippin Kittin de Goldenboy feat. Miss Kittin, croisée elle aussi précédemment dans cette playlist.
https://www.youtube.com/watch?v=9oTtKMb3Z18
Ricardo Villalobos Easy Lee (2003) Mystérieux et le plus souvent absent des réseaux, le Germano-Chilien Ricardo Villalobos est l’auteur de plusieurs chefs-d’œuvre et de ce minitube. Easy Lee représente la parfaite bande-son pour chiller sur une plage d’Ibiza en regardant tomber le soleil dans la mer et se préparer à raver.
Lindstrom Music in My Mind (2003) Inutile de bouger de sa chaise longue plantée dans le sable baléarique. Ce Music in My Mind du maître norvégien du nu-disco laissera planer sur les derniers feux du crépuscule une traînée de langueur océane et de soul proche des ambiances dont Giorgio Moroder a gratifié Donna Summer (soit, pour mémoire, « été » en anglais).
https://www.youtube.com/watch?v=BL-0nC1vpmI
LFO Freak (2003) A la sortie de Freak, le duo Mark Bell/Gez Varley a déjà plus de dix ans de carrière et s’est déjà employé à pervertir la jeunesse mondiale en lui tapant dessus à grands coups de basses plus ou moins infra avec LFO (le morceau) ou We Are Back. Ici, la note d’intention du texte d’intro sera repsecté à la lettre : “This is going to make you freak”.
https://www.youtube.com/watch?v=JukJgxLiFLE
Vitalic Poney Pt. 1 (2005) Proche de The Hacker et sur les conseils de ce dernier, Pascal Arbez-Nicolas envoie quelques-unes de ses compos à l’influent Munichois DJ Hell qui le signe dans la foulée sur son label, International Deejay Gigolo Records. Devenu Vitalic, le Dijonnais démontre alors avec ce Poney Pt. 1 qu’en France aussi on peut taper sur la tête des jeunes grâce à des beats fiévreux sur cet ep parfait qui comporte également la Pt. 2 de ce Poney tubesque ainsi que le ténébreux La Rock 01.
https://www.youtube.com/watch?v=ajhvWNka_wI
Superpitcher Happiness (2004) Tout d’abord, Superpitcher est incontestablement un des plus beaux pseudos de l’histoire de l’electro. Derrière lui, l’Allemand Aksel Schaufler qui, une fois sorti des griffes d’une secte religieuse, débarque à Cologne et y rencontre Michael Mayer et Tobias Thomas, l’hydre à deux têtes de l’indispensable label Kompakt!. Hapiness est un extrait de Here Comes Love, une double profession de fois qu’il confirme en murmures : “I want happiness, i think happiness”.
https://www.youtube.com/watch?v=sVha49zTe7Q
Matthew Dear Tide (2004) On serait tenté de tricher en faisant de Matthew Dear un des rares Texans officiant dans la musique électronique. Sauf que dès l’enfance, Matthew Dear s’installe dans le Michigan pour y prendre en pleine face la marée montante de la techno de Detroit. De quoi se laisser porter par cette vague qui déferle sur une écume de synthés zarbis et de basses tout en rondeurs.
DJ Mehdi Lucky Boy (2006) Mort tragiquement en 2011, l’Asniérois est l’une des figures les plus attachantes, talentueuses et regrettées de la scène hexagonale. Il aura su tout au long de sa trop courte carrière ne jamais renoncer à ses deux passions : le hip-hop et l’electro qu’il se sera toujours appliqué à (ré)concilier ensemble. Ainsi de ce sautillant Lucky Boy qu’il déclinera au féminin avec Lucky Girl soutenu par Fafi.
https://www.youtube.com/watch?v=RiMkCZezo3s
Nightmares on Wax Les Nuits (2005) Le DJ de Leeds est sans nul doute le plus beau représentant du volet planant de l’avant-gardiste label Warp Records. Avec ses montées de cordes reptiliennes, ses oripeaux moelleux et son rythme chaloupé, Les Nuits rappelle irrésistiblement un des compagnons de route de Massive Attack, Craig Armstrong et son tout aussi spatial Weather Storm semblant avoir été façonné dans le même moule et dont il créera une version piano pour le gang de Bristol.
https://www.youtube.com/watch?v=NLsmZH0VlTI
Burial Spaceape (2006) Parmi les électroniciens réputés jaloux de leur anonymat, Burial est sans nulle hésitation le plus célèbres d’entre tous, au point d’une rumeur persistante mais, comme nombre de rumeurs persistantes, fausse l’avait identifié à Four Tet. Principal ambassadeur du dubstep, il ralentit le downtempo et le nappe sur un talkover monocorde pour en accentuer l’effet hypnotique, voire amniotique.
Kode9 Samurai (2006) Collaborateur régulier de The Spaceape, le Britannique a révélé avoir découvert la jungle en Ecosse, contrée plus connue pour ses landes embrumées. Mais c’est bel et bien dans une ambiance cotonneuse et pleine de fumerolles opaques qu’il développe ses atmosphères dubstep minimales pour mieux faire monter la sauce de son Samurai délicieusement cuivré pour un effet cinématique bienvenu.
https://www.youtube.com/watch?v=FO566BKY2Jc
Oxia Domino (2006) Grenoble, terre fertile de la techno française (remember Miss Kittin) voit émerger en 2006 ce titre imparable et dont l’effet en effet domino va envahir les dancefloors mondiaux. Domino est l’œuvre d’un des plus discrets activistes de la scène hexagonale, actif depuis 1991 et lui permet de sortir de l’underground grâce, notamment, à l’appui de son ami Agoria (Les Violons ivres, ce genre de choses…) comme lui membre du gratin dauphinois (remember le premier ep de Miss Kittin).
Chapelier Fou Les Métamorphoses du vide (2010) Par association d’idées ou par capillarité, Les Violons ivres d’Agoria nous emmènent quatre années plus tard jusqu’en Lorraine où le Messin Chapelier Fou s’est signalé comme un des meilleurs bidouilleurs de violons électroniqués sous des flots atmosphériques aux rebonds presque aquatiques. Des métamorphoses du vide ? Certes mais faites de pleins et déliés car, c’est bien connu, la nature a horreur du vide.
Shackleton Blood on My Hands (2006) Fondateur de Skull Records, Shackleton sait y faire pour composer des morceaux qui s’installent dans nos crânes puis refusent d’en sortir. Ce Blood on My Hands n’a pour rien de sanguinaire : sous des rythmiques étiques (impossible de faire plus minimal à part en provenant de la scène de Cologne), des nappes peu frénétiques accompagnent des murmures insidieux et propices la relaxation totale.
Justice Waters of Nazareth (2007) Bon… Il est temps de remettre en route les machines à danser arpès ces temps de repos mid-tempo. On aurait pu choisir la facilité et le mégatube D.A.N.C.E. convoquant les mânes du King of Pop mais ce D.A.N.C.E. disco tend souvent à faire oublier que le duo Justice c’est avant tout de la techno qui tache et qui déboule à toute blinde comme sur ce Waters of Nazareth ou ce Stress au parfum de miniscandale quand fut découvert le clip de Romain Gavras.
https://www.youtube.com/watch?v=Hj2RIL4lgK4
Flying Lotus Parisian Goldfish (2008) On retrouve ce même principe d’attaque en règle chez le génial Californien Flying Lotus dont ce poisson rouge parisien doit compter parmi les plus agités du bocal. Et puisque la perche nous est tendue, c’est aussi l’occasion de rappeler que vient de sortir, du même cette année, le très réussi Flamagra avec des feats de ouf comme celui d’Anderson .Paak sur ce More.
Modeselektor feat Puppetmastaz The Dark Side of the Sun (2007) Si More de Flying Lotus n’a que peu de rapport avec un album des Pink Floyd, il semble en être de même pour ce Dark Side of the Sun qui unit les forces des polyvalents Berlinois Modeselektor (capable d’osciller entre pure techno, IDM et hip-hop) et celles de leurs compatriotes de Puppetmastaz, collectif de marionnetistes-rappeurs, pour un morceau lourd comme le plomb qui sert à fondre les morceaux de Cypress Hill.
Motor City Drum Ensemble Stuttgart Nights (2009) Méfions-nous des faux amis. Primo, le Motor City Drum Ensemble est un homme seul : Danilo Plesslow. Deuxio, il ne vient pas de Detroit comme semble l’indiquer la Motor City qui précède son Drum Ensemble. Tertio, Danilo Plesslow n’est pas un faux ami puisque la ville dont il est originaire et dont il célèbre les nuits, Stuttgart, est considérée comme le berceau de l’automobile, où naquirent Mercedes-Benz, Porsche et la Coccinelle et que ses Stuttgart Nights sont toutes entières imprégnées du son de l’autre Motor City.
https://www.youtube.com/watch?v=rqh4UE4fIJ0
Nina Kravitz I’m Gonna Get You (2010) Certes, Nina Kravitz est d’origine sibérienne mais, comme pour le Motor City Drum Ensemble, il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Car c’est dans la chaleur des clubs qu’elle se construit un univers propre et qu’elle exportera dans tous les festivals du monde pour faire du clubbing en plein air sa marque de fabrique. Autant de raisons de s’extasier ad libitum sur sa house (“datcha” en russe) magnétique.
Chloe One in Another (2010) Erotique, syncrétique et synthétique, ce “l’un dans l’autre” de l’une des plus grandes électronciiennes du monde, tous genres confondus, sera la parfaite BO de vos préliminaires et de leur suite tant il est construit en montée vers l’extase dont tout.e un. chacun.e pourra jouir à l’envi. La bande-son idéale d’une soirée au lit (ou ailleurs) à deux (voire plus si affinités).
https://www.youtube.com/watch?v=cbSH0R0Nhks
Pantha du Prince Bohemian Forest (2010)
Sous l’énigmatique alias Pantha du Prince se cache l’un des plus efficaces tenants de la techno minimale qui se danse. Après un premier album confidentiel, Diamond Daze, qui lui permet néanmoins de voir son nom murmurer par certaines lèvres averties, Hendrik Weber se révèle avec bonheur sur This Bliss (2007), avant de se voir béatifié en 2010 grâce à Black Noise enregistré en prise directe avec la nature environnante dont ce Bohemian Forest se fait l’écho.
https://www.youtube.com/watch?v=Zj9Sv1JpmPs
LCD Soundsystem Dance Yrself Clean (2010) Certains puristes risquent de froncer le nez en voyant apparaître le soundsystem de James Murphy qui dès le premier morceau de son premier album fait allégeance avec Daft Punk Is Playing at My House ou deux versions d’un même Yeah, soit un pretentious très superstitious soit un crass plus punk. Le collectif confirme avec Sound of Silver (2007), avant d’enfoncer le clou avec This Happening (2010), qui s’ouvre avec ce Dance Yrself Clean. Un morceau qui s’offre le luxe de nous faire poireauter trois minutes avant d’exploser et nous avec, de joie il va de soi.
Gus Gus Deep Inside (2011) Les allumés Islandais de Gus Gus viennent de Reykjavik mais aussi de Rainer Werner Fassbinder dont leur nom est inspiré. Hédoniste et toute en montées à tomber, leur house creuse au plus profond (“deep inside”) de nos cortex ébahis pour nous faire nous mouvoir de la tête et des jambes sans jamais nous lasser. Chaudement recommandé passées les deux heures du matin…
https://www.youtube.com/watch?v=2e21NOp69hM
Patchanga Boys Time (2011) L’association de Rebolledo et Superpitcher se propose de faire souffler un vent hippie (hippie hourrah) sur la musique électronique tout en laissant du temps au temps. Time, c’est ainsi près d’un quart d’heure de bonheur ultime que d’aucuns jugeront interminable quand d’autres souhaiteront qu’il ne s’arrête jamais/ Au temps pour nous plutôt qu’en emporte le vent.
https://www.youtube.com/watch?v=DgKxZu8N9dQ&t=5s
Matthew Herbert September (2011) Pour la bio de Matthew Herbert, remonter jusqu’à celle de Burial. En effet, le Britannique souhaite comme son compatriote dubstepper qu’on en sache le moins possible sur lui et que l’on se contente de sa musique. “Se contenter” reste audacieux à l’écoute de ce September somme toute assez flippant avec ses cris, crissements et grognements dont on préfère ne pas savoir d’où ils sont issus.
https://www.youtube.com/watch?v=TjVlL5Uq_TY
VGMG Single Blip (2012) Frémissements de plaisir pour les nostalgiques du premier Depech Mode quand, en 2012, Vince Clarke et Martin Gore annoncent qu’ils vont reprendre une collaboration interrompue plus de trente ans auparavant. En résultera un album à ce jour resté unique, Ssss, à la fois techno et minimal. A quelques encablures de l’univers DM, efficace et agréablement balancé, parfois anecdotique mais recelant de jolies surprises, comme ce Single Blip conçu pour les heures tardives des clubs.
https://www.youtube.com/watch?v=eS0CO-yPmO4
Daniel Avery Drone Logic (2013) L’Anglais fait depuis des années partie des piliers de tout festival electro qui se respecte (ou se concrete). Rien que de bien logique (comme son drone ici mis en avant) tant sa techno aussi subtile qu’efficace rend grâce aux pionniers tout en ayant souvent un temps d’avance. Fermez les yeux, levez les bras pour ne plus jamais avoir à les baisser et laissez-vous porter : vous êtes entre de bonnes mains…
Ben Klock Gloaming (2013) DJ résident du mythique Berghain de Berlin, Ben Klock s’emploie souvent à suspendre le temps, voire les tempos. Passé maître dans le less is more comme nombre de ses compatriotes d’après la chute du mur, il fait de ce crépuscule une ode aux matins blêmes qui ouvrent de belles perspectives à la suite de l’after qui précède le before.
https://www.youtube.com/watch?v=6p6PcFFUm5I
James Blake Retrograde (2013) De l’autre côté de la mer du Nord, c’est une autre paire de Manche à laquelle joue James Blake. Il assume le côté Retrograde sur un no-tempo que sublime sa voix qui, quoiqu’on fasse et quoiqu’il dise, évoque de manière irrestistible celle d’Aaron Neville. Alors, à quoi bon résister ?
Omar S Thank U 4 Letting Be Myself (2013) Attention aux pièges ! Ce Thank U 4 Letting Be Myself n’a rien à voir (et à entendre) avec celui de Sly & The Family Stone même si l’identité de titre est une révérence patente. Et même si la lancinance maîtrisée d’Omar S (from Detroit) assume tout un héritage à la fois black et métissé cher au groupe fondé par Sly Stone.
https://www.youtube.com/watch?v=ibuSxgL83dE
Todd Terje Johnny & Mary (2014) Pas de chausse-trape ni de piège avec le Norvégien Todd Terje, il s’agit bien là d’une cover de l’immarsescible Johnny & Mary de Robert Palmer qu’il alentit avec volupté en s’offrant la soie d’une voix luxueuse, celle de Bryan Ferry.
https://www.youtube.com/watch?v=wuCK-oiE3rM
Petit Biscuit Sunset Lover (2014) Amateurs et trices de sucreries, soyez les bienvenu.e.s dans l’univers de Petit Biscuit, jeune talent normand de Rouen qui se joue des textures et des voix portées par des ballons d’helium qui ne sont pas sans rappeler les travaux de Jean-Jacques Perrey, évoqué dans la Première Party de cette playlist.
https://www.youtube.com/watch?v=YLyZNE7nEDQ
Helena Hauff Hiemal Quietus (2015) Franchement, méfions-nous des contrefaçons… Avec la Hambourgeoise Helena Hauff, il n’est nul question de tranquillité, ni d’ambiance hivernale. Il n’est que temps de se laisser emporter, hypnotiser et tout le reste sans demander le sien pour regarder haut vers le ciel.
https://www.youtube.com/watch?v=54fea7wuV6s
The Blaze Territory (2017) Au stade où nous en sommes de cette playlist, et si vous êtes resté.e.s, jusqu’ici, inutile de vous raconter la saga des vidéastes-compositeurs de ce Territory dont le clip sur un rooftop (pléonasme ?) les ont porté aux sommets de la hype, à juste titre.
https://www.youtube.com/watch?v=pOCbWX13AZM
Ross from Friends Romeo Romeo (2017) A la base, Ross from Friends, c’était le mec qui jouait le thème du Flic de Beverly Hills sur un Bontempi pourri. Mais, bon, ça, c’était pour la blague. Parce que Ross from Friend, le groupe (ou le mec tout seul, va savoir), est promis à un bel avenir grâce à ce Romeo Romeo sans Juliette Juliette.
https://www.youtube.com/watch?v=Oi9xzoTd0D4
Siriusmo Comic (2017) Actif depuis le tout début du XXIe siècle, le Berlinois Moritz Friedrich, alias Siriusmo, est attaché à l’électricité originelle, c’est-à-dire aux mélodies entraînantes et aux tonalités acides, soit autant de garanties d’une efficacité maximale.
Oneothrix Point Never Black Snow (2018) Venu de Brooklyn, Oneothrix Point Never compte parmi les révélations les plus décisives de ces dernières. Retour au vocoder, ambiances ouatées teintées de crissements et de noirceur : Black Snow nous enveloppe et nous laisse Onehotrix Point rêveurs.
https://www.youtube.com/watch?v=0WKWZ9y-dvU
Arca Reverie (2017) Amplitude onirique toujours avec Arca, artiste non-binaire originaire du Venezuela, qui élargit le champ de l’electro en le teintant d’un chant opératique qui lui vaudra les faveurs, excusez du peu, de Björk, Kanye West ou FKA Wigs ou Frank Ocean qui lui demanderont des productions
https://www.youtube.com/watch?v=6YAm5Gf7TPk
DJ Koze Scratch That (2018) Retour à Hambourg avec DJ Koze qui jette un pont entre la ville portuaire et Bristol tant son mix de voix soul, de clappin’ rhythm’n’blues et de synthés entêtants rappelle le meilleur de Massive Attack et Neelle Hopper. Last but not least, ce Scratch That est porté par le chant de Róisín Murphy qui fit les beaux jours de Moloko avec Sing It Back ou Familiar Feelings.
Irene Dresel Rita (2017) Révélée en 2017 grâce à Rita, ici superbement captée lors de la finale du Prix Ricard SA Live Music, Irène Drésel introduit une flûte enchanteressée sur un rythme obsédant et moelleux. Elle a depuis confirmé avec le magnifique album Hyper Crystal contenant des pépites telle que Victoire. Quant à la flûte, elle confirmera son grand retour dans l’electro l’année suivante avec le Aulos de Vladimir Cauchemar.
Ame The Line (2018) Le supplément d’Ame sur ce titre de 2018, c’est bien entendu le featuring de l’historique Matthew Herbert qui de ce fait l’adoube et lui permet d’entrer dans la cour des grand.e.s du genre. The Line entête et enchante par son obsédante minutie mais aussi grâce à un clip à la sensualité troublante.
https://www.youtube.com/watch?v=q1XwHrGV9TA
Prins Thomas Feel the Love (2019) His name is Prins and he’s sexy : Prins Thomas, proche collaborateur de Lindstrom et tout aussi norvégien que lui, propose ce ressentir l’amour avec funkytude et cool attitude. Parfait pour rester lové en bonne compagnie.
https://www.youtube.com/watch?v=cU3i_a839B4
Four Tet Only Human (2019) Kieran Hebden, un temps soupçonné à tort de secacher derrière Burial, est Four Tet depuis la fin des années 1990. Forte tête pensante d’une electro dansante, intelligente et tranchante, il démontre avec cet Only Human que vingt ans après ses débuts, il est bien loin d’avoir perdu la main.
https://www.youtube.com/watch?v=Rg9yZsp8CCM
Matias Aguayo Pikin (2019) Autre valeureux vétéran, le Chilien Matias Aguyo a récemment posté ce Pikin, single avant-coureur d’un nouvel album très attendu. Fidèle à ses structures complexes et à ses gimmicks qui touchent à tout coup leur cible, il s’assure un bel avenir grâce à une belle carrière derrière lui.
Sélection par Walter Scassolini et Laurent Malet
Retrouvez le hors-série Electro des Inrocks en kiosque, en ligne ici ou à la Philharmonie de Paris dans le cadre de l’exposition Electro – De Kraftwerk à Daft Punk, jusqu’au 11 août. Pour ceux qui avait raté la Première Party de la playlist Electro (1967-1999), c’est ici. Enfin ne manquez pas les trois mix de Laurent Garnier sur le site de la Philharmonie.
{"type":"Banniere-Basse"}